Rugby : Bouthier réussit ses débuts à l'arrière du XV de France face à l'Angleterre
Il aurait pu se faire dévorer par la pression. A 27 ans, celui qui évoluait encore en amateur il y a cinq ans était titulaire au coup d'envoi d'un Crunch, qui plus est à un poste terriblement crucial face aux Anglais : arrière. A savoir le premier à être sous le feu des chandelles adverses, une pratique immuable de la part de nos ennemis préférés lors de ces affrontements. Anthony Bouthier n'a même pas eu le temps de douter. Dès la première minute, il arrêtait de volée la première tentative du XV de la Rose et envoyait un message fort : il n'est pas du genre à se faire consumer.
Une assurance multi-risques
Cette première intervention réussie a donné le ton de sa prestation d'ensemble : impériale. A le voir combler les trous comme un vieux briscard, ne pas flancher sous la pluie aérienne de ballons qui s'abattait sur lui, rien ne semblait indiquer que cet homme-là évoluait pour la première fois en équipe nationale. Une adaptation qui, au-delà des qualités intrinsèques du joueur, s'explique aussi par l'accueil et la mise en confiance de ses partenaires durant la préparation. "Le staff et les joueurs ont tout fait pour me mettre en confiance", avouait-il après le match.
Comme à Vannes, comme à Montpellier, comme quand depuis qu'il est passé pro en fait, l'arrière a tout simplement su saisir sa chance. Insouciant mais sérieux, l'ancien maçon a bâti pierre après pierre son ascension. Si le public du Stade de France n'a pas eu l'occasion de s'enflammer sur ses relances, restées dans sa boîte à outils, il a pu s'enflammer sur ses coups de pied d'orfèvre, dont un de près de 80 mètres qui venait superbement mourir à cinq mètres de la ligne anglaise.
L'attraction arrière
Et comme si la panoplie du parfait numéro 15 n'était pas assez complète, Bouthier se signalait une dernière fois à la 77e minute en se jetant sous les 115 kilos de George Kruis pour empêcher le 2e ligne anglais de marquer l'essai qui aurait peut-être renversé le cours du match. Fabien Galthié peut savourer ce coup de poker. En lançant dans le grand bain un novice, le sélectionneur jouait gros. Il a ramassé la mise et la France a peut-être trouvé son Superman à l'arrière. Pourvu qu'il ne soit pas allergique à la kryptonite.
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