Le projet de reprise du Stade Français par les anciens joueurs dévoilé par Christophe Dominici
La naissance du projet
"Le jour où la fusion a avorté. On a tous crié haut et fort qu’on était contre cette fusion. Après, il fallait trouver des solutions. Une fois la fusion avortée, on s’est tous téléphonés, et on a décidé de monter un tour de table de façon intelligente, de construire un projet sportif, une vision du club à 10-15 ans. On veut que le club soit capable de subvenir à ses besoins sans être tributaire d’un actionnaire. On a réuni 40 personnes dans un lieu tenu secret. On leur a exposé le projet. On avait des éléments financiers : les pertes, l’endettement… On a tous appelé notre réseau, nos copains, nos amis, des marques, des sponsors…"
La philosophie du projet économique
"On a dit aux gens qui venaient dans ce tour de table que l’argent qu’ils allaient mettre, ils le perdraient. On est clair. Le sport en général en France n’est pas viable sur la globalité. Notre objectif, c’est de rendre un projet économique viable. La Rochelle arrive à le faire, quelques autres clubs aussi comme le RCT. S’il y a des risques, on les dilue. Pour ne pas être tributaire d’un seul actionnaire, qui peut décider du jour au lendemain de quitter le navire, on veut limiter la part de chacun à 10-15%. Le collectif de joueurs rentre aussi au capital.
On veut sortir du système des mécènes. En trouver, ce n’est pas le plus compliqué. A part enrichir des joueurs, est-ce profitable ? Les millions investis au Stade Français ont été utiles aux joueurs, mais pour le club, cela n’a pas servi à grand-chose. Notre économie n’est pas viable. On vit au-dessus de nos moyens. Tout le monde le sait. Et cela va créer un effondrement de notre Top 14."
La philosophie du projet sportif
"L'année prochaine, on sera ultra-compétitif. On gère un club, pas une entreprise financière. Mais avec quelque chose de juste, peut-être des primes à la victoire, on va revenir sur quelque chose de beaucoup plus intéressant. On n’ira pas à l’encontre des salaires actuels. On va s’y tenir. Mais le rugby ne peut pas se permettre de payer des salaires aussi énormes qu'aujourd'hui. La formation a été délaissée. Or, c’est un secteur essentiel aujourd’hui. Montferrand a fait une formation importante, et plein de joueurs jouent désormais. La Rochelle c’est pareil. Ce n'est pas en mettant des noms sur la feuille de match qu’on sera champion de France. C’est pas vrai. La vérité, c’est la victoire. Je ne suis pas convaincu qu’Altrad ait un retour sur investissement, comme Lorenzetti…
Le Stade Français a 50 joueurs sous contrat. On veut une équipe compétitive. Le projet sportif demandera de l’investissement. Mais en contre partie, on développera une formation très importante, avec la construction d'un centre de formation digne de ce nom, d'un lieu de vie. Cela sera une ligne directrice pour l’avenir du club. On veut être acteur majeur de la formation. La formation fait parfois peur. Ce n’est pas parce qu’on en parle qu’on manque d’ambition. Ce n’est pas vrai. Aller chercher des noms ne garantit pas d’être champion de France ou d’Europe."
La philosophie du projet social
"On ne signera pas de joueur parce qu’on lui propose plus d’argent, car il n’aura rien à faire chez nous. On va lui proposer une reconversion intelligente, que peu de clubs mettent en place, une vision, s’investir dans le club s’ils ont envie. Tous les actionnaires que nous avons connaissent une réussite incroyable. Notre tour de table réunit plus de 3 milliards de fonds propres. On a des gens de l’informatique, du management, de l’immobilier, les placements, le pétrole... On a une diversité d’entrepreneurs qui nous permettra de proposer une reconversion aux joueurs. La fin de carrière arrive très vite. Quand on voit les dégâts que le professionnalisme est en train de faire...
On veut passer des accords avec les petits clubs de la région dans un donnant-donnant pour les aider, former leurs éducateurs... On veut beaucoup plus de transversalité avec l'association, la mairie de Paris..."
La confiance dans ce projet
"Je ne pensais pas que ce club était autant aimé dans le milieu des entrepreneurs, des supporters, des joueurs, des anciens joueurs… Il y a une énergie autour de notre projet assez exceptionnelle. Notre projet est le plus abouti, le plus pérenne. On est tributaire d’une décision qu’on ne maîtrise pas. On aura tout fait pour que le club survive, ce qui était la 1re priorité, et qu’il n’y ait pas cette fusion, la 2e périorité. Aujourd’hui, il y a des repreneurs potentiels. On en fait partie. On saura dans les heures qui viennent la décision."
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