Ecosse-France : réalisme, pression étouffante, imprécisions au pied et dans les placages... Ce que l'on a aimé et moins aimé dans la victoire des Bleus
Le XV de France a enchaîné une troisième victoire de rang dans le Tournoi, samedi, en s'imposant en Ecosse (36-17). Il laisse encore une fois une sensation de puissance impressionnante.
La meilleure défense du Tournoi 2022, celle de l'Ecosse, a brûlé comme un feu de paille. Il n'y avait rien à faire contre les pyromanes bleus, samedi 26 février, à Edimbourg. Certes, ces derniers se sont pris quelques retours de flamme en fin de première période mais, globalement, ils ont encore allumé des foyers aux quatre coins de Murrayfield. Discipline, cohésion, talent individuel, pragmatisme létal, joie manifeste de jouer ensemble... Ce XV de France fait à la fois plaisir et peur.
On a aimé
Antoine Dupont, le sauveur de l'apathie
Enferré dans une succession de mêlées, et après un coup d'envoi de Ntamack directement en touche et une pénalité ratée par Jaminet, le XV de France, amorphe, n'en menait pas large en ce début de match. Puis, en une action, Antoine Dupont a chassé tous ces fantômes d'Ecosse. Un ballon récupéré dans son camp, et une remontée de terrain exceptionnelle ballon en main où tout y passe (crochets, raffut, ondulations diaboliquesà) pour finalement aboutir à l'essai de Willemse. Une réussite qui porte le sceau du meilleur joueur du monde.
Dans les 22, voilà les Bleus
Longtemps considérée comme un point faible, la capacité à concrétiser les temps forts est en train de devenir une spécialité des Tricolores. Dès qu'il rentre dans les 22 adverses, le XV de France apporte un vent de terreur. En première période, les hommes de Galthié ont ainsi eu cinq véritables opportunités de marquer, et ont inscrit trois essais. Idem lors des 40 dernières minutes. Ce réalisme, déjà entrevu depuis le début du tournoi, a toujours été la marque des plus grandes équipes ces dernières années (Nouvelle-Zélande, Angleterre, Afrique du Sud) et laisse augurer de grands espoirs à court et moyen termes.
Qui plus est, la France sait aussi marquer aux moments-clés. Largement brinqueballée par l'Ecosse en fin de première période, elle s'est redonné de l'air juste avant la pause par Fickou, certes contre le cours du jeu. Reste que les bons élèves tricolores assimilent de mieux en mieux la gestion temps forts-temps faibles.
La caisse est pleine
Alors que les retours de vestiaire constituaient l'un des rares talons d'Achille des Bleus lors de leurs dernières sorties, les Français ont tordu le cou à cette réputation naissante. Cette fois, ils sont montés crescendo tout au cours de la partie pour finir par décortiquer complètement un XV du Chardon soudainement inoffensif, si ce n'est sur l'essai anecdotique de Van der Merwe en fin de match. Dépassés physiquement dans tous les domaines par des Tricolores étincelants de santé, ils ont terminé rincés. Fabien Galthié possède un cru exceptionnel en matière de talent pur, mais la caisse pour bonifier le potentiel est des plus solides.
On n'a pas aimé
Les trous d'air en défense
On ne sait pas si c'est l'influence des châteaux venteux en Ecosse, mais la défense des Bleus a parfois laissé des courants d'air inquiétants dans ses couloirs. Les portes ont claqué et, même si elles n'ont pas cédé, on avait perdu l'habitude de ces plaquages manqués, de ces duels perdus, de ces mauvais placements et de ces alignements qui coulissent mal. L'édifice ne menace pas de tomber en ruines, loin de là, mais il faudra remettre de l'huile dans les rouages.
Jaminet, le jour sans
Depuis le temps que l'on dit que le XV de France s'est enfin trouvé un buteur fiable, il fallait bien que ce dernier passe quelque peu au travers un jour. Melvyn Jaminet, pourtant auteur d'un impressionnant 88% de réussite au pied depuis qu'il porte le maillot bleu, n'a pas réussi à régler la mire face à l'Ecosse (trois sur sept). Peut-être gêné par les rafales de vent qui sillonnaient Murrayfield, l'arrière des Bleus a souvent semblé chercher la bonne trajectoire. Il faudra rectifier le tir contre le pays de Galles, le 11 mars.
Hogg rate le coche
Cela fait presque mal au cœur. Voir Stuart Hogg, l'un des plus grands joueurs de l'histoire du XV du Chardon, laisser échapper une balle d'essai comme un débutant ou presque... L'arrière mythique a de plus très mal choisi son moment pour savonner le cuir qui devait l'envoyer derrière la ligne. S'il avait marqué sur cette action juste avant la pause, l'Ecosse serait passée devant au score et le match aurait sans doute été différent...
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