6 Nations : Italie – France, une peur bleue
Se souvenir des Fidji. Dans la brume d’un automne sans saveur, l’équipe de France s’était cru à l’abri d’un couac retentissant, le premier de son histoire face aux joueurs du Pacifique. La veille du match, Guilhem Guirado avait entonné le « je suis très content de l'état d'esprit de l'équipe » qui équivaut au fameux « le groupe vit bien » des footballeurs. Un élément de langage bien pratique pour éviter d‘étaler les maux d’un vestiaire au grand jour. Malgré les critiques qui s’abattent sur eux depuis les déroutes en Angleterre et en Irlande, les Bleus évitent de broyer du noir. C’est à se demander si dans l’intimité du XV de France on n’essaye pas de se persuader que tout va bien, quitte à ne plus regarder la vérité en face.
En finir avec la méthode coué
Car désormais c’est impossible de se cacher derrière un Top 14 inadapté, un calendrier surchargé ou des moyens étriqués dans un sport qui a pris la voie de la professionnalisation il y a plusieurs années. Oui le rugby français et sa vitrine sont malades. Après avoir promis monts et merveilles, la FFR de Bernard Laporte n’a apporté aucune solution à la lente agonie de l’ovalie tricolore. Nous voilà tous à espérer une victoire en Italie, qui reste sur 21 défaites de rang et qui finira dernière dans tous les cas. Mais est-ce vraiment souhaitable si on repart sur les mêmes bases pour la Coupe du monde au Japon ? La question doit tarauder l’état-major du rugby qui, en cas de défaite en Italie, aurait alors un bon alibi pour débarquer un staff dépassé, un capitaine et quelques anciens cabossés. En 2011, la défaite en Italie avait mis Jauzion, Thion et Chabal au ban des Bleus alors que le Mondial néo-zélandais se profilait quelques mois plus tard.
Montrer un autre visage, est-ce vraiment possible ?
Dans la position inconfortable du sélectionneur sur un siège éjectable, Jacques Brunel ne sait plus à quel saint se vouer avant d’aller à Rome. « Cela fait 31 ans que j'entraîne, je ne me suis jamais posé la question de savoir si dans trois ou six mois je ne serais plus là, ou si on me demandera de passer la main, explique-t-il. Les faits montrent qu'on est actuellement en dessous des autres nations, on se retrouve avec l'Ecosse et l'Italie dans le deuxième wagon. A nous de montrer sur ce dernier match que le visage montré contre l'Angleterre et l'Irlande n'était pas le vrai de l'équipe de France », ajoute Brunel qui persiste à croire que ses Bleus valent mieux qu’une 5e place du Tournoi. Avec onze défaites sur les quinze derniers matches, la France de Brunel ne recollera surement pas les morceaux avec une simple victoire en Italie. Quant au bilan, il a été renvoyé à …la semaine prochaine.
Du sang neuf mais une charnière stable
Avant la nécessaire remise en question, il reste encore 80 minutes que le XV de France abordera avec six nouveaux joueurs par rapport à la déroute irlandaise. Deux changements sont dictés par les blessures de Poirot et Wenceslas Lauret, remplacés respectivement par Etienne Falgoux et Grégory Alldritt, les quatre autres sont purement sportifs. Un choix qui n’est pas sans risque pour une équipe en manque de certitudes et d'automatismes? "Oui on peut dire ça", a admis le sélectionneur, mettant en avant sa volonté "d'apporter un peu de sang frais" avec seulement six jours entre les deux rencontres. Exit donc Sébastien Vahaamahina, Arthur Iturria, Gaël Fickou et Thomas Ramos, place aux revenants Paul Willemse, Yacouba Camara, Wesley Fofana et Maxime Médard. La charnière formée d'Antoine Dupont et Romain Ntamack, à qui il a été demandé de buter, reste elle en place. "On ne peut pas valoriser une charnière un week-end et le week-end d'après, parce qu'elle a connu un peu de difficultés, dire qu'il faut la changer", a rétorqué Brunel qui avait pourtant écarté la paire Parra-Lopez après l’Angleterre. De la stabilité oui, sauf dans les résultats…
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