XV de France: l’éviction de Bastareaud, symbole du style prôné par Novès
En se privant de Mathieu Bastareaud (27 ans, 15 essais en 39 sélections depuis 2009) pour la "journée de prise de contact et d'échanges avec l'encadrement", le 4 janvier à Marcoussis, et a priori pour le Tournoi des 6 Nations (la liste n’est pas fermée), le staff tricolore dirigé par Guy Novès a tranché dans le vif. Exit la puissance de l’un des meilleurs centres du rugby français depuis trois ans, certes dans un style différent de ses glorieux aînés, d’André Boniface à Yannick Jauzion en passant par Philippe Sella.
Danty plus tonique que Bastareaud
*Bastareaud est l’un des rares Français titulaire indiscutable du triple-champion d’Europe en titre, le Rugby Club Toulonnais, mais il est régulièrement décrié depuis quelques temps pour ses performances sous le maillot bleu, en deçà de ses prestations en rouge et noir. Certains observateurs n’ont d’ailleurs pas hésité à le qualifier de « coffre à ballons » ce qui est excessif.
Pour le suppléer, Guy Novès a choisi des joueurs un peu moins physiques mais plus toniques et rapides, comme –la révélation de la saison dernière- Jonathan Danty (23 ans, Stade Français) ou Rémi Lamerat (26 ans le 14 janvier, 7 capes, Castres), Gaël Fickou (21 ans, 15 sélections, Toulouse), Alexandre Dumoulin (26 ans, 8 capes, Racing) et l’indispensable Wesley Fofana (27 ans, 13 essais en 39 sélections, Clermont) possédant des styles encore différents, plus à même de séduire la nouvelle équipe aux manettes.
Du sang neuf avec Parra
Autres figures emblématiques de l’époque précédente mis de côté par le trio Novès-Bru-Dubois, les demis-de-mêlée Sébastien Tillous-Bordes (30 ans, 19 sélections) et Rory Kockott (29 ans, 11 capes). Le cornack toulonnais comme le 9 castrais, jugés trop physiques et pas assez techniques, ne rentrent visiblement pas dans les plans contrairement à Morgan Parra (27 ans, 355 points en 66 sélections depuis 2008), excellent leader avec Clermont et qui a conservé sa place dans le groupe en compagnie de Sébastien Bézy (24 ans), très bon avec le Stade Toulousain depuis quelques mois et qui rappelle un peu Jean-Baptiste Elissalde par sa technique et sa vision du jeu.
Debaty non, Atonio oui
Le sélectionneur a également poussé vers la sortie le briscard belge Vincent Debaty (34 ans, 37 capes depuis 2006) qui n’a jamais réellement pu s’imposer dans la peau d’un titulaire indiscutable en équipe de France et qui sera trop vieux pour la Coupe du monde 2019. S’il a reconduit des piliers de l’ère PSA, le Rochelais Uini Atonio (25 ans, 10 capes), le Racingman Eddy Ben Arous (25, 12) ou le Stadiste Rabah Slimani (26, 21), Novès a convoqué un petit nouveau, le redoutable Jefferson Poirot (23 ans, Bordeaux-Bègles) qui a contribué au bon début de saison de sa formation. Tous sont de bons joueurs de mains y compris Atonio qui possède cependant un gabarit d’impact player qui tranche avec les trois autres.
Camara, Jédrasiak: la relève
Toujours dans cette optique de rajeunir le groupe afin de commencer à préparer l’avenir –le Mondial japonais- sans occulter le présent, le staff a fait appel deux autres nouveaux joueurs. Le 3e ligne Yacouba Camara (21 ans, Toulouse) et le 2e ligne Paul Jedrasiak (22 ans, étincelant cet automne avec Clermont). Guerriers et coureurs, ils possèdent tous deux des profils très recherchés en ce moment et incarnent l’avenir immédiat d’un rugby qui s’est transformé sous l’impulsion des All Blacks, comme le dernier rendez-vous planétaire l’a démontré.
