6 Nations : Willemse, le tracteur devenu bulldozer
Paul Willemse a su perdre pour gagner. Il y a un an, pour ses premiers pas dans le Tournoi, c'est un deuxième ligne certes surpuissant mais terriblement emprunté et peu mobile qui fait ses débuts en bleu. Il pèse à ce moment-là 135 kilos. C'est certainement trop pour espérer rivaliser avec les meilleurs du monde à ce poste. Son expérience au sein du XV de France le confirme puisqu'après un premier match où le bulldozer annoncé ressemble plus à un tracteur embourbé, il est rappelé sur le banc. Blessé juste avant la Coupe du monde, il n'a pas l'occasion de montrer ses progrès. Pourtant, la chenille a déjà commencé sa chrysalide.
Il a retrouvé la ligne... et la 2e ligne
Épaulé et conseillé par Bernard Le Roux, lui aussi d'origine sud-africaine, Willemse a réalisé qu'il devait s’alléger. La balance a parlé. Les performances sur le terrain ne tarderont pas à faire écho. Délesté de 15 kilos, le natif de Pretoria est métamorphosé sur le pré. "Avant je n’étais pas capable de faire ce que je fais maintenant. Je me sens très bien. Encore fort et très mobile". Et de marquer une pause avant d'ajouter dans un éclat de rire : "Bon, pas très mobile, mais plus mobile ! "
Suffisamment mobile en tout cas pour faire mal aux Gallois ce samedi à Cardiff. Il y a bien sûr la partie émergée de l'iceberg avec cette action où il se détache parfaitement de son pack pour venir inscrire le deuxième essai tricolore. Mais derrière l'éclat, il y aussi tout ce travail de l'ombre et ces 17 plaquages réussis (aucun raté) qui le place juste derrière Cros (18) dans le classement des machines à découper du Gallois. Les 15 kilos perdus sont passés par là. Sinon, comment expliquer aussi ces 10 courses, un total énorme pour un deuxième ligne ? (A titre de comparaison, l'arrière Bouthier en a réalisé 12)
Face à lui, Alun Wyn Jones a paru faire son âge. C'est rare. Et c'est dire la dimension atteinte par Willemse, dont l'association avec Le Roux semble verrouiller la 2e ligne tricolore pour les prochaines années. Une douce revanche pour ces deux Springboks. "On n’aime pas beaucoup qu’on pense que nous sommes des Sud-Africains qui jouent en équipe de France. On est des deuxième-ligne français et c’est ça qui nous rend fier. On est ici depuis longtemps. Bernard est arrivé à 19 ans, moi à 21", rappelle Willemse, désormais âgé de 27 ans.
Ancien champion du monde des moins de 20 ans avec l'Afrique du Sud en 2012, Willemse est arrivé en France en 2014, d'abord à Grenoble avant de rejoindre Montpellier, club pour lequel il joue encore aujourd'hui. Rapidement candidat en bleu, il devra néanmoins patienter jusqu'en 2018, année durant laquelle Bernard Laporte, le président de la FFR, accepte que les joueurs naturalisés puissent être sélectionnés en équipe de France. La suite, désormais, on la connait. Il n'y a pas encore de point mais une chose semble sûre, il n'y aura plus d'embonpoint.
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