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Poitrenaud-Michalak, inséparables frères

Frédéric Michalak et Clément Poitrenaud ont été formés à Toulouse, ont été champions de France ensemble en 2001 à seulement 18 ans, ont gravi les échelons internationaux ernsemble, mais seront adversaires ce samedi lors de Toulon-Toulouse. Ce sera la deuxième fois après le match aller. Et ils débuteront tous deux sur le banc.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
Frédéric Michalak, sous le maillot de Toulon, et Clément Poitrenaud, sous le maillot de Toulouse, lors du match aller

"Poitrenak et Michalaud". Voilà comment un soir de finale de championnat de France, en 2001, Pierre Salviac avait surnommé ces deux jeunes pousses du Stade toulousain, champions de France à seulement 18 ans avec des places de titulaires. Cette formule, le commentateur ne l'avait pas choisie par hasard. Frédéric Michalak et Clément Poitrenaud sont arrivés en même temps en équipe première du grand Stade après avoir suivi toute la formation dans ce club. Et ils étaient amis dans la vie, inséparables. 

"Ils puaient le rugby"

Jérôme Cazalbou est bien placé pour parler d'eux. A l'époque, il était titulaire au poste de demi de mêlée à Toulouse. Et en finale, il avait pris place sur le banc, lui l'expérimenté, pour laisser à Michalak la conduite du jeu. "Comme souvent, ils ont intégré le groupe à la suite de blessures de joueurs. Ils sont arrivés avec plein d'enthousiasme, de fraîcheur, cette envie de se dépasser, de saisir la chance qui leur était offerte." Le duo était alors un trio, avec Nicolas Jeanjean, autre talentueux jeune joueur trop rapidement victime de blessure pour éclore comme ses deux amis. "Les trois faisaient tout ensemble, ils partageaient tout. Ils avaient déjà beaucoup de qualités de gestuelle, de qualités d'appuis. C'était des gamins qui 'puaient' le rugby." 

L'ancien demi de mêlée international comme ses coéquipiers de l'époque ne doutaient pas de l'avenir de "ces deux bébés du Stade": "Ils avaient toutes les clés en main pour avoir cette carrière-là. Mais il fallait encore être courageux pour s'investir. Ils avaient toutes les qualités innées pour espérer faire carrière de haut niveau. Ils ont eu la chance de ne pas avoir des blessures trop tôt, à la différence de Jeanjean. Ils avaient le profil, une mentalité, et on sentait une volonté de toujours apprendre, d'être à l'écoute et de compétiteur pour piquer la place de ceux qui étaient leurs concurrents. Il y avait cette capacité à comprendre, à piger le truc très rapidement. Ils sentaient le rugby, c'était inné. Ils arrivaient à bien lire les situations, à apporter de la vitesse, de la fluidité dans le jeu. Et ils avaient le tempérament de ne vouloir jamais rien lâcher, de vouloir être toujours devant, qui leur permettait de relever tous les défis."

Michalak victime de sa polyvalence

Mais en équipe de France, Frédéric Michalak et Clément Poitrenaud n'ont pas toujours connu une carrière tranquille. Des blessures, et des choix aussi de sélectionneur qui, "dans certains cas, demandait plus de rigueur, et un jeu moins ambitieux qu'à Toulouse en se réfugiant parfois dans un jeu d'occupation, qui n'était pas forcément les qualités premières de Clément et de Fred, qui étaient joueurs d'instinct, d'inspiration." Et si le demi d'ouverture compte plus de sélections, il a souvent été pointé du doigt. "Au cours des années, Fred a peut-être perdu de la puissance et de la longueur sur son jeu au pied. Est-ce cela vient de la problématique d'être sans arrêt ballotté du poste d'ouvreur à celui de demi de mêlée ? Je pense que cette polyvalence s'est faite au détriment de son évolution et de son jeu. Il a été rapidement sous les feux de la critique alors qu'on ne l'a jamais vraiment installé à un poste. Lorsqu'il jouait à la mêlée en club, c'était à l'ouverture en équipe de France et inversement. Il s'est retrouvé la victime de tout cela."

Poitrenaud plus casanier

Ce samedi, pour la deuxième fois de leur carrière, ils seront adversaires. La première fois, c'était au match aller. Et s'ils sont adversaires, c'est que l'un est parti (aux Sharks à deux reprises et désormais à Toulon), et pas l'autre. "Les deux ont un caractère différent", juge Jérôme Cazalbou, consultant pour France Télévisions. "Si on nous avait demandé voici quelques années qui des deux resterait et qui partirait, il était clair que la réponse était Fredéric en premier. Il a toujours eu, outre la problématique de son positionnement, cette envie permanente de découvrir, de s'ouvrir à d'autres cultures même s'il peut paraître introverti avec ceux qu'il ne connaît pas. Il était très attiré par le fait de découvrir d'autres choses. Clément est plus casanier. C'est quelqu'un qui s'est émancipé très tard. Il a passé son permis de conduire très tard, et pendant pas mal de temps, ses parents l'amenaient à l'entraînement, et on se débrouillait pour le ramener. La construction des deux individus est différente."

Ce samedi, dans le choc de cette 20e journée entre deux prétendants au Brennus, Frédéric Michalak et Clément Poitrenaud seront face à face. Et ce match, ils le commenceront tous deux dans les tribunes, en position de remplaçant. Vraiment inséparables ces deux-là.

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