Six nations 2024 : la fille d’Agathe Sochat à Marcoussis, une avancée historique pour accompagner les joueuses devenues mères

La joueuse des Bleues Agathe Sochat a pu être accompagnée de sa fille Nina à Marcoussis pendant le Tournoi des six nations, une première.
Article rédigé par Maÿlice Lavorel
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
Agathe Sochat (au centre) à l'échauffement avec ses coéquipières avant le match entre la France et l'Italie, au Tournoi des six nations, le 14 avril 2024. (AFP)

C’est une nouvelle pensionnaire qui a découvert Marcoussis en février. Depuis le début de la préparation pour le Tournoi des six nations, la talonneuse du XV de France Agathe Sochat a pu être accompagnée de sa petite fille, Nina, deux ans, là où les Bleues sont rassemblées pendant la compétition. 

L’expérimentation est venue d’une demande d’Agathe Sochat. "C’est quelque chose que j’ai formulé parce que les stages sont de plus en plus longs. Les Six nations c’est six semaines, le WXV c’est quatre, cinq semaines, la Coupe du monde c’est encore plus, et ça fait de longues périodes pour moi sans la voir", explique la joueuse. 

"On avait vu dans les médias que ça se faisait pour les Anglaises et les Néo-Zélandaises, donc on s’était un peu renseignées", poursuit Safi N’Diaye, ancienne internationale et élue à Provale, le syndicat des joueurs de rugby. "On en a discuté ensemble avec Marjorie Mayans, qui est aussi à Provale, et avec Agathe. On a eu le soutien de Mathieu Giudicelli [le directeur général] et de Robins Tchale Watchou [le président] pour pouvoir mettre ça en place."

Quelques jours sur une longue période

Après des discussions entre joueuses, syndicat et fédération, la compétition test aurait dû être la première édition du WXV, en Nouvelle-Zélande, en novembre dernier, mais la Bordelaise avait dû déclarer forfait sur blessure. Finalement, c’est au Tournoi des six nations que la jeune Nina a pu accompagner la préparation des Tricolores. 

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Le dispositif prévoyait que la fille d’Agathe Sochat puisse venir à Marcoussis trois ou quatre jours sur le premier bloc du Tournoi, qui a duré trois semaines. "Elle avait une chambre avec ma femme qui la gardait dans la résidence. Ça me permettait de la voir en marge des entraînements et des réunions, quand on avait un petit temps libre", raconte la joueuse. Le tout étant cadré et organisé, avec des temps individuels et des temps collectifs.

L’expérimentation a été vécue par Agathe Sochat comme un "vrai bonheur" : "Le premier bloc est passé extrêmement vite, je ne me suis pas dit, ‘elle me manque’, ‘elle ne va pas bien', j’ai pu la voir." La talonneuse a notamment passé des moments avec sa fille en salle de vie, en compagnie des autres joueuses. "C’était cool, les filles en ont profité, il y en a qui ont fait des coloriages avec elle. Pour nous c’est hyper cool aussi de la voir s’épanouir dans le groupe", apprécie la talonneuse.

La présence de la petite fille a ainsi apporté de la joie dans tout le groupe. "Il y a eu un peu des nounous de luxe parce que Nina a l'habitude de voir certaines têtes en club. Ça n'a été que du bonheur de l'avoir, ça casse un peu la routine. Ça apporte un plus, de la fraîcheur. C'est tout mignon, c'est tout petit", avait déclaré la troisième ligne Charlotte Escudero à L’Equipe au début du Tournoi.

Une première étape pour ouvrir la voie

L’expérimentation de ce début d’année se veut une première étape dans un cadre plus large pour "accompagner les joueuses qui deviennent mères", assure Safi N'Diaye. "L’objectif c’est de se dire que la maternité n'est pas un frein pour une sportive de haut niveau [...] Ne pas avoir à se dire, 'je suis obligée d’attendre la fin de ma carrière pour être maman', si on a envie de faire les deux, si on a ce besoin, qu’on puisse le faire dans les meilleures conditions." Selon l'ancienne internationale, les discussions ont aussi abordé les questions des joueuses qui veulent allaiter, le retour à la compétition pour les joueuses qui ont porté le bébé, la période de congé maternité, avoir un préparateur physique et une gynécologue spécialisés…

 

Cette première étape a également été saluée par les joueuses. "Aujourd'hui, les jeunes qui viennent d'intégrer le quinze de France ne vont peut-être pas se fermer cette porte mais se dire, ‘je peux me permettre d'avoir un enfant sans que ça me pénalise sur ma vie personnelle et ma vie de sportive’. C'est génial", avait ainsi déclaré Marine Ménager à L’Equipe fin mars. 

Après le Tournoi, un bilan de cette expérimentation sera fait pour voir quels ajustements sont possibles. "Ça me tient à cœur de continuer à discuter avec la fédération pour que les choses soient un peu institutionnalisées", affirme Agathe Sochat. "L’expérimentation s’est très bien passée sur ce Tournoi, c’est plutôt très encourageant et j'espère que ça va se réitérer dans le futur."

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