6 Nations : L'imperturbable sérénité française avant l'Ecosse
Sérénité. Ce n'est pas que l'application de la méthode Coué. Semaine après semaine, match après match, cette impression se fait plus grande autour de l'équipe de France. Les résultats en sont l'un des facteurs majeurs. C'est loin d'être le seul. Après avoir mangé son pain noir pendant quelques années, elle aspire à la tranquillité, et s'en donne les moyens.
Arrivés en Ecosse un peu plus de 24h avant le match, les Français ont pris leurs marques à Murrayfield ce samedi. Aucune précipitation, le tempo est connu, assumé, géré. "On voulait une maîtrise de nos semaines de préparation, avec une montée en puissance jusqu'au match", justifiait la veille Raphaël Ibañez, lors de l'annonce de la composition d'équipe. "Notre arrivée n'est ni trop tôt, ni trop tard, puisque, jusqu'à preuve du contraire, cela nous réussit. On fait tout pour que les joueurs se sentent bien."
La maîtrise du temps, des émotions
Annoncer une équipe un vendredi ne faisait pas partie des habitudes du XV de France. Mais si le staff se permet cela, c'est qu'il joue sa partition, sans jouer à cache-cache avec la presse. Les titulaires sont généralement clairement visibles lors des entraînements ouverts, ce qui leur permet de travailler tout au long de la semaine. Cela n'a pas toujours été le cas. Souvenez-vous de Jacques Brunel, furax contre une partie des médias coupables d'avoir divulgué la composition de son XV avant l'heure, et qui avait débuté un point presse ainsi : "Certains utilisent des moyens qui ne les honorent pas. (...) Ca fait 30 ans que j'ai des rapports avec les médias. Et malheureusement, ce qui garantissait l'éthique et la profondeur du jugement nous ont quittés récemment".
Comme le dit régulièrement Fabien Galthié, "le passé, c'est le passé". Et le présent, ce sont des mots mis sur de possibles maux, sans crainte. Lorsque le sélectionneur évoque le côté latin du Français pour se méfier d'une trop grande confiance avant de jouer l'Ecosse, il trouve écho dans la bouche de son capitaine, Charles Ollivon : "On sait que par le passé, il s'est passé certaines choses. Notre histoire, on se la créée. On est conscient de la tâche qui nous attend, mais aussi de nos forces. On se trouve un peu dans la même situation qu'après l'Angleterre. Après une victoire, on peut potentiellement se relâcher, mais je crois que la défaite du mois d'août suffit à nous rappeler qu'on va jouer dans un contexte compliqué", affirmait ce samedi le 3e ligne.
On ne parle pas tant que ça du Grand Chelem
Interrogé sur le Grand Chelem, il lâche : "On ne parle pas tant que ça de Grand Chelem. On l'a évoqué en début de semaine, entre nous, mais au fur et à mesure on l'a évacué." Le tout est dit sans énervement, sans donner l'impression d'être lassé par ces interrogations qui reviennent de plus en plus régulièrement.
Oui, quelque chose a changé dans cette équipe de France. Si dans le passé, certains ont tenté de donner le change devant les micros, le terrain révélait une réalité toute autre, faite souvent de fébrilité. Avec ces Bleus-là, le terrain ne dément pas les paroles. On peut donc faire confiance au Toulonnais lorsqu'il assure : "Il y a une très belle équipe d'Ecosse. Ça ne fait que renforcer notre impression que c'est une formation très complète, très compétitive, qui aurait pu ou dû l'emporter en Irlande, contre l'Angleterre. Dire, ça veut dire beaucoup de choses." Et ce revers du mois d'août dernier sur ce terrain, dans un passé pas si lointain, fait resurgir des souvenirs : "Ils n'avaient rien lâché alors qu'on menait 14-0. On a pris une leçon. A nous de bien la retenir. On sait ce qui nous attend, on se rend compte que cela va être une grosse bataille."
Respect, ambition et confiance, trois clés de la préparation française
Même la pluie de louanges qui s'abat sur leurs épaules ne fait pas tressaillir Ollivon, qui ne boude pas pour autant sa satisfaction : "Ça nous fait plaisir. On prend. Mais on essaye de rester froid par rapport à ça. On ne peut pas se permettre de s'emballer. On est acteurs, on contrôle les choses. Chaque joueur a ses responsabilités. On prend une partie de tout ça pour que ça nous serve de manière positive."
Car au bout du compte, la finalité est simple, encore une fois décrite par ce capitaine modèle : "On veut former un bloc qui puisse passer au travers de chaque péripétie, de chaque situation. On a joué trois matches, on va en jouer d'autres ensemble. Il faut aborder les conditions dans lesquelles on va jouer, mais sans tout chambouler. On doit continuer à appliquer ce qu'on fait, pour être imperméable à ce qui se passe autour." Autrement dit, peu importe l'adversaire, peu importe le lieu, peu importe l'enjeu, le XV de France veut réciter son rugby.
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