Six nations 2024 : France-Italie, le dernier match de Joy Neville pionnière de l’arbitrage au féminin

À 40 ans, l’Irlandaise va arbitrer le duel entre les Bleues et les Transalpines dimanche, son dernier match de rugby, avant d’occuper un nouveau rôle chez World Rugby.
Article rédigé par Maÿlice Lavorel
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
Joy Neville lors du match du Tournoi des six nations féminin entre l'Ecosse et l'Angleterre à Edimbourg, le 26 mars 2022. (SIPA)

Sur la pelouse du stade Jean-Bouin, c’est une figure majeure du rugby féminin qui va tirer sa révérence. Lors de la dernière affiche de la troisième journée du Tournoi des six nations, entre la France et l’Italie, dimanche 14 avril, Joy Neville va arbitrer son ultime match, après une carrière longue de plus de dix ans au sifflet.

Si l’arbitrage au féminin dans le rugby avait un nom, ce serait sans doute le sien. Au cours de sa carrière, Joy Neville a en effet marqué l’histoire de son sport, en signant de nombreuses premières historiques, dans lesquelles on peut piocher presque à volonté. En 2016, elle devient la première femme présente dans le trio arbitral d’un match européen masculin, en Challenge Cup. Un peu plus d’un an plus tard, c’est elle qui se trouve au sifflet pour le match de poules UBB-Enisei, ce qu’aucune arbitre n’avait fait avant elle. Suivent un premier rôle de TMO (arbitre vidéo) dans une compétition masculine internationale, à l'Autumn Cup Series 2020, et la consécration il y a quelques mois quand elle a été choisie dans l’équipe des arbitres vidéo pour le Mondial en France.

Une figure respectée et appréciée

"Joy Neville a toujours été une personne que j’ai observée de près, à qui j’ai trouvé un énorme potentiel, qui comprenait et qui sentait le jeu", expose Joël Jutge, responsable des arbitres à World Rugby, qui l’a lancée dans les compétitions masculines alors qu’il était "referee manager" à l’EPCR, la Fédération européenne de rugby. "Elle représente ce que doit être une arbitre professionnelle, dans sa préparation physique et sa préparation des matchs", apprécie Doriane Domenjo, arbitre internationale française qui a plusieurs fois croisé la route de l’Irlandaise.

Joy Neville impressionne notamment par son niveau physique et sa vision d’ancienne joueuse, qui ressort dans sa manière d’arbitrer. "Ça donne une compréhension de jeu, la connexion avec les acteurs et les actrices, elle avait tous ces points forts. On voyait beaucoup d’honnêteté, une volonté d’être équitable", assure Joël Jutge. "C’est une arbitre avec laquelle j’avais beaucoup aimé échanger, qui est facile d’accès", abonde Gaëlle Hermet, qui l’a croisée lors des nombreux matchs féminins arbitrés par l’Irlandaise, entre six Tournois des six nations et deux Coupes du monde.

Une inspiration dans le rugby féminin

L’ancienne joueuse, qui fait partie des premières arbitres professionnelles, a aussi ouvert la voie pour les femmes au sifflet. "Je suis certain qu’elle a été une merveilleuse locomotive pour l'arbitrage féminin, c’est une évidence. [...] Ça a inspiré de voir une fille qui se déplaçait bien, qui courait bien, qui comprenait le jeu", reprend Joël Jutge. "Je pense que pour tout le monde, elle reste la première arbitre connue et révélée au monde. Elle est la pionnière, celle qui a montré que c’était possible", approuve Doriane Domenjo, qui confie avoir vécu un "rêve" en arbitrant pour la première fois à ses côtés en 2017.

Joy Neville a été plus globalement un modèle pour la place des femmes dans le rugby. "Elle a beaucoup partagé son expérience, elle avait la vision de développer l'arbitrage féminin, l'envie que l'arbitrage grandisse au féminin", assure Doriane Domenjo. En 2021, par exemple, elle a mis sa carrière en pause pour donner naissance à son fils Alfie. "Elle a arrêté sa carrière pour devenir maman, elle est revenue encore plus forte pour la Coupe du monde, ça demande beaucoup de courage", reconnaît l'arbitre française.

Dimanche, à l’ouest de Paris, elle sortira pour la dernière fois son sifflet, avant de partir occuper un rôle d’entraîneuse principale des officielles de match à World Rugby. Les Bleues, qui partageront ces 80 minutes sur la pelouse, ont assuré vouloir lui offrir "le meilleur match possible pour lui rendre un bel hommage". Cette "vraie figure" du rugby le mérite bien.

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