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Tournoi des 6 Nations : Bernard Le Roux, le travailleur de l'ombre devenu indispensable

Seul trentenaire du groupe France pour le Tournoi des 6 Nations, Bernard Le Roux n’en reste pas moins l’un des joueurs les plus en vue depuis le début de la compétition. Si le Sud-Africain d’origine a d’abord connu des premières sorties compliquées au poste de 3e ligne avec les Bleus, sa reconversion au poste de 2e ligne est une réelle satisfaction pour le staff tricolore. Focus sur un joueur devenu incontournable au XV de France.
Article rédigé par Jules Boscherini
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
  (CHRISTOPHE SIMON / AFP)

C'est un papy parmi par les bézots. À 30 ans et alors que Fabien Galthié a apporté un vent de fraîcheur en rajeunissant considérablement la moyenne d’âge du groupe France, Bernard Le Roux détonne. Plus vieux joueur du squad, il est aussi l’un des plus capés avec 39 sélections. Avec Gaël Fickou et Uini Atonio (qui vient de faire son retour dans le groupe), Le natif de Moorreesburg demeure d’ailleurs le seul rescapé de la Coupe du Monde 2015. Un Mondial particulier où la France atteignait le paroxysme de la médiocrité, qui avait marqué le joueur d’origine Sud-Africaine. À l’époque le joueur du Racing 92 ne joue avec les Bleus qu’à peine depuis 2 ans et confiera ne pas avoir pris de plaisir lors de la compétition.

La force de l’expérience ajoutée à la fougue des novices

Les années galères, Bernard Le Roux connaît. En près de 7 ans de sélections, l’équipe de France n’a quasiment jamais enchaîné les victoires. Une cicatrice pour Le Roux qui a mal vécu ces échecs à répétitions avec sa sélection. Aujourd’hui, celui qui aurait pu être un Springbok apporte son sens du combat au sein l’équipe de France. Un rugby qui ne surprend pas notre consultant Benjamin Kayser : "Bernard est un joueur qui apporte une activité permanente que ce soit dans le combat ou dans les autres phases de jeu. Ce que les Anglais appellent le « work rate ». C’est un travailleur de l’ombre qui a une activité hors norme et il apporte énormément à l’équipe de France".

Et c’est d’ailleurs pour ça que le sélectionneur des Bleus a choisi de faire confiance au seul trentenaire du groupe. Fabien Galthié en a même fait l’un des leaders de son effectif et le franco-sud-africain assume ce rôle à merveille. Car si l’on parle beaucoup de la nouvelle génération qui participe activement au bon début de Tournoi tricolore, il faut admettre que Bernard Le Roux crève l’écran. "Son implication et son engagement total se font de manière naturelle chez lui. Il apporte beaucoup d’énergie au groupe. Il fait partie des leaders, il se relève toujours très vite sur ses appuis […] Il a cette capacité, aussi, à monter le curseur et à se transformer. Quelque part beaucoup de joueurs peuvent s’y identifier", expliquait Fabien Galthié après le match face en l’Angleterre en ouverture du Tournoi.

Si son coéquipier Grégory Alldritt avait été élu homme du match après la rencontre, Bernard Le Roux aussi aurait pu prétendre à ce titre honorifique. Avec 22 plaquages réussis sur 24 tentés dont plusieurs offensifs, il a plus que prouvé qu’il devait être titulaire à ce poste. Et pourtant, l’idylle entre Bernard Le Roux et la seconde ligne n’a pas toujours été de tout repos… Lorsqu’il quitte son poste de prédilection lors de la Coupe du Monde 2015 (encore elle…), l’idée de jouer un cran plus haut n’emballe pas le joueur.

Une époque révolue puisque Le Roux a compris les attentes de son sélectionneur qui voit en lui une mobilité de tous les instants. "Aujourd’hui, au niveau international, il y a moins besoin de 2e ligne massif que de mec avec un rendement tel que celui de Bernard. C’est ce rapport poids/puissance incroyable qui lui permet de couvrir ses tâches au poste de numéro 4. Il n’est pas français d’origine donc je ne pense qu’il ne se mettra pas en avant dans la transmission auprès des jeunes. C’est un mec de devoir, qui est un leader par l’exemple. Il ne va rien dire mais amènera une attitude positive, un sourire et une envie de s’entraîner tous les jours… C’est ça surtout qu’il transmettra !", déclare à ce propos Benjamin Kayser.

Gagner enfin ?

Depuis sa première sélection avec les Bleus en juin 2013 et la tournée en Nouvelle-Zélande, Bernard Le Roux s’est donc imposé comme l’un des leaders de cette Equipe de France au nouveau visage. Dans un entretien donné à RMC Sport, le Racingmen expliquait qu’après les nombreux échecs connus avec la sélection frappée du coq, en vouloir plus. L’équipe de France n’a plus remporté de titre majeur depuis le Grand Chelem réalisé en 2010 et un succès avec les Bleus permettrait d’une part de redorer le blason d’une équipe qui n’a que trop souffert lors de la dernière décennie, et d’autre part d’oublier les nombreuses désillusions qui ont collé au maillot français : "Déjà, je veux gagner un titre, un Tournoi, une tournée d’été… Cela fait quelques années que je suis en équipe de France, j’ai gagné des matchs, mais pas de titres. Avec cette nouvelle génération qui a beaucoup de talent, on peut vraiment le faire. Aujourd’hui, je suis optimiste pour cette équipe de France."

Avec en ligne de mire la Coupe du Monde 2023 en France, la route du succès s’annonce encore longue et périlleuse pour les hommes de Fabien Galthié. Si une victoire finale dans le Tournoi, et pourquoi pas un nouveau grand Chelem, est l’objectif annoncé de cette nouvelle ère, l’équipe de France reste consciente que les deux victoires en ouverture du Tournoi ne gommeront pas les échecs du passé. Et si les Bleus veulent atteindre leurs objectifs, cela passera forcément par une grosse prestation à Cardiff samedi après-midi.

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