Le jour de gloire du Stade Français
En 2011, en pleine morosité, le Stade Français avait frôlé le dépôt de bilan et la relégation administrative. Le terrible passage à vide du club durera trois années encore. Au total, huit saisons difficiles (2007-2014), dont six sans phases finales où tout était bouleversé : le président, les coaches (cinq entraîneurs différents sur la période), le stade (de Jean-Bouin à Charléty), l’identité, le statut. Personne n’osait prédire quand et comment l’équipe francilienne, insatiable dans les années 2000, finaliste à cinq reprises et championne de France quatre fois (2000, 2003, 2004, 2007), allait se remettre de cette interminable gueule de bois. Le renouveau, inespéré, est survenu cette saison. Et il s’est concrétisé ce samedi par un succès étriqué et peu spectaculaire mais ô combien libérateur face à l’ASM Clermont, au Stade de France. Aussi curieusement qu’ils avaient disparu dans l’ombre, les Soldats Roses viennent de basculer à nouveau dans la lumière.
Clermont est passé à côté de sa finale
Si le Stade Français a cette saison été le vent de fraîcheur inattendu du Top 14, tombeur de l’ogre toulonnais en demi-finale au terme d’un match parfait, il n’a pas été aussi fringant ce samedi à Saint-Denis. Annoncée comme celle du beau jeu, la finale du Championnat a accouché d’un match fermé et stratégique, presque morose, vierge de tout essai, dont le club francilien s’est difficilement extirpé. Il a fallu la réussite de Morné Steyn, à 100% au pied en première période (3/3, 15e, 21e, 28e), pour que les "locaux" existent au tableau d’affichage. Cela a suffi. Car si le demi d’ouverture sud-africain a complètement manqué sa deuxième mi-temps (avant de réussir une dernière pénalité, à la dernière minute), le groupe parisien n’a pas sombré pour autant.
Sans doute plombés par leur réputation de perdants magnifiques, les joueurs l’ASM sont passés à côté de leur finale. Dominés physiquement, jamais ils n’ont réussi à se libérer et à passer le bloc francilien, pourtant victime d’un gros passage à vide couplé à une fâcheuse tendance à se débarrasser trop rapidement du ballon en deuxième période. Jamais Clermont n’en a profité. Précipitations et imprécisions symbolisées par la maladresse de Morgan Parra, qui a manqué toutes ses tentatives au pied, et par celle de Brock James qui après avoir réduit la marque (62e), a raté la pénalité de l’égalisation à dix minutes de la sirène. "On a été trop naïfs, on a raté beaucoup trop de points, a regretté le capitaine Damien Chouly à l'issue du match. Encore une fois on perd, on a cette sale réputation. Il y a de l'agacement envers nous-mêmes, l'histoire se répète. Encore une fois, on a été naïfs."
"Ça n'a pas été une belle finale à regarder, mais on s'en fout"
"C'était un match fermé, ça s'est joué sur pas grand-chose, une pénalité ou deux", reconnaissait le demi de mêlée Julien Dupuy, placide, conscient d'avoir résisté au courage pendant la dernière demi-heure de jeu. Sergio Parisse, l'un des cadres du Stade Français -réanimé cette saison par ses jeunes pousses (Danty, Flanquart, Slimani, Camara) et par son manager, Gonzalo Quesada-, n'a lui pas pu retenir ses larmes. "C'est juste un rêve, j'ai du mal à parler, c'est incroyable. Ça n'a pas été une très belle finale à regarder, mais on s'en fout, on a mené, on n'a jamais lâché. Maintenant, on va savourer." Si la fête est aussi belle que l'attente a été longue, le Stade Français s'apprête à passer une sacrée nuit.
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