Bordeaux-Bègles va rester à Chaban
D'abord réticent à l'idée coûteuse de pérenniser la vie du vieux stade Chaban-Delmas (33.000 places), inauguré en 1938, alors que le Grand stade (43.000 places) doit être livré dans le quartier du Lac en avril 2015, Alain Juppé a changé son fusil d'épaule, à portée du premier tour des municipales. Interrogé par France Bleu Gironde, il a expliqué "se rendre compte qu'il serait sans doute possible de conserver à Lescure, appelons ce site ainsi, un stade de 15 à 20.000 places en réaménageant le reste du site pour l'ouvrir sur le quartier".
Manoeuvre électorale?
"L'UBB pourrait jouer en alternance les matchs +classiques+ sur ce Chaban rénové et les grands matchs au Grand stade parce que ça lui apportera beaucoup de recettes de billetterie", a-t-il poursuivi. Du coup, il a coupé l'herbe sous le pied de son challenger socialiste, Vincent Feltesse, président actuel de la Communauté urbaine de Bordeaux (CUB), partisan depuis longtemps de l'installation des joueurs de l'UBB à "Chaban". Vincent Feltesse n'avait d'ailleurs pas hésité à mouiller le maillot le 1er mars lors de la venue de Clermont (31.300 spectateurs), en organisant une distribution de tracts aux entrées du stade.
Il a aussi fait sortir de ses gonds Noël Mamère (ex-EELV), candidat à sa propre succession à Bègles où il rêve d'une enceinte moderne de 18.000 places à la place du vétuste stade André-Moga (9.200 places dont beaucoup debout), qui a accueilli 5 matches de Top 14 cette saison et où s'entraîne quotidiennement l'UBB, sans en avoir le financement évalué à 30 millions d'euros. "Toutes ces hypothèses sont fumeuses et je demande qu'on arrête d'hystériser le débat du rugby pour des raisons électorales", a ainsi déclaré Noël Mamère à Sud Ouest juste après cette annonce.
Crise de croissance
Au milieu de tout cela, l'UBB (9e du Top 14) peut respirer, elle qui s'est approprié Chaban avec huit délocalisations et remplit allégrement ce stade depuis son apparition dans l'élite en 2011 (2e affluence du Top 14 à domicile). Elle qui répète sans cesse, par la voix de son président Laurent Marti, que "sans Chaban, économiquement, on est mort". Car au-delà de la bataille de clochers via stades interposés, c'est bien l'existence de l'Union qui est en jeu, et le fait que son avenir soit abordé dans cette campagne électorale prouve bien son essor et la place qu'elle a prise dans la vie de la métropole.
Avec un budget (13 millions d'euros, 14,5 annoncés la saison prochaine) plutôt moyen dans le concert du Top 14, et même si des projets novateurs (UBB Grands Crus de vin de Bordeaux) fleurissent pour conquérir de nouveaux partenaires freinés par la Loi Evin sur la publicité pour des produits alcoolisés, l'UBB ne peut s'offrir une crise de croissance liée à ses lieux de jeu alors qu'une qualification pour les barrages pourrait égayer sa fin de saison. "Souhaitons qu'un compromis soit trouvé entre les décideurs politiques qui composent le paysage local afin de faire de Chaban-Delmas un stade d'au moins 20.000 places équipé de loges et d'une salle de réception pouvant accueillir nos nombreux partenaires, et du stade André-Moga un centre d'entraînement et de formation digne des plus grands clubs", a ajouté Laurent Marti, en partie rassuré.
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