A ce titre, l’ancien coach du Stade Toulousain a rappelé Benjamin Fall (26 ans, 6 sélections, Montpellier), Maxime Machenaud (27, 18, Racing), Jules Plisson (24, 6, Stade Français), Maxime Médard (29 ans, 11 essais en 41 capes, Toulouse), Wenceslas Lauret (26, 7, Racing) et Hugo Bonneval (25, 4, Stade Français), tous de retour de méformes ou de blessures.
Guirado, Maestri, Picamoles: les tauliers
Médard sera le papa des lignes arrières avec François Trinh-Duc (29 ans, 50 sélections, Montpellier). Le Toulousain, que Novès connait par cœur, et le futur Toulonnais, que le sélectionneur apprécie énormément (contrairement à Saint-André qui l’avait écarté de sa liste des 33 pour l’Angleterre), encadreront une génération qui tarde à confirmer les promesses annoncées mais qui aura à cœur de se racheter après un Mondial décevant au sein d’un XV de France au jeu simpliste, non abouti.
D’autres cadres de ces dernières saisons débuteront l’ère nouvelle qui doit mener à 2019 en essayant de regagner le vénérable Tournoi (dernier succès et Grand Chelem en 2010 avec Marc Lièvremont comme entraîneur). Il s’agit de valeurs sûres comme les talonneurs Guilhem Guirado (capitaine, 29 ans, 38 capes, seul élément du Ercété dans la liste) et Benjamin Kayser (31, 37, Clermont), du 2e ligne Yoann Maestri (27, 42, Toulouse) ou des 3e ligne Damien Chouly (30, 36, Clermont) et Louis Picamoles (29, 51, Toulouse), l’un des rares à avoir évolué à un niveau décent au Mondial.
Dulin et Guitoune: absents surprises
Loann Goujon (26 ans, 5 capes, UBB), Alexandre Flanquart (26, 18, Stade Français), Bernard Le Roux (26, 23, Racing), Sébastien Vahaamina (24, 16, Clermont) ou encore Scott Spedding (29, 14, Clermont), le troisième étranger de ce groupe France, ont réussi à sauver leur place dans les 30 même si rien n’est assuré pour le Tournoi.
A noter les absences remarquées de manieurs de ballons talentueux tels Brice Dulin (25 ans, 24 sélections, Racing), Sofiane Guitoune (26, 5, UBB), Noa Nakaitaci (25, 8, Clermont), Yannick Nyanga (30, 46, Racing), Fulgence Ouedraogo (29, 39, Montpellier) et Yohan Huget (28 ans, 7 essais en 41 sélections, Toulouse), ce dernier étant blessé actuellement mais dans les petits papiers de Guy Novès pour plus tard, ce qui n’est pas forcément le cas des autres même si rien n’est définitif.
Deux trentenaires, onze jeunes
Thierry Dusautoir (34 ans, 80 capes, Toulouse), Dimitri Szarzewski (32, 83, Racing), Nicolas Mas (35, 85, Montpellier), Pascal Papé (35, 65, Stade Français) et Frédéric Michalak (33 ans, 436 points en 77 sélections, Toulon) avaient eux annoncé leur retraite internationale après la Coupe du monde. Ils constituaient les cadres de l’effectif de la dernière décennie et il sera difficile de remplacer leur impact tout de suite.
Le groupe pour le premier match du Tournoi des six nations, le 6 février contre l'Italie, sera lui annoncé le 19 janvier. Le staff français ne devrait pas trop changer ce groupe initial à moins de blessures, de suspensions ou de contre-performances notables. Un effectif de 30 joueurs dont onze de moins de 26 ans et seulement deux de plus de 30 ans (Kayser et Chouly, pas partants pour être titulaires). Un squad conforme à ce que veux Guy Novès qui n’a jamais caché qu’il était là pour renouveler l’état d’esprit et le jeu d’un XV de France qui ne fait plus rêver ses supporters depuis maintenant quatre longues années.
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