Montpellier sort Toulon, Bayonne out
Des héros héraultais
La qualification de Montpellier pour les barrages est tout sauf illogique. L'équipe héraultaise a toujours cru en son étoile. Depuis la deuxième journée et jusqu'à la 25e, elle a toujours figuré parmi les six premiers du championnat, avant d'être décimée par les blessures de joueurs majeurs, de connaître quelques problèmes et d'enchaîner les revers. Mais l'état d'esprit était toujours là, et les hommes de Galthié n'avaient pas l'intention de gâcher cette chance qui leur était offerte d'accrocher pour la première fois une place en phase finale. Alors bien sûr, après l'embouteillage exceptionnel dans le classement pour les places de barragistes, signe de la vitalité et de l'homogénéité du Top 14, tout s'est joué sur ce dernier match. Un match qui a tenu toutes ses promesses: engagé, dynamique et dans une ambiance de feu. Les Montpelliérains ont montré de la détermination, de l'envie, de la rage. Dominateurs dans les rucks, plus agressifs dans la conquête, ils ont complétement étouffé des Toulonnais surpris en contres et qui n'ont jamais paru en mesure de contester le succès d'une équipe de Montpellier survoltée. C'est la première fois depuis son retour dans l'élite avec des moyens pourtant conséquents que le RCT, qui a connu du retard à l'allumage, ne parvient pas à se qsulifier ni même, chose peut-être plus grave, à prendre la septième place qui leur aurait ouvert les portes de la Coupe d'Europe.
La question qui ne va pas manquer de secouer le landernau du rugby français reste le modèle à suivre: celui de Montpellier qui s'appuie sur un mix intéressant entre joueurs côtés et un centre de formation d'excellence et particulièrement bien fourni, ou celui de Toulon, qui consiste à agréger des individualités hors-norme. Mais on ne sait toujours pas, depuis maintenant au moins trois grosses saisons que le RCT suit un politique spectaculaire visant à faire signer de grand nom, si ces stars sont à même de former un groupe avec des qualités consistantes de coeur et d'envie.
Les leaders assurent
Déjà assuré de la première place, le Stade Toulousain s'est surtout appliqué à maintenir son standing et à demeurer invaincu à domicile, face à une équipe de Clermont très mal partie dans ce championnat, et qui a réussi un retour en boulet de canon, pour se frayer un chemin jusqu'aux barrages. Toulouse semble bien avoir digéré sa déconvenue européenne en s'imposant 15-6.
De son côté, le Racing-Métro a assis son statut non-avoué de candidat au titre de champion de France en s'ouvrant la route d'une demi-finale directe avec une victoire (29-16) face au Stade Français dans le derby francilien. Le Racing, deuxième au terme de la saison régulière, est d'ores et déjà assuré de faire mieux que la saison dernière qui l'avait vu éliminé en barrage à Clermont (17-21). Le Stade Français termine, lui, une nouvelle saison décevante à la 11e place (8e l'an dernier), son plus mauvais classement depuis son retour dans l'élite en 1998. Pour compenser une deuxième saison consécutive sans phase finale de Championnat, les Parisiens disputeront le 20 mai à Cardiff la finale du Challenge européen contre les Harlequins de Londres, leur dernière chance de ne pas terminer bredouille pour la quatrième année d'affilée.
Dans cette perspective, certains cadres avaient certes été laissé au repos, mais les Parisiens ont pratiqué un rugby bien trop aléatoire pour s'en sortir. Ils n'ont pu éviter, dans un stade pour une fois presque plein, une cinquième défaite à domicile qui a résumé leur saison: une volonté de jouer rendue vaine par d'innombrables approximations (placement, passes, en-avants), une défense friable, une conquête inconstante...Le contraste avec le Racing a été criant. En 14 minutes, les Altoséquanais avaient déjà inscrit trois essais: un sur interception par Sireli Bobo, puis un par François Steyn sur une séquence offensive bien menée (12e) avant une réalisation de Chavancy suite à un nouveau coup de pied par-dessus de Jonathan Wisniewski (14e). Lequel a alimenté le score avec une botte précise. Le Stade Français n'a pu que constater les dégâts.
L'Aviron rame pour rien
C'était le match de la dernière chance pour l'Aviron. Les Bayonnais devaient certes gagner mais ils n'était pas pour autant tout à fait maîtres de leur destin et devaient aussi compter avec les autres résultats d'une dernière journée décidément incertaine, qui pouvait les qualifier ou leur être fatale. Sur la pelouse de Rochelais déjà relégués mais qui ont joué le jeu, les Bayonnais ont fait le travail inscrivant trois essais, dont un doublé de l'ailier international Huget, et comptant encore sur la botte magique de Boyet (15 points) pour un succès somme toute facile (30-17) mais qui n'a pas suffi.
Le BO timide et laborieux
Castres, éliminé à Toulouse au stade des barrages l'an passé, a, cette saison, gagné le droit de disputer ces mêmes barrages à domicile grâce à une ultime victoire (29-10) à Perpignan, complètement hors-jeu cette saison..
Le BO aime se faire peur. A force de ne pas vouloir prendre de risques, et de jouer petit bras, les Biarrots ont bien failli se faire à Pierre-Rajon face à une équipe de Bourgoin d'ores et déjà au purgatoire, et qui n'avait d'autre ambition que de sauver l'honneur et de quitter l'élite par la grande porte. Les Isérois ont bien failli faire mieux, face à des Basques timorés qui se sont imposés sur le fil (22-18). Biarritz , dont le dernier sacre remonte à 2006, et qui n'avait plus atteint la phase finale depuis 2007, devra toutefois monter un visage bien différent pour espérer aller plus loin.
Rougerie sur le flanc
Le capitaine de Clermont et centre du XV de France Aurélien Rougerie souffre d'une luxation de la cheville gauche et d'une fracture de la malléole qui le rend indisponible pour la phase finale du Top 14, à quatre jours de l'annonce des 30 joueurs retenus pour le Mondial-2011.
Le chiffre du jour: 18
C'est le nombre de demi-finales consécutives disputées par le Stade Toulousain. Une constance au haut niveau même s'ils n'ont plus soulevé le bouclier de Brennus depuis 2008. Ils vont donc concentrer toutes leurs forces vers cet objectif de reconquête.
Déclarations
Fulgence Ouedroago (3e ligne et capitaine de Montpellier): "C'est un scénario dont je n'avais pas osé rêver. C'est beaucoup d'émotions et de plaisir, partagés avec un public fabuleux. C'est quelque chose de grand! Nous avons fait preuve d'une bonne maîtrise, sans jamais vraiment sentir le danger. Nous nous sommes vite rassurés, nous les avons sentis douter. Cette génération voulait vraiment marquer l'histoire du club. C'est le plus beau souvenir de ma carrière depuis le titre de champion du monde des moins de 21 ans."
Philippe Saint-André (manageur de Toulon): "Nous avons été dominés dans l'envie et le physique. Et dès que nous avons encaissé le 2e essai sur interception, chacun a essayé de sauver la patrie individuellement. Ce n'est pas aujourd'hui que nous perdons la qualification, mais en début de saison où nous perdions nos deux premiers matches. Montpellier a mérité plus que nous sa qualification, et il faut les féliciter. Le rugby est un sport de combat, collectif, et nous avons perdu dans ces deux domaines. La saison dernière, l'équipe avait plus d'âme, ne lâchait rien. Nous allons reprendre la saison plus tôt, pour avoir une préparation collective plus importante."
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