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Benjamin Kayser sur la disparition d'Éric de Cromières : "Une perte immense"

Passé sous les couleurs de l'ASM Clermont Auvergne entre 2011 et 2019, notre consultant Benjamin Kayser a connu toutes les émotions sous la présidence d'Éric de Cromières, décédé ce jeudi. Des finales perdues en Top 14 et Champions Cup aux titres de champion de France et de Challenge Européen, l'ancien talonneur s'est confié sur l'homme et le président qu'était l'un des symboles du club auvergnat.
Article rédigé par Jules Boscherini
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4 min
  (THIERRY ZOCCOLAN / AFP)

Comment avez-vous réagi à l’annonce de la disparition d’Eric de Cromières ?

Benjamin Kayser : "Évidemment c’est beaucoup de tristesse, c’est une grosse perte. C’était un bon président de l’ASM. Il était à la tête du club depuis 2013 et Éric de Cromières a mis tout son sang et sa sueur dans mon club de Clermont, celui dans lequel j’ai fini ma carrière et on avait une relation assez proche. Il était très proche des joueurs, il adorait le club, le rugby et le monde de l’entreprise. C’est pour ça qu’il se régalait dans son job de président, où il donnait vraiment toute son énergie à son club pour qu’il soit fièrement représenté. C’est quelqu’un qui avait énormément de caractère et de charisme, accompagné d’une femme formidable à qui on pense très fort parce qu’elle a toujours été présente à ses côtés."

Que pensiez-vous de l’homme et du président qu’il était ?

B.K. : "La perte de l’homme est immense, encore hier soir je discutais avec mon père, qui comme lui a été à HEC, et quand je lui ai appris sa maladie, il s’est senti touché. C’était quelqu’un de tellement fort, qui ne se plaignait jamais… Dans ses interviews, il racontait qu’il y avait pire que d’avoir le cancer en France car on est très bien suivi et qu'il n'avait pas le droit de se plaindre. J’ai trouvé ça, à l’image du bonhomme, hyper fort ! J’ai toujours fait des soirées caritatives à titre personnel et il a toujours été là ! Il avait cette fibre et c’était important pour lui de donner du temps pour les autres."

Il a permis de garder le cap

Vous avez remporté plusieurs titres sous sa présidence en tant que joueur, quel était votre vécu à ses côtés ?

B.K. : "On avait une vraie relation de partage avec lui. C’est quelqu’un qui aimait être proche des joueurs. Nous nous sommes toujours bien entendu car je m’intéressais à la façon dont le club était géré et lui s’intéressait à mes perspectives. Quand j’ai demandé au club de m’accompagner dans ma reconversion et mes études, il a toujours eu une oreille attentive… Et surtout, il voulait inscrire au palmarès de l’ASM, tous les titres que l’on pouvait et voulait avoir ! Je pense au titre de champion de France de 2017 qu’il a vécu comme nous tous, comme un vrai accomplissement."

Vous êtes passé par plusieurs club, est-ce que c’était un président qui vous inspirait ?

B.K. : "Depuis son arrivée au club, il a fait partie de cette nouvelle génération, avec Franck Azéma, qui a dû se construire pour finalement arriver à un titre. Franchement, c’était un énorme travail, tout un parcours avec des défaites cruelles et dures  (ndlr : l’ASM perd la finale de TOP 14 en 2015 ainsi que celles de Champions Cup en 2015 et 2017) et il a vécu tous ces grands moments. Donc évidemment qu’il a fait partie de l’épopée du club mais aussi des mauvais moments… Je pense à l’année 2018, post titre, où on fait une saison de merde, que ça commence à grincer des dents car on loupe tous nos objectifs, lui, il a assuré le maintien du flambeau et a permis de garder le cap."

Que retenez vous de sa présidence ?

B.K : "Il était très digne et tous les gens du club sont d’accord pour dire que c’était un super soldat de l’ASM qui avait comme unique intérêt de tout lui donner pour qu’il soit fièrement représenté et qu’il puisse imposer son autorité au sein des grandes instances du rugby. Il voulait qu’on soit capable de se bagarrer pour aller chercher des titres et dégager une ambition et une détermination, que l’on ne prêtait pas forcément à l’image absolue de Clermont, tout en étant responsable et ancré dans la région."

Sa mémoire restera gravée dans le club

Existe-t-il encore des présidents comme lui dans le monde du rugby ?

B.K. : "Je ne connais pas tous les présidents intimement… Mais c’est sûr qu’aujourd’hui, il y a plus de présidents entrepreneurs qui amènent un apport financier ultra-important que de simples salariés. Je ne sais même pas si Éric de Cromières était salarié du club ou simple bénévole… Son seul intérêt était de créer un club équilibré, avec une économie réelle pour que le club soit prospère. J’imagine qu’il y a d’autres présidents comme lui et j’espère qu’il y en aura d’autres à son image."

Avez-vous une anecdote à raconter sur le président ?

B.K : "Je ne sais pas si c’est une anecdote, mais c’était un président dur, costaud et qui attachait beaucoup d’importance à son club. Je me rappelle qu’en 2017, quand on est champion, il a fait la fête comme un jeune joueur de 18 ans qui est champion pour la première fois et j’ai le souvenir d’avoir passé quelques belles soirées avec lui… On n'avait pas l’impression d’avoir à faire à notre président, mais plutôt à l’un des mecs du groupe."

Avez-vous un message à passer aux supporters, aux joueurs Clermontois ?

B.K. : "Simplement que c’est une perte immense pour l’ASM, qu’on envoie toute notre force à sa famille et je suis sûr que sa mémoire restera gravée dans le club. Il laisse une grosse peine à tout le peuple clermontois."

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