Stade Français: Bernard Laporte a porté plainte contre le repreneur
Une source proche de l'enquête a confirmé à l'AFP que Bernard Laporte, ancien entraîneur du club (1995-1999) et ex-secrétaire d'Etat aux sports (2007-2009), avait porté plainte lundi ou mardi auprès de la sous-direction des affaires économiques de la direction de la police judiciaire parisienne. De son côté, le Stade Français a indiqué que le président du club, Max Guazzini, en "sa qualité de Président du Stade Français et à titre personnel, a déposé plainte contre X à Paris pour escroquerie". "En effet, après enquête ce week-end, il est apparu que les documents et garanties fournis par la FACEM Corporation, à l'enseigne d'une grande banque internationale, étaient des faux. La FACEM Corporation, via la Société Rugby Développements, s'était engagée à prendre une participation majoritaire dans le Stade Français Paris par le biais d'une augmentation de capital de 12 millions d'euros", souligne le Stade Français. "C'est lors d'une réunion, hier (lundi) après-midi, au siège de ladite banque que le Stade Français Paris a eu confirmation de cette escroquerie dont il est victime", conclut le club.
Course contre la montre
Selon les sites, le repreneur canadien, qui devait éponger les dettes du Stade Français et lui permettre de se maintenir en Top 14, n'avait pas versé lundi soir les 12 millions d'euros prévus sur les comptes du club, précipitant le dépôt d'une plainte. Le Stade Français avait officialisé le 7 juin l'entrée dans son capital de la FACEM, une fondation humanitaire, en association avec Bernard Laporte, pour un montant de 12 millions d'euros. Cette entrée devait représenter environ 66% du capital du club. Dans la foulée, le Stade Français, l'un des plus vieux clubs français, 13 fois champion de France, dont 5 fois entre 1998 et 2007, avait annoncé l'arrivée d'une vingtaine de joueurs, pour la plupart étrangers, parmi lesquels l'ex-All Black Byron Kelleher. Bernard Laporte avait également refusé de libérer le centre international Mathieu Bastareaud, qui souhaite rejoindre le RC Toulon.
Jusqu'à cette recapitalisation, le club parisien était menacé d'une rétrogradation administrative par la Direction nationale d'Aide et de contrôle de gestion (DNACG) de la Ligue nationale de rugby (LNR) pour un déficit cumulé d'au moins 5 millions d'euros en raison notamment de la faillite de sa régie publicitaire Sportys. Dans le cas d'une descente en ProD2, le Stade Rochelais (13e du dernier Top 14) serait repêché pour figurer dans l'élite. En tous cas, le conseil supérieur de la DNACG prendra une décision le lundi 27 juin, date à laquelle le club parisien est convoqué. Empêtré dans les difficultés, le Stade Français s'est montré confiant, annonçant que, "d'ores et déjà, un nouveau tour de table ouvert se constitue afin d'assurer l'avenir et la pérennité du club". Il faut avouer que remplir le nouveau Jean-Bouin -prévu en 2013, d'une capacité de 20 000 places- en n'évoluant pas dans l'élite s'annoncerait pour le moins compliqué...
La FACEM accuse le coup
"Je ne comprends pas", a confié Job Artiste, l'entrepreneur canadien, au site 20minutes.fr. C'est un malentendu. J'ai eu quelques problèmes personnels à gérer aujourd'hui et là j'ai appris ça à l'instant. C'est terrible pour notre image. Mais les gens ne savent pas comment nous travaillons et la presse ne fait pas son travail comme il faut. Nous faisons affaires avec des personnes privées, nous ne travaillons pas avec des institutions. Des journalistes ont appelé la HSBC à Londres pour avoir des informations sur la FACEM et évidemment ils n'ont rien trouvé puisque nos fonds sont des fonds privés. Il faut que les choses se calment, il faut que je sache réellement ce qui s'est passé. Je ne me cache pas derrière les murs, mais il me faut du temps pour voir ce qu'il est encore possible d'arranger".
Guazzini veut croire au sauveur
Au lendemain de son dépôt de plainte, Max Guazzini, toujours président du club, ne veut pas encore baisser les bras. "Lundi on est convoqué devant la DNACG, il faudra pas fournir des attestations bancaires, il faudra fournir des chèques", a-t-il lancé. "On a des contacts, il faut savoir que c'est ouvert, tout le monde peut venir sauver le Stade Français." Cinq jours pour sauver l'avenir du club, cinq jours pour rester en Top14, c'est très peu. D'autant plus que Max Guazzini cherche depuis longtemps de nouveaux capitaux pour faire face aux problèmes financiers du club, en vain. Dans cette histoire très nébuleuse de la FACEM, Bernard Laporte semble avoir laissé quelques plumes: "C'est une escroquerie très classique", constate amèrement l'ancien mentor de NRJ. "Quand les gens sont dans une situation difficile; on vous promet beaucoup d'argent mais il faut payer des frais. Alors vous payez des frais mais vous ne voyez jamais l'argent. C'est ce qui est arrivé à Bernard Laporte et pour nous, ça nous met dans une situation catastrophique. On n'avait aucune raison, on ne voyait pas la raison de l'escroquerie, on ne voyait pas pourquoi ce serait faux, il fallait être fou. Et en fait on a compris". Pour l'ancien secrétaire d'Etat aux Sports, c'est un chèque de 183 000 euros qu'il aurait versé pour s'associer à la FACEM, un argent qui serait à la base de cette supposée escroquerie.
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