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Rattez-Retière, les électrons libres de La Rochelle

Pour espérer dominer le Stade Toulousain en demi-finale du Top 14, La Rochelle s'en remettra néanmoins à Arthur Retière et Vincent Rattez. Les deux ailiers ultra-rapides des maritimes détonnent un peu dans une époque où le physique prime.
Article rédigé par franceinfo: sport avec AFP
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
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  (YOANN CAMBEFORT / YOANN CAMBEFORT)

A l'heure où les gabarits XXL sont devenus monnaie courante dans les lignes de trois-quarts, les leurs, plutôt modestes, reviennent un peu au goût du jour: les flèches rochelaises Arthur Retière et Vincent Rattez s'éclatent dès que le jeu devient désordre et réclame vitesse, légèreté et enthousiasme.

Petit et vif pour l'un formé à la mêlée, sec et rapide pour l'autre à l'allure d'un Patrice Lagisquet, Retière et Rattez apportent autre chose à ce rugby qui se résume trop souvent ces derniers temps à du rentre-dedans. 

Jambes de feu, adeptes des prises d'intervalles créateurs d'incertitudes, ces deux électrons sont devenus aussi libres que le virevoltant sud-africain de Toulouse Cheslin Kolbe, roi de l'évitement et de la contre-attaque qu'ils croiseront samedi en demi-finales du Top 14 à Bordeaux.  Les retrouver en si bonne compagnie était loin d'être écrit. Retière, 21 ans (1,70 m, 72 kg), était en manque de temps de jeu et de perspectives au Racing 92 en 2016. 

"Pas enfermé dans un carcan"

Arrivé à La Rochelle, il a été baladé de poste en poste avant d'être victime d'une rupture des ligaments croisés du genou gauche en août 2017. Il a mis un peu de temps pour se trouver avant d'exploser cette saison et de prolonger jusqu'en 2022. "C'est la première fois que j'enchaine les matches, en faisant 80 minutes, confirmait-il en mars. Je prends du plaisir, il y a une marque de confiance, c'est vraiment une belle saison", qui pourrait, sait-on jamais, virer au Bleu de France cet été -- il fait partie de la liste des 65 suivis par l'encadrement du XV de France en vue de la Coupe du monde au Japon (20 septembre-2 novembre). "Contre Bordeaux (81-12), on a pu voir qu'il avait du gaz", se réjouit son père Didier Retière, DTN à la Fédération française de rugby. "Il tente des choses et surtout je ne le sens pas enfermé dans un carcan. Ce n'est pas un joueur qui se met la pression et il aime prendre des initiatives. On sent qu'il donne toute sa pleine dimension sur le terrain."
 

Rattez, 27 ans (1,81 m, 77 kg), était un finisseur régulier (8 essais en 2015 et 2016) à Narbonne en Pro D2 lorsqu'il est repéré par l'ancien manager maritime Patrice Collazo. Depuis, il s'est facilement adapté à l'élite, passant au travers des blessures et des méformes, accumulant les matches puisqu'il est le troisième joueur le plus utilisé de l'effectif. "Même s'il y a des périodes plus compliquées où le corps a besoin de souffler, je ne m'en plains pas. Je suis assez habitué à ce rythme, je serais malheureux de ne faire qu'un match sur deux", reconnaissait récemment cet épicurien qui a "la chance de ne pas prendre de poids". 

Double casquette

"Je peux avoir des écarts alimentaires, ce n'est peut-être pas très professionnel mais je n'ai jamais eu de pépins musculaires ou autres, précisait-il. C'est peut être aussi pour ça que je ne me prive pas. Si j'avais eu par le passé des déchirures ou des pépins, je suivrais peut-être un régime draconien." 

Réunis dans la même ligne d'attaque, les deux mangent les espaces, se complètent. "Avec +La Ratte+, on se régale, on aime bien courir et se proposer un peu partout, reconnaissait Retière après la qualification en barrages face au Racing 92 (19-13). Et +Xav+ Garbajosa (entraîneur des arrières, NDLR) est d'accord avec nous là-dessus: on est des électrons libres". 

"C'est toujours bien car on touche un peu à tout, soutient Rattez. Après la blessure de Kini (Murimurivalu), on n'a pas mal dépanné à l'arrière car on a cette formation. Il fallait bien le remplacer avec des joueurs avec cette double casquette, comme Arthur ou moi." Mais aucun des deux n'oublie le collectif. "Si je franchis, c'est que les autres ont fait le boulot avant", rappelle Retière, dont la préférence va à l'aile. Ou la vie est si belle. 
 

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