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Rugby : le Stade toulousain en zone de turbulence avant de recevoir Bordeaux-Bègles, leader du Top 14

Toulouse reste sur une triste série de six défaites de rang. Du jamais vu dans l'histoire du club. 

Article rédigé par franceinfo: sport - Léo-Pol Platet
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
Sofiane Guitoune lors du match face à la Section paloise, le 19 février 2022.  (GAIZKA IROZ / AFP)

Être sixième de Top 14 en cours de saison n'a vraiment rien de déshonorant. Même lorsqu'on s'appelle le Stade toulousain et que l'on est le champion de France et d'Europe en titre. Ce qui fait tâche en revanche, avec un tel nom et un tel passé récent, c'est de marquer l'histoire avec un record bien morose de six défaites de rang en championnat. Une première dans l'histoire du club qui reçoit l'UBB, dimanche 27 février, après un nouveau revers à Pau (27-22), samedi dernier. 

Un hiver rude

Pourtant, après un début d'année 2021 extraordinaire, ponctué par un si rare doublé, Toulouse avait commencé sa saison 2021-2022 sur les mêmes standards. Une série de six victoires, et non des moindres sur les pelouses de La Rochelle ou Montpellier notamment. Et puis patatras. Avant de recevoir le leader Bordeaux-Bègles, en plein coeur du Tournoi des six nations, les troupes d'Ugo Mola, largement amputées de leur contingent d'internationaux, sont en mal de victoire depuis le 27 novembre dernier.

Si les premières défaites, concédées face à des concurrents directs, n'étaient pas de nature à inquiéter sur les quais de la Garonne, les dernières face à Perpignan, le Stade Français et Pau commencent à poser question. 

"Ce n'est pas habituel à Toulouse, commente Vincent Clerc qui a porté les couleurs toulousaines pendant près de quinze ans. Il explique : Le Stade a très peu joué lors des mois de décembre et de janvier, il y a eu beaucoup de matchs reportés, en coupe d'Europe comme en Top 14, donc il y a un manque de rythme évident. Et puis on ne peut pas le cacher, ça fait vingt ans que l'on en parle, mais aujourd'hui le Stade toulousain est privé d'un tiers de son effectif sur des matchs importants à cause des doublons avec le XV de France. Il y a six ou sept matchs durant lesquels le staff doit composer sans ses meilleurs joueurs."

Un championnat "faussé"

Les "doublons". Un refrain qui revient sans cesse et qu'Ugo Mola continuait de chanter après la défaite à domicile face au Stade Français, samedi 12 février, dans les colonnes de Rugbyrama : "Je suis partagé entre la frustration et l’inquiétude. Inquiet forcément quand on voit le programme qui est le nôtre avec malheureusement notre lot de blessures. Mais inquiet dans une période où le championnat, nous le savons tous, est faussé nous concernant." 

Si Toulouse est le premier pourvoyeur du XV de France, mettre entièrement la faute sur les doublons ne serait pas tout à fait exact. Le début de la fin a pris sa source au moment où les Bleus de Galthié faisaient relâche. Outre les absences de ses joueurs cadres, le manque de rythme dû aux nombreux reports à cause du Covid cet hiver peut également expliquer cette méforme. En plus, le club aux 21 boucliers de Brennus ne semble pas disposer de la même profondeur de banc que les saisons dernières. "L'équipe a peut-être moins de marge de manoeuvre, s'interroge Vincent Clerc. Les joueurs qui ont l'habitude d'être remplaçants doivent assumer six matchs au lieu de trois en tant que titulaires, et en plus ce ne sont pas les meilleures conditions." 

L'état d'esprit en question

Le club si prompt à lancer des jeunes joueurs se retrouve à le faire contraint et forcé, "pas dans les meilleures conditions", de l'aveu même d'Ugo Mola avant la défaite à Pau, au micro de Canal +. 

S'il avait esquissé un léger sourire au moment d'évoquer cela, le manager haut-garonnais n'en a pas toujours distillé ces derniers temps. Après la lourde défaite à Perpignan, samedi 5 février, il avait chargé ses joueurs. 

"Je suis forcément en colère mais je n’ai pas envie de tirer ou de taper sur quelque chose qui a été tellement brillant il n’y a pas si longtemps que cela… On doit trouver le bon ton pour arrêter de se victimiser, de faire la une des magazines et des journaux. Sans vexer personne, un joueur de rugby doit rester un joueur de rugby, un entraîneur de rugby doit rester un entraîneur de rugby et l’environnement du club doit rester ce qu’il est. On s’est tous dispersés, beaucoup se dispersent et il va falloir resserrer les rangs car on a touché le fond", avait-il lâché, toujours chez nos confrères de Rugbyrama.

Des propos sensiblement similaires à ceux de Thomas Ramos, après la défaite à Pau cette fois. "Ne pas se lâcher, c'est beau de le dire, mais il faut le faire. Dans des moments comme ça, je pense qu'il faut se regarder dans une glace, arrêter de parler sur les autres (...) et se remettre au travail parce que peut-être qu'on a oublié ça depuis un moment."

"L’équipe est en difficulté, cela exacerbe certaines émotions et tout le monde ne réagit pas de la même manière, commente Vincent Clerc. Je ne pense pas qu’il y ait un manque de solidarité dans cette équipe mais c’est dur à vivre donc les joueurs réagissent différemment, il doit y avoir de petites tensions même si le potentiel de Toulouse est bien là."

Un choc et ça repart ? 

Lors de la saison 2014-2015, le potentiel toulousain était également bien là. Vincent Clerc aussi. Pourtant, les hommes du Guy Novès avaient débuté la saison avec une triste série de cinq défaites de rang. Une anomalie, déjà. Un moment dont l'ailier international se souvient "très bien" et que ses coéquipiers et lui avaient traversé à force de dialogue, de réunions à bâtons rompus.

La mauvaise série s'était achevée par une victoire face au Stade français, le futur champion de France. Dimanche, c'est l'actuel leader du championnat qui se présentera à Toulouse, l'Union Bordeaux-Bègles. Les mêmes Girondins contre qui le Stade avait débuté sa mauvaise série de six défaites. 

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