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Six Nations : nouvelles têtes, liberté créative... comment Fabien Galthié a mené le XV de France à son meilleur résultat depuis neuf ans

En battant l'Irlande, le XV de France termine à la deuxième place du Tournoi des Six Nations. Un résultat surprenant, tant l'équipe de France avait déçu dans cette compétition ces dernières années. Cette deuxième place est le meilleur résultat des Bleus depuis 2011, et la dernière année du mandat de Marc Lièvremont. Arrivé à l'issue d'une Coupe du monde 2019 frustrante, Galthié a changé le XV de France, dans les grandes lignes. Explications.
Article rédigé par Hugo Dupriez
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
  (FRANCK FIFE / AFP)

• Dès son instauration, Fabien Galthié a installé plusieurs joueurs clés

À son arrivée au poste de sélectionneur, Fabien Galthié a pris ses responsabilités. Au sortir d’une Coupe du monde prometteuse, achevée par une cruelle défaite face au pays de Galles en 1/4 de finale, l’ossature de son équipe présentait plusieurs changements, et certains à des postes clés. Ainsi, pour prendre la place de Guilhem Guirado, capitaine, Galthié installait Julien Marchand, excellent au Stade Toulousain, au poste de talonneur. Au sortir du Tournoi, le Toulousain s’inscrit dans la lignée des Yannick Bru et William Servat, ces talonneurs issus de la machine à gagner toulousaine qui ont brillé sous les couleurs du XV de France. Derrière lui, Camille Chat, qui pouvait légitimement ambitionner un statut de titulaire après ses prestations remarquables au Racing 92, est, toujours, utilisé en qualité "d’impact player", un joker en sortie de banc amenant son dynamisme. Aussi, en première ligne, Fabien Galthié a sorti de son chapeau Mohamed Haouas, pilier droit de Montpellier qui n’a, si l’on occulte son coup de sang en Écosse, pas déçu. Et justement, le sélectionneur n’a pas manqué de soutenir publiquement son joueur en lui laissant son statut de titulaire. Anthony Bouthier, arrière de Montpellier à la trajectoire singulière, est l’un des nouveaux visages installés dans le XV type de l’ancien demi de mêlée. 

Aussi, sans doute la plus grande réussite de Galthié, Charles Ollivon s’est imposé comme le leader, par l’exemple et la parole, du groupe. Un groupe rajeuni, dans lequel plusieurs "petits nouveaux" sont, peu à peu, apparus à l’image d’Arthur Vincent et Jean-Baptiste Gros, champions du monde des moins de 20 ans. À trois ans de la Coupe du monde 2023, qui se disputera sur le sol français, la France du rugby rayonne. 

• Fabien Galthié a laissé libre cours à l’imagination de ses joueurs créatifs

Surtout, en plus de rayonner par la jeunesse de son groupe, l’équipe de France est rafraichissante par le jeu déployé. Si plusieurs erreurs sont tout de même à recenser, l’indiscipline criante sur les phases de rucks et le contrôle des ballons hauts notamment, les 35 points passés à l’Irlande sont révélateurs de l’excellence française en phase offensive. Dès son arrivée, Fabien Galthié s’est appuyé sur les forces de ses joueurs majeurs. Installée par Jacques Brunel, la charnière Dupont-Ntamack est toujours en place pour les débuts de l’ère Galthié. Et, justement, Ntamack, joueur capable de faire la différence sur un seul geste, ce qu’il a encore accompli ce samedi soir en offrant un essai à Virimi Vakatawa, a la liberté d’entreprendre. Même droit à l’initiative pour la paire de centre habituelle Fickou, repositionné à l’aile contre l'Irlande, Vakatawa qui a le don de créer de nombreux décalages. 

Pour mener ces décalages jusqu’aux en-buts adverses, Galthié a insisté sur l’importance du jeu de relai. Sur chaque percée d’un trois-quart, il n’est en effet pas rare de voir Antoine Dupont, ou un troisième ligne, venir à hauteur du porteur du ballon pour offrir un soutien rapide à l’auteur de la percée. Sur cette phase de jeu, Antoine Dupont a inscrit le premier essai des Bleus ce samedi soir au soutien de Gaël Fickou. Et Charles Ollivon l’avait notamment imité lors de son doublé face à l’Angleterre en ouverture du tournoi. 

• Fabien Galthié a insufflé un élan nouveau à l’échelon fédéral 

Les querelles entre la fédération et la Ligue sont légions dans le paysage du rugby français. Cependant, à son arrivée, Fabien Galthié, prenant l’exemple des modèles anglo-saxons, a insisté pour que l’équipe de France passe avant tout le reste. Peu après son arrivée au poste de sélectionneur, la FFR et la LNR signaient un accord permettant le regroupement de 42 joueurs lors de chaque rassemblement du Tournoi des Six Nations. Un accord que justifiait Paul Goze, président de la LNR. "Cet accord marque le soutien total des clubs au projet de l’équipe de France tel qu’il est porté par Fabien Galthié. Il constitue une étape importante dans le cercle vertueux de collaboration entre le XV de France et les clubs qui doit mener le rugby français jusqu’à la Coupe du monde 2023." Une vision à moyen terme, en considérant que 2023 n’est plus très loin, qui porte ses fruits dès la première année de collaboration. De quoi espérer une relation plus saine dans le futur.

Enfin, pour concerner l’entièreté de son groupe. Fabien Galthié a banni le terme de remplaçants du XV de France. Désormais, lorsque l’on veut qualifier ces joueurs amenés à entrer en cours de match, on parle de "finisseurs". Et, il n’y a qu’à voir les images de joie, et de danse sur le fameux titre "Freed From Desire" de Gala, des tricolores à l’issue de la victoire face à l’Irlande pour constater que l’état d’esprit des Bleus a changé. Reste désormais à le conserver, ce qui ne sera pas simple.

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