Cet article date de plus d'onze ans.

Mêlée, arbitrage vidéo: les nouveautés

Comme chaque année, le Top 14, sous commandement de l'IRB, expérimente de nouvelles règles afin d'améliorer l'arbitrage et le jeu. Souvent retouchée ces dernières saisons, la mêlée subit un nouveau lifting alors que l'arbitrage vidéo prend de l'importance.
Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
 

D'abord, il y a ce tableau accablant dressé par Joël Jutge, patron des arbitres au sein de l'IRB, organe suprême du jeu: "Aujourd'hui, sur dix mêlées, seuls deux ballons étaient utilisés. Cela pose un sérieux problème. C'est  l'avenir de la mêlée  qui se joue, si on veut la préserver telle qu'elle est  aujourd'hui." Depuis plusieurs saisons, la mêlée fermée se cherche. Phase de combat et  rampe de lancement du jeu de ligne, elle est devenue difficilement arbitrable, comme en témoignent le nombre d'écroulements qui par extension multiplient les  temps morts. "Il y a eu une dérive considérable depuis plusieurs décennies, où les  arbitres n'appliquaient plus les règles, où les tricheries étaient rentrées dans les us et coutumes, pointe M. Jutge. Il a fallu surtout stopper le fait  que les équipes veuillent à tout prix anticiper pour avoir le gain du ballon." Après avoir porté le nombre de commandements à quatre en 2007 ("flexion,  touchez, stop, entrez") puis être revenu à trois en 2012 ("flexion, touchez,  jeu"), l'IRB a décidé de changer la donne après avoir constitué il y a quatre  ans un groupe d'étude. 

Les piliers devront se lier d'entrée pour stabiliser la mêlée

Les packs des deux hémisphères devront d'abord désormais répondre à ces  trois commandements: "Flexion, lier, jeu". Le bouleversement se situe dans l'obligation faite aux piliers de se lier avant l'entrée, ce qui a pour effet,  selon une étude menée par l'Université de Bath (Angleterre) de réduire de 25% la force à l'impact. Et donc de protéger davantage les joueurs, notamment de première ligne, contre des blessures et traumatismes. L'édifice doit ensuite se stabiliser avant que l'arbitre ne donne l'autorisation au demi de mêlée d'introduire en disant: "oui 9". Débutera alors le combat pour le gain du ballon. Annoncée en coulisses depuis plusieurs mois, cette réforme a rencontré des  réticences parmi les entraîneurs et joueurs. "Lorsqu'il y a des modifications, on va commencer par dire +ce n'est pas  bien+, relève en souriant l'entraîneur des avants du Racing-Métro Laurent  Labit, lui-même ancien talonneur. C'est un peu un mal français." 

"J'étais le premier à dire que ça allait tuer la mêlée , qu'il n'y aurait  plus de pilier, poursuit-il. On s'aperçoit, pour l'avoir encore travaillé ce  matin (mardi), qu'il y a encore énormément de combat. Et c'est vrai que sur les  deux matches amicaux que l'on a fait, il y a moins de mêlées qui tombent." "J'ai été plutôt agréablement surpris, abonde le talonneur du Racing  Dimitri Szarzewski. On avait un petit peu peur que cela devienne des mêlées  simulées. On s'aperçoit que cela reste une phase de conquête avec énormément de  combat." 

L'arbitre-vidéo prend du galon

Concernant l'arbitrage vidéo, le patron des arbitres français Didier Mené explique parfaitement les nouvelles règles. "Cette saison, l’arbitre vidéo aura un rôle très important. Avant, il devait juger si un essai était valable ou pas. Là, on va lui demander d’évaluer des choses plus précises dans le champ de jeu, et à tout moment, à sa demande et à celle de l’arbitre de champ, par radio.  Cela concernera le jeu déloyal et les sanctions à infliger (pénalité, carton jaune, carton rouge), mais aussi les fautes survenues durant l’action qui précède un essai. Il pourra remonter assez loin en amont." Plus précisément, la vidéo pourra être utilisée sur les deux rucks précédant l'essai pour signaler une faute. Si Mené s'inquiète de cette évolution de l'arbitrage-vidéo et de son influence sur le jeu, le rugby montre une nouvelle fois qu'il n'a pas peur des innovations. Rendez-vous au mois de juin pour juger leur pertinence.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.