Top 14 : A Toulon, retour en terrain connu pour Patrice Collazo
"La toulonitude". Le néologisme est signé Mourad Boudjellal et traduit sa volonté de changer de cap cette saison : fini, selon lui, le temps des effectifs cinq étoiles et des constellations de stars. Place au projet de "fabrique à champions" avec l'éclosion souhaitée de jeunes du centre de formation, cette "génération Wilkinson" qui s'est mise au rugby à l'époque où l'ouvreur anglais soulevait les trophées sur la Rade.
S'approprier le club
Et pour le mener à bien, pour "rendre le RCT aux toulonnais", rien de tel qu'un manager estampillé "100% varois", libre après son départ fracassant de La Rochelle et arrivé en remplacement de Fabien Galthié. "On voit que ce maillot veut dire quelque chose pour lui", se réjouissait Boudjellal lors de l'intronisation de son nouveau manager.
Natif de La Seyne-sur-Mer, à quelques kilomètres de Toulon, Collazo, âgé de 44 ans, a fait ses gammes de jeune pilier au RCT avant de prendre son envol de joueur puis d'entraîneur en dehors de la Rade. "Je me revois ici quand j'étais jeune, quand j'ai joué avec les seniors. Surtout que ça n'a pas changé à Berg (le centre d'entraînement, NDLR). Mais je ne vis pas dans le passé. J'essaie d'avancer", expliquait-il en début de préparation.
"Il ne triche pas" (Mathieu Bastareaud)
S'il n'est pas d'un naturel à s'étendre dans les médias, le nouvel homme fort du sportif toulonnais a cependant confié avoir ressenti une certaine émotion lors de sa première à Mayol, à l'occasion du match amical face au Stade Français début août: "Ça fait drôle de jouer ici. On change de couleur, habituellement je venais de l'autre côté. Il y a beaucoup de choses qu'il faut s'approprier (...) comme les joueurs, je dois prendre mes marques." Il s'était aussi amusé des particularités du club varois : "Toutes les minutes, je sens que c'est différent ici. Il y a des choses qui me font rire. Je ne suis pas choqué, mais je souris souvent."
Habitués aux changements d'entraîneurs ces dernières saisons, les joueurs découvrent eux l'exigence et le caractère de l'ancien pilier à la fois père Fouettard et père protecteur. "Je ne le connaissais pas, enfin hormis le fait qu'il s'était fait mal au pied dans une glacière", sourit ainsi le capitaine Mathieu Bastareaud. "Il est franc, droit. S'il a bonjour quelque chose à te dire, il te le dit. J'en avais parlé avec des Rochelais. Et je n'ai pas été déçu. Il ne triche pas" ajoute le centre.
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Se relever de l'échec lyonnais
Les autres joueurs dressent le même portrait-robot, dont l'ailier Daniel Ikpefan : "Que tu sois une star internationale ou un jeune, tu es logé à la même enseigne. Il n'y a pas de passe-droit." Il suffit de se rendre à un entraînement pour s'en rendre compte. En début de semaine, lors d'une séance ouverte au public, Collazo a ainsi fait trembler les murs, soufflant dans les bronches du Sud-Africain Jacques Potgieter, qui n'avait pas respecté les consignes lors d'une opposition.
Arrivé en 2011 au Stade Rochelais, il a pris en main un club qui venait alors d’être relégué de Top 14. En sept ans en en Charente-Maritime, il a façonné une équipe avec qui il a tout connu : de la déception avec deux éliminations en demi-finale de ProD2 (2012, 2013) à une saison exceptionnelle dans l’Elite (1er de la phase régulière en 2017), en passant par une demi-finale de Challenge Cup (2017), un quart de Champions Cup (2018)… et la frustration de laisser un club aux portes des phases finales du championnat la saison dernière (7e).
A Toulon, l’objectif sera indéniablement de ramener un club qui reste sur un cuisant échec en barrage à Mayol, éliminé après prolongations au nombre d’essais par le LOU (19-19, 2 essais à 1), et deux défaites en finale de championnat (2016, 2017). Le RCT veut se reconstruire et prouver, une nouvelle fois, que « ici, tout est différent ».
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