Six nations 2024 : un pack dominant mais un fond de jeu inexistant... Ce que l'on a aimé et moins aimé dans le triste match nul des Bleus contre l'Italie

Le XV de France, méconnaissable, a été accroché par l'Italie, dimanche, à Lille (13-13). Les maux bleus semblent s'aggraver.
Article rédigé par Julien Lamotte, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Matthis Lebel laisse échapper le ballon sur un plaquage, lors de France-Italie, le 25 février, à Lille. (DENIS CHARLET / AFP)

Et dire que cela aurait pu, aurait dû, être pire. Un ballon qui tombe au moment où l'Italien Garbisi s'apprête à passer la pénalité de la gagne à la dernière seconde, un buteur qui se précipite et un poteau qui vient sauver les Bleus sur cette tentative. Il n'empêche, ce match nul, concédé dimanche 25 février à Lille, a des allures de défaite. A la peine dans tous les domaines ou presque, la France a fait une croix sur la victoire finale dans le Tournoi 2024. Mais l'heure n'est déjà plus aux comptes d'apothicaire. Elle est à l'urgence. 

On a aimé

L'axe du mâle, symbolisé par Tuilagi

Le pack français a parfois ressemblé à des hommes affrontant des adolescents. Cela a été particulièrement prégnant dans les mêlées fermées où les avants français ont régulièrement mis les Transalpins, au mieux sur les talons, au pire sur les genoux. Il faut dire qu'avec 961 kilos sur la balance, le pack tricolore envoyait du lourd. Plus d'un quintal de plus que leur adversaire en tout cas. A ce niveau, cette différence est colossale. Et l'axe droit des Bleus, composé d'Atonio et Tuilagi, a pesé de tout son poids pour confirmer que le XV de France possédait bien la meilleure mêlée du Tournoi. Le second nommé, par son audace et son habileté ballon en main, aura notamment marqué des points auprès de son sélectionneur. 

La Squadra n'est plus à plat

Face à une équipe de France aussi imprécise et aussi peu "tueuse", l'Italie avait clairement une carte à jouer. Celle-ci est longtemps restée coincée dans sa manche, mais elle a fini par sortir en fin de match où les Transalpins ont failli arracher la victoire à la dernière seconde. Le sort ne leur a pas été favorable, mais Gonzalo Quesada peut néanmoins se réjouir de ce sursaut. Vouée aux gémonies après deux défaites dans cette édition, l'Italie a prouvé qu'elle avait du répondant. Dommage, cela s'est fait aux dépens de la France. 

Se raccrocher aux chiffres

Oui, le jeu proposé par le XV de France a été assez basique et prévisible. Pauvre avanceront certains. Alors, pour se rassurer, il faudra se tourner vers la froide rigueur des statistiques. Cela ne fait pas vibrer, ni ne réchauffe le cœur, mais ça peut consoler. En première période, les partenaires d'Ollivon ont eu 60% de possession, tout en occupant 70% du terrain adverse. Et, au coup de sifflet final, ils avaient battu 33 Italiens (contre 12 Français pour l'Italie), ils avaient remporté la totalité de leurs rucks et fait un quasi sans-faute en touche (15 sur 16). Mais voilà, dominer n'est pas gagner et, faute d'avoir su concrétiser leurs temps forts, ils ont continué à bafouiller leur rugby, commettant 19 turnovers, contre 11 aux Italiens, pourtant pas orfèvres en la matière. 

On n'a pas aimé

La mécanique d'imprécision

Il n'y a pas si longtemps, la machine bleue semblait parfaitement huilée. Depuis le début du Tournoi, elle s'est subitement grippée. Il y a toujours un petit grain de sable. Parfois trois fois rien, mais suffisant pour "bouffer la feuille". Le diable est dans les détails, dit-on, et la France ne maîtrise plus ces derniers. Symptomatique, cette action de la 12e minute où Fickou ne fixe pas assez, puis, dans la foulée, Danty envoie une passe en avant à Mauvaka pourtant bien placé sur son aile. A la 32e minute, autre exemple du bal des occasions gâchées avec Penaud, en un contre un, qui dévisse complètement son coup de pied à suivre pour lui-même. Pour la touche directe en l'occurrence. L'envie est là mais la justesse technique s'est envolée. L'horloger Galthié doit revoir de nombreux réglages. 

À en perdre la tête 

Après Willemse contre l'Irlande et Atonio face à l'Ecosse, une nouvelle tête est sortie du rang, celle de Jonathan Danty. Et toujours pour la même raison : plaquage haut. Les Français ne savent-ils donc pas se baisser ? Ont-ils une obsession morbide pour les cervicales adverses ? Le fait est que ces fortes têtes coûtent cher aux leurs. Si Antonio s'en était sorti avec un simple jaune, les deux autres ont été sommés de laisser leurs coéquipiers à 14. Rédhibitoire. 

Le retour des vaches maigres ?

Le soufflé qui se dégonfle. Post-coïtum animal triste. On peut utiliser les images que l'on veut, rien ne remplace le sentiment de vide et d'abandon que nous procure ce XV de France après quatre ans d'euphorie quasi ininterrompue. Depuis le quart de finale à la maison perdu contre l'Afrique du Sud, un ressort s'est cassé. Personne, désormais, ne peut le nier. Au-delà des résultats qui s'effilochent, c'est bien le fil du jeu que les Bleus semblent avoir perdu. Et, avec lui qui disparaît, son terrible corollaire : le retour du pain noir. Après le festin auquel le XV de France nous avait habitués, devra-t-on de nouveau se rabattre sur les rogatons ? 

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