6 Nations : Mohamed Haouas, l'histoire d'un retour en ligne droite
Il y a des mains tendues qui ne s'oublient pas. Celle de Hérault Sport, une association qui vient au soutien d'autres pour développer des projets, a été importante pour Mohamed Haouas. C'est cette association qui est venue dans son quartier de la Pergola, au Petit Bard, à Montpellier. La suite a été simple pour un jeune qui faisait du taekwondo mais n'avait jamais joué au rugby à 15 ans: "Un éducateur, qui était aussi entraîneur au MHR (Abdel Khanfar, Ndlr), m’a vu et m’a proposé d’essayer le rugby", raconte-t-il sur le site actu.fr. "Je n’aimais pas trop l’école. Je faisais de l’apprentissage en carrosserie et à chaque fois que je finissais le travail, je venais à l’entraînement directement. Dès la deuxième année, j’ai été sélectionné avec l’équipe du Languedoc. J’ai même fait des tournées avec eux en Afrique du Sud. Après trois ans en carrosserie, j’ai dû arrêter. Mon patron voulait me faire signer un contrat. Mais il y avait le rugby et j’ai préféré m’y consacrer."
L'armée et le rugby pour reprendre une ligne droite
Une autre main s'est ensuite tendue vers lui, celle de l'armée. "L’Association a un partenariat avec l’armée. Et comme la Marine a une équipe de rugby, ils vont dans les clubs pour récupérer des joueurs. J’ai eu un contrat professionnel pour travailler au CIRFA de Montpellier tout en restant à la disposition du club", se souvient-il. Coupe du monde militaire, bonheur des voyages et de la pratique du rugby, le pilier connaît tout, et même plus: "L’armée et le rugby m’ont apporté de la rigueur, un cadre." C'était le salut pour lui. Car avant, il avait eu maille à partir avec la justice. En 2014, il a été incarcéré pendant quatre jours avant d'être placé sous contrôle judiciaire pour plusieurs braquages de bureaux de tabac. En 2018, il envoyait un coup de poing à son coéquipier Bismark Du Plessis à quelques minutes du coup d'envoi d'un match. Les vieux réflexes...
Quelques jours avant sa première cape en Bleu, son contrôle judiciaire suite à l'affaire des braquages avait été levée, comme pour mieux effacer le passé afin de mieux se plonger dans le futur. "Si je n’avais pas eu le rugby, je ne sais pas où je serais aujourd’hui", disait le pilier récemment. Au moment de le sélectionner, Fabien Galthié, le sélectionneur, avait eu ses mots pour lui comme pour son coéquipier Anthony Bouthier, ancien maçon : "Cela prouve qu'en sport, tout est possible. On a des cursus classiques qui sont présents mais ça change d'avoir des joueurs qui émergent avec un parcours différent, plus complexe. On a retenu les joueurs parce qu'ils sont performants, en club et à l'entraînement."
Respect du staff et de Joe Marler
"Le passé, je m'en fous", soulignait William Servat, l'entraîneur des avants du XV de France, avant le match contre l'Angleterre. "Moi, ce qui m'importe, c'est le joueur que j'ai rencontré, la personne que j'ai rencontrée. C'est un mec très respectueux, toujours à l'heure sur tous les rendez-vous. Il est rentré très vite dans le groupe: il est rigolo, les mecs aiment être avec lui et savent que c'est un mec courageux. Il est d'une écoute incroyable, il participe à tout. Après, la performance, on verra."
Et tout le monde a vu. Sur la pelouse du Stade de France, à la droite de la mêlée, il a fait face à un vieux briscard de la 1re ligne, Joe Marler. L'homme est connu pour ne pas être un tendre. Pourtant, Mohamed Haouas a tenu bon. Un peu chahuté par moments, comme tout l'édifice tricolore, il n'a pas fléchi. Sa sortie du terrain a d'ailleurs correspondu à une fin de match mal maîtrisée de la mêlée française. Un signe. Autre signe : à la fin du match, son vis-à-vis anglais des Harlequins est venu dans le vestiaire de l'équipe de France, échangeant une bière et lui confiant son maillot. Lorsque le Montplliérain lui a tendu le sien, Marler a refusé en lui disant: "C'est le maillot de ta première cape. Tu ne dois pas l'échanger, ni le donner à personne." Comme une nouvelle main tendue vers Mohamed Haouas, sur le chemin du plus haut niveau.
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