Tournoi des 6 Nations : les Bleus face à l'enfer de Cardiff
"Une mission commando !", tels étaient les mots de notre consultant Benjamin Kayser lorsque nous évoquions le déplacement à venir de l’équipe de France à Cardiff. Il faut dire que venir dans le Principality Stadium n’a jamais été une tâche facile. Très peu d’équipes disposent d’un stade fermé ce qui peut s’avérer être un facteur assez perturbant pour les joueurs qui ne connaissent pas bien cet environnement. Beaucoup de bruit aussi. S’il dispose d’un toit rétractable qui n’est ouvert que trop peu souvent, l’ambiance proposée par les supporters du XV du Poireau est à part. Les joueurs sont dans l’impossibilité de communiquer entre eux tant le débit reste élevé durant les 80 minutes.
"Un stade mangeur d'âmes"
Sûrement la raison qui poussa Jean-Pierre Rives, légende du rugby français dans les années 1970, à déclarer de l’antre galloise : "C'est le stade du monde où l’on se sent le plus petit. C'est une grande carcasse, une espèce de monstre qui se serait arrêté là en pleine ville et qui n'aurait jamais pu regagner la mer. Un dinosaure qui se nourrit de chants, de larmes et d'émotions... Longtemps après que les matches sont finis, même vide, il respire encore. Il est habité. C'est un stade mangeur d'âmes et on y laisse toujours un peu de la sienne."
Et l’émotion est souvent palpable dans l’ex-Millenium Stadium. Avant le match, lorsque près de 75000 personnes se mettent à chanter le "Land of my Fathers", l’hymne gallois, la communion de tout un peuple donne des frissons, pour ce qui est très certainement, le plus bel hymne du monde.
Une histoire en dents de scie, avec des succès
Depuis 1999 et la rénovation du stade pour la Coupe du Monde à venir, la France y a disputé 16 matches pour un total de 7 victoires pour 9 défaites. Si les défaites sont pour l’instant majoritaires, certaines des victoires françaises font encore écho aujourd’hui. Comme la rencontre du Tournoi des 6 Nations en 2000 qui aura vu les Bleus glaner un large succès 36-3. Ou encore le match de préparation à la Coupe du Monde 2007 où les Français déroulent leur rugby pour un succès 34-7.
Mais comment ne pas parler non plus de ce quart de finale de Coupe du Monde ? Toujours en 2007, dans son Mondial, la France déjoue tous les pronostics pour s’imposer de justesse face à des All Blacks qui ce soir-là jouent en gris. Du Haka à l'essai de Yannick Jauzion, en passant par le match spectaculaire de Thierry Dusautoir ou le K.O de Serge Betsen, tout fait de ce match un objet de légende.
Mais aussi de déconvenues
Car c’est aussi dans la capitale galloise que le XV de France a connu certaines des plus grosses déceptions de son histoire moderne… À commencer par la finale de la Coupe du Monde 1999 perdue contre l’Australie. La France sort d’une demi-finale d’anthologie face à la Nouvelle-Zélande de Jonah Lomu et Tana Umaga, pourtant favoris, où elle s’impose 43-31.
Sans doute l’un des plus grands exploits du rugby français. Fort de ce succès sur les All Blacks, les Bleus se présentent face à l’Australie avec le plein de confiance. Malheureusement pour les Bleus, les organismes sont usés. Les tricolores n'avaient de cesse d'être rappelés à l'ordre par l’arbitre pour de multiples fautes. Beaucoup plus frais et prêts physiquement, les Wallabies prennent trop facilement le dessus sur un XV de France qui n’aura rien pu faire. La France perd sa deuxième finale de Coupe du Monde.
Et qui dit Cardiff, dit aussi et bien sûr le tragique quart de finale de la Coupe du Monde 2015 perdu face aux champions du monde Néo-zélandais. Une rencontre qui verra les All Blacks détruire une très faible équipe de France qui peine à se trouver une identité de jeu. Ce jour-là, les hommes de Philippe Saint-André connaissent la plus grosse humiliation de l’histoire du XV de France qui se relèvera difficilement de ce champ de ruines.
Si l'histoire des Bleus au Principality Stadium s'est surtout écrite en Coupe du Monde, espérons cette fois-ci, qu'elle soit favorable aux Bleus qui visent un troisième succès de rang dans le Tournoi, ouvrant un peu plus la voie d’un nouveau sacre, dix ans après le dernier.
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