Top 14 : Des briques pour construire le "Mur de soutien" du Stade Toulousain
"On a vendu 7 000 briquettes toulousaines roses en cinq jours ! C'est un phénomène qui répond à plusieurs attentes. On touche au cœur et à l'âme du Stade Toulousain". Comptant sur la fidélité de ses supporters, Toulouse annonçait il y a une semaine, la création d'un "Mur de Soutien". Un appel au don auprès de ses supporters, qui pourront apporter leur soutien au club en achetant les briques d'un mur qui sera construit dans l'enceinte du stade Ernest-Wallon.
Un engagement massif des supporters
"Ensemble, contribuons au développement de la formation du club, à la préservation de son identité de jeu et participons au succès de demain", a écrit le club sur son site internet, proposant à ses supporters d'acheter une brique à 30 euros ou 150 euros, selon la prestation souhaitée. "Ce mur représentera la solidarité de la famille du Stade et véhiculera les valeurs de soutien, de ferveur et d'espoir", a affirmé le Stade Toulousain pour lequel ce projet intitulé "Ancrez votre nom dans l'histoire" va "consolider les fondations" du club. Il faut dire que, comme tous les clubs de rugby français, le club subit de plein fouet l'arrêt des compétitions. En rugby, c'est en effet la billetterie et les hospitalités qui alimentent principalement les caisses des clubs, et pas les droits TV.
Ce mur aura pour but de consolider les finances de la formation et de l'association des Rouges et Noirs mais Didier Lacroix, le président du Stade toulousain, nuance dans une interview à L'Equipe et affirme que le mur ne servira pas a payer les salaires de l'équipe première. "Les supporters qui avaient payé leur abonnement ou des places pour les matches de fin de saison qui ne seront pas joués nous demandaient comment nous laisser cet argent. On a créé ce réceptacle - défiscalisé - pour que l'argent aille sur la formation et que l'association Stade Toulousain (actionnaire principal du club) la plus indépendante possible du reversement de la section professionnelle."
Comparée à des clubs ayant des mécènes, la situation économique du Stade Toulousain n’est pas du tout la même... Conscient de cette situation, le président du club de supporter Le Huit, Jean Marc Arnaud, se doutait que ses Rouge et Noir allaient mettre en place une opération de soutien pour renflouer les caisses, et cette idée de brique le séduit : "Je ne l’ai pas encore achetée mais j’envisage très fortement de le faire. Le Stade Toulousain c’est toute ma vie, encore plus aujourd’hui étant président d’une association. C’est dans mes gênes et je veux que mon nom reste gravé à Ernest Wallon. La brique c’est sûr que je vais en acheter une... Minimum !"
Ce sont d'ailleurs les adhérents de cette même association qui avaient décidé de faire une pétition pour que les abonnés ne demandent pas systématiquement le remboursement. Et les supporters semblent répondre massivement à l'appel de leur club : "Je n’ai pas eu besoin de mot d’ordre pour encourager les supporters à acheter une brique. Ça va se faire automatiquement, c’est ça aussi la famille Rouge et Noire ! On vit tellement de bons moments avec cette équipe que je sais que 80% de mes adhérents vont l’acheter d’eux mêmes." poursuit Jean Marc Arnaud.
"Sans aide, au bout d'un mois, j'arrête, je ferme !"
Didier Lacroix, qui avait pris la succession de René Bouscatel à l'été 2017 alors que le club connaissait déjà des problèmes financiers, va encore plus loin. "On sait mesurer l'atterrissage sur la saison 2019-2020 même si on ne connaît pas encore parfaitement l'accompagnement de l'État. (...) Sur 2020-2021, on entre dans le domaine de l'inconnu. (...) Sans aide, au bout d'un mois, ce n'est plus : 'je suis 7e du Top 14, je vais me qualifier ou pas', mais : 'j'arrête, je ferme'." Avec 100% de charges pour 80% de recettes en moins, il regrette l'impossibilité pour le club d'utiliser les installations d'Ernest Wallon comme les salles de l'enceinte qui pourraient être mises à la location hors jour de match ainsi que son restaurant. La survie du club repose sur les matches et les seuls droits tv ne représenteraient même pas 15% de l'économie du club.
Cette saison, le Stade devrait accuser un déficit de 1,5 millions d'euros, mais le président du club le plus titré de l'Hexagone redoute un huis clos forcé pour la saison prochaine. Chez nos confrères de France Bleu Occitanie, il déclarait lundi "Si on doit demain jouer à huis clos, notre club a une espérance de vie de 40 jours".
Lorsqu'il a repris le club, les finances toulousaines étaient dans le rouge et Didier Lacroix avait un plan pour l'équilibrer d'ici 2021. "On n'avait aucune sécurité pour revenir au premier plan sportivement, mais le but était d'être le plus proche possible de l'ADN du Stade Toulousain : la carte du jeu, la formation, la confiance aux jeunes. (...) En février, le club était en passe de l'équilibrer dès cette année". Le Covid-19 est venu mettre à frein à l'économie toulousaine et le président des Rouges et Noirs l'assure "On ne se sent pas du tout en péril, mais on a forcément des inquiétudes pour l'avenir, c'est certain. Mais des inquiétudes totales et définitives, non".
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