Le Racing 92 et le Stade Français se lancent dans une fusion
Cela fait longtemps qu'on entend parler d'une fusion entre le Biarritz Olympique et l'Aviron Bayonnais. En vain tant les voisins basques sont antagonistes. Une fusion entre le Racing 92 et le Stade Français semblait ne pas être d'actualité. Comment imaginer les deux derniers champions de France (2015 le Stade Français, 2016 le Racing 92) s'unir ? Comment imaginer que les deux premiers clubs de rugby créés en France à la fin du 19e siècle pourraient faire fi du passé ? Comme imaginer que les deux clubs franciliens, forts de l'attractivité économique de la région et du fort potentiel humain avec énormément de clubs formateurs, ne parviendraient pas à survivre à deux au plus haut niveau ? C'est pourtant bien une fusion qui a été annoncée, via un communiqué, dans l'attente d'une conférence de presse qui aura lieu dans l'après-midi avec les deux présidents.
Dans une lettre aux supporters du Racing 92, Lorenzetti a précisé qu'il "dirigerait le nouvel ensemble en présidant son directoire en alternance avec Thomas Savare". Les deux présidents entendent "coopérer au niveau des associations et fusionner (leurs) deux équipes professionnelles", a précisé M. Lorenzetti. Dans le rugby français, les clubs professionnels sont adossés à des associations amateurs support qui détiennent le pouvoir de les engager ou non en championnat. La fusion des effectifs obligera les deux parties à diminuer drastiquement leurs troupes. "Il faudra que les deux Laurent (Travers et Labit) fassent des choix", a avancé Lorenzetti, sous-entendant que ses deux entraîneurs dirigeraient l'équipe la saison prochaine. "Le mérite sera le critère, probablement la jeunesse et le fait d'être sélectionnable" au sein du XV de France, a-t-il encore estimé.
Le Stade Français pillé de certains de ses meilleurs joueurs
Il faut dire que, depuis plusieurs mois, les deux clubs font face à certains contrecoups. D'un côté, le Stade Français est pillé de certains de ses meilleurs joueurs et son avenir ne semble plus s'inscrire avec son actionnaire Thomas Savare, qui l'avait sauvé de la crise en 2011. De l'autre, le Racing 92, champion de France et finaliste de la Coupe d'Europe la saison passée, est passé au travers de ce début de saison, avec en plus les "affaires" Dulin et Nyanga (blanchis depuis des soupçons de dopage) et celle d'Ali Williams (cocaïne), sans oublier Dan Carter arrêté en ébriété au volant. Mais plus que tout cela, le Stade Français a fait une croix sur la qualification pour les phases finales, et donc pour la Coupe d'Europe, alors que le Racing 92 s'est compliqué la tâche en comptant désormais 6 points de retard sur le 6e et dernier qualifié. Bref, sportivement, les deux équipes vivent une mauvaise saison. Est-ce pour cela qu'ils veulent s'unir ?
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Le communiqué commun explique: "Ces deux clubs phares de Paris et des Hauts de Seine, au-delà de la rivalité sportive qu’ils ont volontiers entretenue, ont bien d’autres points communs : un ancrage local et régional fort, une historique mission éducative, des liens ancestraux avec le mouvement olympique ou encore une inextinguible volonté de progresser dans tous les domaines. C’est fort de ces principes que les deux clubs posent les bases d’un projet de fusion en mettant en commun leurs ressources pour mieux faire face aux défis de la performance et de l’éducation. Cette association, effective dès la saison prochaine, doit donner naissance à un nouveau club qui préservera les racines du Racing 92 comme celles du Stade Français Paris tout en multipliant les moyens mis au service de la jeunesse et du rugby français."
Quelles conséquences sur les relégations/accessions ?
Reste des problèmes bien pratiques. Le premier: le nom. Face à des entité plus que centenaires, difficile d'effacer le nom, et le passé. Le deuxième: le stade. D'un côté, le Stade Français dispose de Jean-Bouin, une enceinte flambant neuve (20 000 spectateurs de capacité). Mais le Racing 92 va entrer dans son écrin à la fin de cette année, dont la modularité devrait en faire une place forte du sport français (capacité à 32 000). Et qu'en est-il des joueurs ? Des effectifs pléthoriques de chaque côté, pour faire face aux échéances ambitieuses de chacun, le dilemme promet d'être intense pour des présidents qui annoncent cette fusion pour le début de la saison prochaine. Quant aux entraîneurs, Gonzalo Quesada, celui du Stade Français, avait annoncé son départ. Reste donc le duo Laurent Travers - Laurent Labit, qui a prolongé au Racing. Mais cette fusion pose de nombreuses questions, aux deux clubs mais aussi à la Ligue nationale de rugby. Car s'il ne reste plus qu'un club sur les deux pour débuter la saison 2017-2018, il faudra donc, soit ne faire descendre qu'un club du Top 14 en ProD2, soit en faire monter un de plus de ProD2.
