Tournoi des VI Nations - XV de France féminin : Lille, terre d'accueil d'écossaises
Jamais le Stadium Nord Lille Métropole n'avait organisé de rencontre internationale féminine au plus haut niveau. France et Écosse marqueront ce samedi l'histoire déjà bien riche de cette enceinte (anciennement le stade du club de Lille, champion de France de football en 2011). "C’est une belle récompense pour le rugby féminin dans le Nord parce qu’on a quand même connu des galères, on a beaucoup travaillé pour être reconnu au niveau national. C'est une forme d’aboutissement", se réjouit Yanna Rivoalen, demie de mêlée des Bleues et du LMRCV. Pour la France, rien d'illogique à la voir figurer pour cette première. Pour l'Ecosse ... rien d'absurde non plus.
Le Lille Métropole Rugby Club Villeneuvois (LMRCV), club féminin de l'élite, a joué un rôle prépondérant dans l'obtention de la rencontre. "C'était une volonté du club d’accueillir un événement de dimension internationale sur la région" certifie Laurent Vitoux, président du club champion de France en 2016. "On avait l’année dernière posé nos premiers pions en accueillant l’équipe de France féminine U20 face à l’Angleterre. On avait alors en tête d’accueillir un France - Ecosse compte tenu du partenariat qu’on a avec la fédération écossaise."
Un partenariat gagnant-gagnant
Depuis deux saisons désormais, le LMRCV compte au sein de ses rangs des joueuses du XV du Chardon. "Il y a trois ans, l’Ecosse était une nation qui cherchait à progresser fortement chez les filles. La fédération a mis en place une vraie politique", explique Laurent Vitoux. "Ils cherchaient à placer des joueuses sous contrat dans un championnat plus exigeant, en France."
Résultat, trois joueuses du XV du Chardon débarque l'année dernière dans le club. L'échange, renouvelé cette saison avec deux joueuses, s'avère bénéfique : "Ce partenariat est gagnant gagnant. Les filles sont confrontées à un championnat plus exigeant, des conditions d'entrainement plus régulières", certifie Laurent Vitoux. "Ça apporte un enrichissement réciproque dans la vision du jeu, dans l’aspect culturel. Je me souviens d’un retour dans un TGV où les hymnes français et écossais résonnaient dans le wagon. Il y avait ce respect entre les deux nationalités. C’est indéniable que les joueuses écossaises apportent un plus à l’équipe."
Chloe Rollie (deuxième en partant de la gauche) est l'une des deux Ecossaises évoluant au sein des "Putain de Nanas", surnom autoproclamé des joueuses du LMRCV. "Pouvoir m'entraîner et jouer en France me permet d’avoir plus de confiance, et d’en apporter en équipe d’Ecosse. Je me sens bien à Lille", garantit la vive arrière. "Je pense que ça m’a apporté des facilités sur le jeu rapide. J’ai progressé dans mes capacités à gérer la pression." Mais aussi une connaissance non négligeable pour le match : "Maintenant je sais comment beaucoup de Françaises jouent, et ça peut être un avantage."
Se relancer et bien finir pour les Bleues
Cet avantage, Yanna Rivoalen peut aussi s'en targuer. "Lisa (Martin) apporte son expérience au poste de 10. Elle a du charisme, une technique individuelle assez impressionnante. Elle gère bien le jeu. Chloe apporte toute sa vitesse, tous ses appuis, sa vista et son jeu au pied. Ce sont des travailleuses qui apportent ce travail à l’anglaise. Elles sont assidues sur la diététique et investies dans la préparation physique".
Mais le temps d'un match, pas de sentiments pour la Tricolore : "Tout ce qui a un maillot différent de moi sur le terrain, c'est mon ennemi. Je ne poserai pas de question." Car les Bleues, où figure également la trois-quart centre du LMRCV Gabrielle Vernier, doivent remettre la marche avant après la déconvenue en Angleterre, deux semaines plus tôt. "On se relève, on se reprend, on se corrige et on repart sur un nouveau match. Même si on peut penser que les Anglaises vont décrocher le Grand Chelem, on ne doit rien lâcher pour accrocher pour la deuxième place." insiste la joueuse, professeure d'EPS en Picardie. "Je pense que le match sera physique et rapide. Il va y avoir beaucoup de duels", estime Chloe Rollie, côté écossais.
Dix mille places ont été mises en vente pour cette troisième journée du tournoi des VI Nations. Plus de sept mille ont déjà trouvé preneurs. "Mes parents viennent voir le match, c’est super excitant !" s'exclame l'Ecossaise Chloe Rollie. Yanna Rivoalen promet "une belle fête", pour cette rencontre, synonyme de promotion du rugby féminin dans le Nord.
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