Cet article date de plus de quatre ans.

Gaël Fickou : "Reprendre la saison de Top 14 ? Ça paraît compliqué"

Désigné capitaine de la défense sous l’ère Galthié, Gaël Fickou est l’un des leaders incontestables de l’Equipe de France de rugby. Le centre du Stade Français est aussi l’un des joueurs les plus expérimentés des Bleus, avec 54 sélections à son compteur. Resté à Paris, Gaël Fickou a fêté ses 26 ans la semaine dernière, en plein confinement. Ce lundi, il revient avec nous sur ses deux premières semaines d’isolement.
Article rédigé par Inès Hirigoyen
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 7min
  (GABRIEL BOUYS / AFP)

Gaël, vous êtes à Paris actuellement, comment se passe votre confinement ? On se doute qu’il doit être un peu différent de certains sportifs qui ont la chance d’être proches de la campagne ?
Gaël Fickou :
"Ça se passe très bien. On a la chance d’avoir un confort de vie qui est sympa, même si c’est vrai qu’à Paris nous sommes forcément dans des appartements, moi j’ai l’espace donc c’est cool. (rires) Bien sûr, c’est différent on sait très bien qu’on n'a pas autant d’espace à disposition, mais sincèrement on n’est pas à plaindre !"

Votre appartement est-il devenu votre salle de sport ?
GF :
"J’ai une terrasse chez moi, donc j’ai pas mal d’espace pour faire du sport à cet endroit là. Ensuite, j’essaye d’aller courir un peu tous les jours pendant une heure, comme c’est autorisé."

Toujours avec votre attestation ? 
GF :
"(rires) Ah oui, elle est toujours dans mon sac à dos !"

Fêter son anniversaire en étant confiné, ça ne ressemble pas à grand chose

Le 26 mars dernier, vous avez fêté vos 26 ans, ça ressemble à quoi une fête d’anniversaire en plein confinement ? 
GF :
"A pas grand chose, j’ai rien fait ! J’étais chez moi tranquillou. Je ne l’ai pas fêté, mais je le ferai plus tard, il y a plus important dans la vie. Après, c’est sûr, on aurait préféré le fêter et rire avec mes amis et ma famille, mais je ne suis pas le seul dans ce cas et puis il y en aura d’autres des anniversaires. […] Mais j’ai quand même reçu plein de messages."

Nous sommes confinés depuis deux semaines maintenant, que faites-vous de vos journées ?
GF : "Je joue à la console de jeu, je regarde des séries, mais au bout d’un moment c’est lassant. […] J’appelle aussi beaucoup de monde, toutes les personnes que je n’ai pas le temps d’appeler d’habitude, sinon je ne fais rien de fou. Le problème, c’est quand on se lève et qu’il n’y a pas de rugby, c’est compliqué et on n’a pas l’habitude de ça. C’est pas facile, mais c’est une période compliquée pour tout le monde. On serre les dents et on se dit qu’il y a  des personnes qui sont à l’hôpital et qui souffrent. Nous, on a la chance d’être en bonne santé pour le moment."

Est-ce que le confinement a apporté une prise de conscience chez les gens, selon vous ?
GF :
"Il y a des gens qui ont attrapé le coronavirus, d’autres qui en sont morts et nous, pour l’instant, on a la chance de ne pas vivre ça. C’est compliqué, parce que lorsqu’on voit les photos, les informations... ça fait peur. Malheureusement nous, nous ne pouvons rien y faire. La seule chose que nous devons faire c’est rester chez nous, même si ce n’est pas simple. Il y a des gens qui vivent des choses atroces qui voient leurs enfants partir, leurs parents ou leurs grands-parents ou des amis et ça c’est difficile. Alors pour tout ça il faut s’estimer heureux d’être en bonne santé, que nos familles aillent bien. Le sport, dans tout ça, c’est secondaire et on en refera, même si on aura pris un peu de poids pour l’été et que c’est pas top pour le summer body, mais ça ce n’est vraiment pas grave."

Comment vivez-vous l’éloignement avec vos coéquipiers et l’éloignement des terrains ? 
GF :
"Sincèrement, la première semaine je l’ai bien vécue. Ça fait du bien de se reposer après le Tournoi des VI Nations, c’est pas facile avec tous les entraînements et les matches. Maintenant ça commence à être long… Mais on n’y peut rien, c’est difficile pour tout le monde et il n’y a pas de solution miracle. La solution c’est de patienter, de prendre sur soi et attendre que ça passe. On essaie de s’occuper mais au bout d’un moment, c’est lassant, on n'a pas l’habitude d’avoir cette vie-là et c’est frustrant."

Il va falloir faire des concessions à certains moments.

La suite de la saison, vous y pensez ? Ou ce n’est pas le principal dans la situation actuelle ?  
GF :
"Je pense que le principal c’est que tout le monde aille mieux, que notre pays guérisse vite mais… je ne sais pas trop. Nous sommes dans le flou, nous n’avons aucune info, ça a l’air très compliqué. J’ai entendu plusieurs choses, mais ce n’est pas moi qui vais décider de la suite de la saison donc ce qui est sûr, c’est qu’il va falloir faire des concessions à certains moments. C’est compliqué pour l'entrainement. J'ai eu la chance de commencer tôt le championnat, mais d’autres joueurs viennent à peine de le débuter parce qu’ils reviennent de blessure, par exemple. La situation est différente pour chaque joueur. Nous ne savons pas comment sera la suite de la saison, mais une chose est certaine : nous devrons repasser par une phase d’adaptation physique. Nous avons l’habitude de nous entraîner toute la journée, et là nous sommes à une heure de sport par jour, c’est compliqué."

Il y aura forcement une reprise pour vous ou comme l’a annoncé le Bureau Fédéral de la FFR pour les championnats amateurs, le Top 14 pourrait lui aussi s’arrêter ? 
GF : "Je pense que c’est une possibilité envisageable, ça m’a l’air compliqué de reprendre avec tant de matches de retard et d'enchaîner sur d’autres. Je pense que ça sera compliqué, mais ce n’est pas moi qui fait les règles, donc je ne peux pas savoir. Les présidents trouveront des solutions, j’en suis sûr !"

Nous vous laissons le mot de la fin, quel message souhaitez vous faire passer à vos supporters ? 
GF : "Il faut se rendre compte que la liberté, c’est super important et que nous avons de la chance de pouvoir être libre. Et même si cette période est compliquée, nous sommes malgré tout chanceux dans notre vie quotidienne. Nous allons nous retrouver pour vivre plein de bonnes choses ensemble. Aujourd'hui est un moment difficile à passer, mais il faut rester sérieux et on prendra beaucoup de plaisir à se retrouver après tout ça."

Lancez la conversation

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.