6 Nations : Pourquoi Teddy Thomas, fragilisé, pourrait être le premier sortant du XV de France
Des prestations en demi-teinte
Dans le concert de louanges qui accompagne le cheminement de l'équipe de France, un homme sort un peu du lot. Teddy Thomas est régulièrement remis en cause dans la presse. Lors des trois premiers matches du Tournoi des 6 Nations 2020, il a peu fait parler de lui, au contraire de son homologue à l'aile, Vincent Rattez, ou de ses compères de la ligne de trois-quarts comme Anthony Bouthier, Virimi Vakatawa, Gaël Fickou ou Arthur Vincent. En fait, le Racingman a connu un très bon match, mais il correspond à la prestation la moins convaincante des Bleus, contre l'Italie (35-22). Au Stade de France, il avait marqué un essai et avait donné le ballon pour un autre (au total, 7 courses pour 11m gagnés). Dimanche, lors de l'entraînement public, il n'avait pas endossé la chasuble des titulaires, contrairement à Gaël Fickou et Damian Penaud, placés aux ailes. Mais cette mise au ban serait-elle justifiée par des faits ?
Face à l'Angleterre, il avait réalisé 3 courses pour 24m gagnés ballon en main, 2 défenseurs battus, alors qu'en défense, il avait plaqué une fois mais avait raté 2 plaquages. Offensivement, hormis Rattez (6 courses, 62m gagnés, 5 défenseurs battus), il était parfaitement dans la norme de ses coéquipiers : Bouthier (7 courses pour 19m), Vakatawa (3 courses pour 4m), Fickou (6 courses pour 18m gagnés). En revanche, défensivement, il a fait pâle figure, comparés aux 5 plaquages de l'arrière Bouthier (1 raté), aux 3 de son homologue à l'aile Rattez (2 ratés), aux 9 de Vakatawa (1 raté) et aux 18 de Fickou (1 raté).
Au sein d'une formation où la défense a pris une dimension majeure dans ses succès, cette faiblesse devient visible. Très visible même, comme à Cardiff, avec 2 plaquages réalisés et 2 manqués, sans oublier une perte de balle pour un gain offensif assez modeste (3 courses, 25m gagnés). Même s'il était bien présent sous la chandelle de Romain Ntamack pour le premier essai de Bouthier, il n'a pas été à son aise. Là-aussi, la comparaison s'impose avec ses coéquipiers des lignes arrières : Bouthier (15 courses, 122m gagnés, 2 pertes de balle, 2 plaquages réalisés, 1 manqué), Vakatawa (6 courses, 37m gagnés, 1 perte de balle, 11 plaquages et 4 manqués), Vincent (4 courses, 16m, 16 plaquages réalisés et 3 manqués), sans oublier Fickou, déplacé à l'aile (6 courses, 25m gagnés, 3 plaquages réalisés, 3 ratés, 3 pertes de balle).
D'ailleurs, il a fait l'objet d'un "coaching" en étant sorti à la 66e minute pour être remplacé par Matthieu Jalibert, ouvreur ou arrière, pour déplacer le centre Vincent à l'aile. A la sortie du terrain, le Racingman avait réfuté la thèse de la sanction : "Je ne le prends pas comme ça. Si les entraîneurs m'ont sorti, c'est qu'ils ont estimé qu'il le fallait." Fabien Galthié avait ensuite expliqué que ce choix était tactique, avec la volonté d'avoir un 5/8e (un deuxième ouvreur au centre).
Des rivaux indétrônables
Depuis sa première titularisation en équipe de France face aux Anglais, Anthony Bouthier a pris une autre dimension à l'arrière. Au centre, Arthur Vincent, titularisé lors des deux derniers matches avec, successivement, Gaël Fickou et Virimi Vakatawa, a également livré des prestations solides. Difficile de le sortir de l'équipe, tout comme Vakatawa. Quant à Gaël Fickou, décalé à l'aile à Cardiff pour mieux laisser sa place au centre au duo Vincent - Vakatawa, son statut de capitaine de la défense en fait un joueur indétrônable. Voilà donc pour les autres titulaires de la ligne de trois-quarts.
Il reste donc une place à l'aile. Damian Penaud, qui avait déclaré forfait à la veille du match contre l'Angleterre et n'a toujours pas joué le moindre match, semble remis de sa blessure au mollet. Le Clermontois, véritable cadre du groupe depuis la dernière Coupe du monde, pourrait donc être relancé, puisque Vincent Rattez est blessé pour le reste de la compétition. A 23 ans, le fils d'Alain Penaud est fort de cinq essais en 16 sélections (dont 14 comme titulaire).
Sur le papier, les onze essais en 19 capes de Teddy Thomas sont largement à la hauteur. Mais dans un collectif où la forme du moment est privilégiée, ses dernières sorties ne plaident pas forcément en sa faveur.
S'il était mis sur le banc, ce serait une première dans sa carrière internationale. Un coup du destin pour ce déplacement à Edimbourg, là-même où en 2018, avec d'autres coéquipiers, il avait fini au poste de police pour une affaire de sortie nocturne pas maîtrisée, ce qui lui avait valu - ainsi qu'à d'autres - une mise à l'écart de l'équipe de France pour le reste du Tournoi...
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