Le Stade Français pris dans la nébuleuse FACEM
Sur le site officiel de ladite société (http://facem.ca), une seule et même page. Une brève présentation évoquant la volonté d'organiser une aide en faveur "des enfants du monde entier", et les moyens mis en uvre pour y parvenir. On y apprend par exemple que la fondation a participé à la construction d'orphelinats, d'hôpitaux (...), et que les pays bénéficiaires des services de la FACEM (Fondation pour l'Amélioration des Conditions de l'Enfance dans le Monde) sont l'Angola, la Colombie, et la Russie... En dehors de cette présentation, un contact et une adresse basée à Montréal.
Si les informations sur la FACEM restent limitées, celles concernant le fondateur, Job Ariste, le sont davantage encore. Il s'agirait d'un immigrant canadien d'origine haïtienne, qui serait responsable d'une société de téléphonie, Voxcitel. Cette dernière a été immatriculée le 28 février 2008 par Job Ariste et Jeff St-Louis. Les deux associés ont reçu une subvention de 10 000 $ canadiens de la Corporation de relance économique et communautaire (CREC) de Saint-Léonard, au nom d'un programme de financement Jeunes promoteurs et Fonds de développement en économie sociale.
Mais là encore, le site de cette société correspond à une page figée qui redirige vers le site "Maxminute". Dans la partie contact, l'adresse renvoie vers la même page que celle utilisée par la fondation humanitaire. Le lieu se situe sur un grand boulevard ressemblant à une zone industrielle française, au bord de l'autoroute métropolitaine, dans un immeuble comprenant un magasin d'alimentation, un magasin de jeux vidéo...
Une piste vers Haïti
A la même adresse, la "Jired", qui a visiblement des liens avec Haïti, offre des services de stratégie Internet, de design web, de développement web, de marketing en ligne, d'hébergement de support, d'impression pour des entreprises de toute taille. Dans un autre bureau mais à la même adresse, on s'aperçoit de la présence d'une autre société à but humanitaire. Il s'agit de l'ASH (Action SOS Haïti), décrite comme une "organisation sans but lucratif ayant pour mission de mobiliser le capital humain, de soutenir et dinvestir dans les efforts de reconstruction afin de permettre au peuple haïtien datteindre son plein potentiel". Et dont le site internet fait partie des récents projets développés par la Jired.
Par ailleurs, le 10 janvier de cette année, Job Ariste, président de la FACEM, a adressé une lettre à l'attention du Secrétaire Général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, afin de collaborer avec l'instance internationale. On ignore à ce jour si l'ONU a répondu à cette initiative, qui avait sans doute pour but de gagner en crédibilité aux yeux du grand public, et de futurs collaborations... La FACEM tirerait ses ressources de riches donateurs dont l'identité reste mystérieuse. Et la Fadesm Corporation serait une sorte de maison-mère, dont la principale tâche se résume à des opérations financières. Selon la loi canadienne, mêler des opérations financières à des opérations humanitaires est autorisé.
A la fin du mois de mai, la Direction Nationale d'aide et de contrôle de gestion (DNACG) avait demandé des nouvelles pièces justificatives concernant la reprise du Stade Français par la société canadienne, accordant un nouveau délai pour les apporter. Et le 3 juin, la DNACG a validé le dossier.
Guazzini cherche des fonds
Max Guazzini, le président du Stade Français, a indiqué mercredi que le club parisien devait impérativement trouver plusieurs millions d'euros avant lundi, sous peine de dépôt de bilan, après le non-versement de 12 millions d'euros par cette Fondation canadienne FACEM. "Si on ne trouve pas l'argent, on est foutu. On sera rétrogradé en Fédérale 1 (3e division)", a-t-il indiqué, précisant que dans ce cas, le club serait "forcément" contraint de déposer le bilan.
Sur France Info, Max Guazzini a précisé que le club était à la recherche de 6,6 millions d'euros, avant son audition lundi devant le Conseil supérieur de la Direction nationale d'aide et de contrôle de gestion (DNACG) de la Ligue nationale (LNR). "Tout le monde peut venir au Stade Français. Soit pour intégrer le tour de table soit pour prendre la majorité du club. Aujourd'hui, il s'agit de sauver un club qui est un club magnifique, une marque rugbystique mondialement connue, un club très populaire. Moi, je partirai, je cède la place à qui la voudra bien. Il y a des gens dans ce pays qui sont amoureux du sport et du rugby et qui ont suffisamment d'argent pour sauver le Stade Français", a-t-il lancé. Interrogé sur la mise en place d'un nouveau tour de table, Max Guazzini a indiqué: "Il y a des pourparlers, c'est tout ce que je peux dire à ce stade".
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