Six nations 2024 : Nolann Le Garrec et Thomas Ramos, l'avènement d'une charnière intérimaire influente pour le XV de France

Très en vue, la charnière a influé sur la rencontre largement remportée par les Bleus (45-24), dimanche au pays de Galles, lors de la quatrième journée du Tournoi.
Article rédigé par Elio Bono, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
Thomas Ramos, balle en main, et Nolann Le Garrec en arrière plan lors de pays de Galles-France, le 10 mars 2024. (MARK LEWIS/HUW EVANS/SHUTTERSTOC / SIPA)

Il a fallu une tape de Julien Marchand dans sa nuque pour qu'il comprenne. Lessivé après soixante-dix minutes à galoper aux quatre coins du pré, Nolann Le Garrec a vu son visage s'afficher en grand sur les écrans du Millennium Stadium. Le demi de mêlée venait de regagner le banc et, s'il n'avait pas immédiatement saisi la portée de l'instant, le bandeau en bas de l'image ne lui a pas laissé de doute : l'après-midi de sa première titularisation, le Breton venait d'être désigné homme d'un match remporté par les Bleus au pays de Galles (45-24), dimanche 10 mars.

Cela valait bien les félicitations appuyées des massifs Julien Marchand et Uini Atonio, tant cette distinction était méritée pour le maestro du jeu français. Avec son compère Thomas Ramos, habituel arrière aligné pour la première fois à l'ouverture avec les Bleus – mais habitué du poste cette saison avec le Stade toulousain – Nolann Le Garrec a habilement dicté le tempo soutenu d'un orchestre qui a enfin retrouvé son harmonie. "Sa performance est à la hauteur de ce qu’il a fait jusqu’à présent dans ses rentrées", a salué Fabien Galthié en conférence de presse.

Quel action de Nolann Le Garrec ! Après une mêlée de nouveau bien négociée par le pack tricolore, le demi de mêlée français organise le jeu de son équipe. A quelques mètres de la ligne, il feinte la passe et s'engouffre dans l'en-but gallois pour aller inscrire le premier essai de sa carrière en équipe de France et redonner l'avantage à son équipe.
Journée 4 : Le Garrec se joue de la défense galloise et inscrit son premier essai international Quel action de Nolann Le Garrec ! Après une mêlée de nouveau bien négociée par le pack tricolore, le demi de mêlée français organise le jeu de son équipe. A quelques mètres de la ligne, il feinte la passe et s'engouffre dans l'en-but gallois pour aller inscrire le premier essai de sa carrière en équipe de France et redonner l'avantage à son équipe.

Aligné pour dynamiser un jeu trop prévisible lors des sorties précédentes, Le Garrec a rempli la mission avec brio. Le Racingman de 21 ans a, en plus, su corriger le tir après une entame gâchée par une passe dans le vide à l'origine de la première pénalité galloise (2e). Parfois déchargé des sorties de balle par ses avants, il n'a pas hésité à prendre des initiatives individuelles. En ramassant le ballon au pied d'un ruck puis en feintant la passe pour aplatir le deuxième essai (29e). En assénant, aussi, une chistéra de près de 40 mètres, sublime mais pas futile, pour écarter le jeu (32e). "Elle est passée, quoi, en a rigolé Galthié. Et derrière, ça nous amène un temps fort, même si on ne marque pas."

Outre ces éléments isolés, on l'a également vu à l'aise sur les sorties de camp au pied et la maîtrise des émotions. L'expérience de Thomas Ramos (28 ans et 34 sélections) l'a aidé. "Il m'a mis en confiance cette semaine, on a beaucoup parlé, il m'a engueulé aussi, parfois, pour que tout soit bien clair (rires). J'ai une grande connexion rugbystique avec lui", en a souri Le Garrec, premier Breton international depuis 1961. 

Son activité a souvent semé le trouble dans la défense galloise, fixant souvent le premier défenseur en sortie de ruck comme peut le faire un Antoine Dupont. La comparaison avec l'habituel capitaine, parti s'essayer à sept, s'arrête – pour l'instant – là. Celle avec Maxime Lucu, titulaire au poste lors des trois premiers matchs, est en revanche difficilement évitable.

Pour la première fois, la charnière n'a pas subi le match

Les deux n'affichent pas les mêmes qualités, mais ont montré dimanche que la répartition des tâches fonctionnait mieux ainsi, avec Le Garrec pour débuter et Lucu pour finir. Et ce n'est pas faire injure au Basque : parfois crispé lors de ses trois titularisations, il a paru nettement moins bridé lors de ses dix minutes sur le terrain à Cardiff et a inscrit son premier essai international (80e).

"Nolann a beaucoup d’envie, parfois un peu trop, donc il faut le canaliser. Il a des qualités, il colle au ballon."

Thomas Ramos, demi d'ouverture

en zone mixte à Cardiff

Face à ce portrait idyllique et spectaculaire, la prestation de Thomas Ramos a moins de relief. Mais le Toulousain a assuré l'animation dans un registre différent de Matthieu Jalibert, titulaire jusque-là, mais sorti blessé contre l'Italie (13-13). Le Toulousain a ainsi adressé 39 passes, soit plus que l'ouvreur bordelo-béglais lors de ses deux matchs entièrement disputés (17 face à l'Irlande, 15 en Ecosse).

Jalibert distribuait alors beaucoup au pied quitte, parfois, à évoluer contre-nature voire à contre-courant. Les consignes ont vraisemblablement changé et collent mieux aux qualités de la ligne de trois-quarts française. Le Garrec et Ramos se sont, en ce sens, délectés de ce changement de cap, en profitant d'un pack dominateur et des limites galloises. Pour la première fois du Tournoi, la charnière a pesé sur le match et ne l'a pas subi. 

Intérim réussi en attendant Dupont et Ntamack

"Il fallait que notre 9 et notre 10 soient sur les pieds, pas utilisés pour nettoyer un ruck ou pour porter un ballon", a expliqué Galthié. Impliqué sur l'essai de Gaël Fickou (22e), l'habituel arrière a également battu quatre défenseurs (seul Damian Penaud a fait mieux dimanche) et a paru si à l'aise que l'on peinait à croire qu'il honorait sa première en Bleu à l'ouverture. Et comme toujours, il a rayonné face aux perches (8/9), avec pour seul échec une transformation en coin anecdotique après la sirène. Une réussite qui lui permet d'être le septième homme à passer les 300 points inscrits avec le XV de France.

On en redemande donc, même si l'intérim de cette charnière de substitution ne devrait pas se poursuivre au-delà de ce Tournoi. Lorsqu'ils seront disponibles, Antoine Dupont et Romain Ntamack devraient retrouver logiquement leur statut de cadre, et l'on voit mal Thomas Ramos, si précieux à l'arrière – où Léo Barré a réussi sa première –, s'installer durablement à l'ouverture. Avant de se projeter si loin, Le Garrec et Ramos devraient s'offrir une deuxième rencontre de prestige ensemble, contre l'Angleterre samedi 16 mars.

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