Six nations 2024 : limites physiques, indiscipline, difficultés dans le jeu... Comment les Bleus ont sombré face à l'Irlande
"Là, ça fait un peu mal à la tête, pour être honnête." Pour sa première conférence de presse d'après-match en tant que capitaine tricolore, Grégory Alldritt a tenté de mettre des mots sur une situation que les Bleus n'avaient plus vécue depuis longtemps, celle d'une cuisante défaite. Largement battu par l'Irlande (17-38) pour son premier match du Tournoi des six nations 2024, le XV de France a vécu une soirée très difficile. Du facteur physique aux difficultés dans le jeu, franceinfo: sport vous explique comment les Français ont perdu pied.
Des cartons aux lourdes conséquences
C’est le facteur qui a conditionné une grande partie du match. Coupable de deux mauvais plaquages en touchant la tête de son vis-à-vis, Paul Willemse a été d’abord sanctionné d’un carton jaune, puis a été exclu définitivement. Une indiscipline d’autant plus regrettable que les Français n’ont pas été beaucoup pénalisés sur l’intégralité de la rencontre (huit pénalités concédées, loin des 28 du Italie-France de la première journée en 2023, par exemple, et quatre de moins que leurs adversaires).
Forcés d’évoluer à 14 contre 15 pendant une heure au total, les Français n’ont pas pu dérouler le plan qu’ils avaient préparé et n’ont pas tenu le choc. "On a vite compris que le match se jouerait à 14. Cela nous a amenés dans le dur très vite", a reconnu le sélectionneur Fabien Galthié après la rencontre, avant de préciser : "Le scénario du match ne nous a pas permis d’aller là où on voulait, en partie à cause du carton rouge, mais aussi du fait qu’on se retrouve à courir après le score. On n'a pas eu de marge de manœuvre."
Un manque d'intensité dans le combat physique
Face à l’Irlande, les Bleus ont avant tout péché physiquement. Pourtant identifié comme l’une des clés du match par Fabien Galthié et son staff, qui avaient fait le choix d’une composition au service d’une "intensité combattue" pour faire face à une équipe puissante et bien en place, le facteur physique n’a pas du tout été maîtrisé par les Bleus.
Pris à la gorge par des Irlandais beaucoup mieux physiquement, les Français ont semblé manquer d’énergie sur la pelouse. "Ils nous ont mis 40 points, certainement qu’ils ont été plus dominants que nous, a soufflé François Cros en zone mixte. C’est une équipe qui court beaucoup, une équipe qui se déplace beaucoup. Nous, on n’a pas été dominateurs comme on l’aurait espéré." "On a joué sous pression quasiment tout le match [...] Est-ce un manque d'énergie ? On va réfléchir, essayer de comprendre dès lundi", a de son côté expliqué Fabien Galthié.
Des erreurs dans un plan de jeu encore en rôdage
Dans le jeu, les Bleus ont montré trop de déchet. Ils ont multiplié les erreurs (14 fautes de main) et les approximations, comme cette mauvaise prise de balle sur un ballon haut de Damian Penaud (13e), cette incompréhension sur un repli défensif entre Ramos et Moefana (10e), ou ce trou laissé dans le dos de Jonathan Danty sur le deuxième essai irlandais (30e). "La performance offensive n'a pas été au rendez-vous, il y a eu du déchet, des turnovers, des ballon tombés, moins de vitesse", a analysé Fabien Galthié. "On doit élever le curseur, que ce soit offensivement ou défensivement, on est d’accord là-dessus", a assuré le sélectionneur.
"On a été sous pression, on s'est recroquevillé, et on n'a pas réussi à prendre confiance dans ce système. C’est un raté pour ce soir", a sobrement commenté face aux médias François Cros, qui a également évoqué la nouvelle organisation du staff, "un peu de changement en touche, des modifications du plan et du système offensif". Des ajustements auxquels les Bleus doivent encore visiblement se rôder.
Un état d'esprit loin des standards que ce groupe s'impose
En difficulté sur le terrain pendant 80 minutes, le XV de France n’a pas montré de réaction ou d’esprit de révolte, au grand regret de son capitaine. "Comme je l’ai dit dans le vestiaire, au niveau de l’état d’esprit, c’est dommage, ce n’est pas ça le XV de France. Ce n’est pas le visage qu’on aurait aimé montrer, a déploré Grégory Alldritt, visage fermé, après la rencontre. On aurait aimé offrir à Posolo [Tuilagi] et Nolann [Le Garrec] une première sélection un peu plus festive, comme ça a été le cas par le passé", a également regretté le capitaine tricolore, qui a assuré que le groupe allait "tout faire pour qu’il y ait une révolte dès la semaine prochaine". En Écosse (samedi 10 février à 15h15), sur tous les plans, ces Bleus seront attendus au tournant.
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