Six nations 2024 : Elisa Riffonneau, la plus anglaise des Bleues
Pour elle, le Crunch va sans doute avoir une saveur particulière. La talonneuse du XV de France Elisa Riffonneau est la seule joueuse tricolore à évoluer en Angleterre, aux Ealing Traiflinders, dans la banlieue de Londres. Samedi 27 avril, elle va retrouver des joueuses qu’elle connaît bien dans la finale de ce Tournoi des six nations, à Bordeaux.
Après cinq saisons au Stade rennais rugby, Elisa Riffonneau a saisi il y a quelques mois une opportunité pour traverser la Manche à l’occasion de sa troisième année d’études à Sciences Po Rennes, qui doit s’effectuer à l’étranger. "On a essayé de réfléchir pour voir comment je pouvais adapter cette année. Finalement je me suis dit, pourquoi pas partir en Angleterre, si je suis rappelée avec l’équipe de France ce n’est qu’une heure en avion, et c’était aussi une opportunité pour moi de me confronter aux Anglaises au quotidien", explique-t-elle.
Une opportunité universitaire
Direction l’université de Brunel, dans la grande banlieue ouest de Londres, où est basée l’académie du club des Ealing Trailfinders, qui connaît sa première saison professionnelle dans le championnat. Depuis l’automne, la joueuse de 20 ans a disputé 12 matchs et 505 minutes avec son club, actuel sixième de Premiership (sur neuf). Une expérience qui l’a fait grandir, notamment en termes d’adaptation. "C’est une autre langue, une autre culture [...] Au début je ne comprenais pas toutes les consignes, je ne comprenais pas forcément tout le projet de jeu, c’est venu de fil en aiguille", se souvient-elle.
"J’ai réussi à me dire que ce n’est que du rugby, on s’en fiche de parler la même langue, tant que je me fais comprendre, je suis dans l’espace, tu me fais la passe, et ça fonctionne."
Elisa Riffonneau, talonneuse du XV de Franceà franceinfo: sports
De l’autre côté de la Manche, Elisa Riffonneau évolue dans un championnat "précurseur", notamment sur le plan de la professionnalisation. "Toutes les joueuses sont sous contrat, même si près des trois quarts ne vivent pas que de ça, mais le contrat professionnel est là [...] Ce contrat te permet de t'engager vis-à-vis du club, que le club s’engage vis-à-vis de toi, et on le sent dans tout le groupe", assure-t-elle. Elle côtoie également des internationales, comme la redoutable ailière anglaise Abby Dow, deuxième meilleure marqueuse de ce Tournoi (5).
Elle peut donc se frotter au jeu à l’anglaise. Le XV de la Rose reste la grande adversaire des Bleues et la référence de forme et de progression tous les ans au Tournoi des six nations. "C’est un peu différent du jeu à la française, dans la mesure où elles aiment bien les phases de combat [...] Je le vois très bien en championnat, dès que tu fais une faute, elles vont aller en touche et elles vont faire un maul", décrypte-t-elle. Il y a deux ans, les Bleues avaient été battues par les Red Roses lors de la dernière journée du Tournoi en concédant trois essais similaires sur ballons portés.
Le Grand Chelem en ligne de mire
Elisa Riffonneau, qui vit son deuxième Tournoi, n'était pas encore présente. Dans le groupe lors de trois des quatre premiers matchs cette année (elle a juste manqué le déplacement en Ecosse), elle prendra une nouvelle fois place sur le banc samedi pour le Crunch tant attendu, un peu plus d’un an après sa première sélection sous le maillot bleu, lors de l’édition 2023 en Irlande.
En un an, de Rennes à l’Angleterre en passant par la Nouvelle-Zélande et le WXV, la talonneuse a fait sa place dans le collectif. "Je me sens de mieux en mieux en termes de légitimité, on va dire. Forcément quand tu arrives dans un groupe, il y a le temps d’adaptation, de prendre ses marques, et après l'idée c'est de devenir de plus en plus actrice du projet", affirme-t-elle. En Angleterre, elle est notamment suivie par le staff du XV de France, qui l’a "toujours accompagnée", "suivie par GPS", qui a "regardé les matchs".
Avant d'aborder cette finale, elle estime que le groupe tricolore a pris confiance en ses capacités. "Je trouve qu’on a franchi un cap, et ça se ressent sur le terrain, on est plus libérées, on se corrige entre nous [...] On sent qu’il y a de la compétition saine entre nous, et ça nous permet de viser l’objectif commun d’aller chercher ce Grand Chelem". Et de jouer un mauvais tour aux joueuses qu'elle croise au quotidien en Angleterre.
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