Six nations 2024 : on vous explique pourquoi l'arbitre n'a pas accordé l'essai écossais qui aurait coûté la victoire à la France
Tout aurait pu s'effondrer pour les Bleus. Après un nouveau ballon perdu dans leurs 22 mètres, les Français ont subi une dernière action écossaise devant leur en-but, conclue par une charge de Sam Skinner dans l'en-but (80e+1). Après 4 minutes 40 de flottement et de vérification à la vidéo, l'arbitre Nic Berry a décidé de refuser l'essai, offrant la victoire au XV de France à Murrayfield (20-16), samedi 10 février.
La décision a fait jaser, alors que le troisième ligne écossais semblait avoir aplati. Mais un doute subsistait. "Il faut à tout prix que l'arbitre vidéo ait une image claire et évidente", éclaire pour franceinfo: sport Laurent Cardona, ex-arbitre de Top 14. Un décorticage de l'action s'impose. Une fois entré dans l'en-but, Skinner a aplati sur le pied de Yoram Moefana. Il n'était alors pas question d'accorder l'essai. Mais dans un second temps, le troisième ligne écossais s'est dépêtré de cet obstacle.
De l'importance de la "décision terrain"
Problème, au même moment, le bras de Posolo Tuilagi s'est intercalé devant la caméra, obstruant la vision de l'arbitre vidéo. "On peut penser à 90% que le ballon touche le sol, mais on ne peut pas exclure que quelque chose d'autre, comme la main de Tuilagi l'empêche, justifie Laurent Cardona. "Je ne peux pas dire pour sûr, je n'ai pas une vision assez claire", a ainsi indiqué, en direct, l'arbitre vidéo Brian MacNeice à l'arbitre principal, Nic Berry.
Dans ces conditions, il faut se référer à la "décision terrain", soit ce que l'arbitre ordonne en direct. En l'espèce, comme le prouvent les images et les paroles de l'arbitre traduites en direct grâce à la vélotypie mise en place par France Télévisions, sa première décision est qu'il n'y a "pas essai". Pour que l'essai soit accordé, il aurait fallu qu'une image montre "de manière claire et évidente" le ballon aplati... ou que le jugement "en première instance" de Nic Berry ait été d'accorder l'essai.
Le fait de voir, sur deux plans différents, que Skinner a bien passé la ligne et que le ballon semble aplati, ne vaut pas non plus validation : il faut que tous les éléments soient réunis sur une seule et même image. "On ne peut pas faire de lien de cause à effet entre les images, car on n'est pas dans le factuel sûr", explique Laurent Cardona.
Une décision logique qui frustre les Ecossais
Dans ce contexte, le refus de l'essai paraît ainsi logique, même s'il est délicat à digérer pour les Ecossais. Il fallait ainsi entendre les rugissements du public de Murrayfield lorsque chaque ralenti était diffusé sur l'écran géant, ou la détresse de Finn Russell après la verdict pour s'en persuader. "Quand on regarde sur l'écran, on pense que c'est bon", a illustré en conférence de presse le capitaine Rory Darge.
"C’est comme ça, il y a des décisions que tu comprends et d’autres pas. [...] Pour moi, on a marqué mais peu importe ce que je pense. "
Rory Darge capitaine de l'Ecosseà franceinfo: sport
"Quand on a vu la première image, pour moi c'était évident, a analysé, de son côté, le capitaine français Grégory Alldritt. Je ne pensais pas que la décision pourrait être autre que de ne pas accorder l’essai." Cette divergence de points de vue illustre, surtout, la complexité et la subtilité d'arbitrer un match de rugby. Il n'aurait pas fallu grand-chose de plus pour que le sort de la rencontre bascule de l'autre côté.
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