La fiche du Stade Français
Président: Thomas Savare
Entraîneurs: Gonzalo Quesada (ARG/manager), Greg Cooper (NZL/arrières), Omar Mouneimne (RSA/défense), Simon Raiwalui (FIJ/avants)
Budget: 27,5 M EUR (source club)
Palmarès:
Champion de France (1893, 1894, 1895, 1897, 1898, 1901, 1903, 1908, 1998, 2000, 2003, 2004, 2007, 2015)
Coupe de France et Challenge Yves-du-Manoir (1999)
Saison 2015-2016:
Top 14: 12e
Coupe d'Europe: éliminé en quarts de finale par Leicester (13-41)
Saison en cours:
Actuel 12e du Top 14, affrontera les Gallois des Ospreys en quarts de finale du Challenge européen le 2 avril
Effectif:
Arrières-ailiers: Julien Arias, Hugo Bonneval, Djibril Camara, Jérémy Sinzelle, Waisea (FIJ)
Centres: Jonathan Danty, Geoffrey Doumayrou, Paul Williams (NZL)
Ouvreurs: Meyer Bosman (RSA), Jules Plisson, Morné Steyn (RSA)
Demis de mêlée: Clément Daguin, Julien Dupuy, Will Genia (AUS)
Troisième ligne: Willem Alberts (RSA), Antoine Burban, Raphaël Lakafia, Sylvain Nicolas, Sergio Parisse (ITA), Jono Ross (RSA)
Deuxième ligne: Alexandre Flanquart, Paul Gabrillagues, Gerhard Mostert (RSA), Pascal Papé, Hugh Pyle (AUS)
Talonneurs: Rémi Bonfils, Craig Burden (RSA), Aled De Malmanche (NZL), Laurent Panis, Laurent Sempéré
Piliers: Paul Alo-Emile (AUS), Emmanuel Felsina, Rabah Slimani, Sakaria Taulafo (SAM), Heinke van der Merwe (RSA), Zurab Zhvania (GEO)
La fiche du Racing 92
Président: Jacky Lorenzetti
Entraîneurs: Laurent Labit (arrières), Laurent Travers (avants), Ronan O'Gara (IRL/défense et jeu au pied)
Budget: 24 M EUR (source club)
Palmarès:
Champion de France (1892, 1900, 1902, 1959, 1990, 2016)
Saison 2015-2016:
Top 14: champion (vainqueur en finale de Toulon 29 à 21)
Coupe d'Europe: battu en finale par les Saracens (9-21)
Saison en cours:
Actuel 7e du Top 14, éliminé de Coupe d'Europe en phase de poules (cinq défaites en six matches)
Effectif:
Arrières-ailiers: Marc Andreu, Brice Dulin, Juan Imhoff (ARG), Sean Robinson (RSA), Joe Rokocoko (NZL), Teddy Thomas (NDLR: le Sud-Africain Johannes Goosen a quitté le club fin 2016 alors qu'il avait un contrat en cours)
Centres: Henry Chavancy, Etienne Dussartre, Casey Laulala (NZL), Anthony Tuitavake (NZL), Albert Vulivuli (FIJ)
Ouvreurs: Dan Carter (NZL), Benjamin Dambielle, Rémi Talès
Demis de mêlée: Xavier Chauveau, James Hart, Maxime Machenaud, Mathieu Lorée
Troisième ligne: Antonie Claassen (RSA), Thibault Dubarry, Wenceslas Lauret, Bernard Le Roux, Chris Masoe (NZL), Olivier Missoup, Yannick Nyanga
Deuxième ligne: Manuel Carizza (ARG), Gerbrandt Grobler (RSA), Leone Nakarawa (FIJ), François van der Merwe (RSA), Ali Williams (NZL, en voie de licenciement)
Talonneurs: Camille Chat, Virgile Lacombe, Dimitri Szarzewski
Piliers: Viliamu Afatia (SAM), Eddy Ben Arous, Julien Brugnaut, Luc Ducalcon, Cedate Gomes Sa (GBS), Ben Tameifuna (NZL), Khatchik Vartanov (RUS)
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