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Top 14 : entre le roi Toulouse et l'aspirant La Rochelle, la passation de pouvoir n'a pas eu lieu

Article rédigé par Elio Bono, Maÿlice Lavorel - Au Stade de France
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Les Toulousains réconfortent les Rochelais après leur victoire en finale du Top 14, le 17 juin 2023. (MAXPPP)
Frustré à la 78e minute de la finale de Top 14 samedi, le Stade rochelais n'a pas réussi à renverser Toulouse, un adversaire contre lequel il piétine quasi systématiquement ces dernières années.

"Trois Brennus en quatre ans, c'est une belle stat'". On connaissait François Cros stratège en touche, poison dans les rucks, mais, avouons-le, moins adepte des euphémismes en zone mixte. Le troisième ligne du Stade toulousain y va certes avec des pincettes, mais son équipe est aux prémices d'une hégémonie partie pour durer longtemps. Sa victoire en finale du Top 14 contre La Rochelle, samedi 17 juin à Saint-Denis (29-26), a un peu plus assis la domination toulousaine sur le championnat. Trois Brennus en quatre ans, voilà une performance d'un autre siècle, que l'on n'avait plus vue depuis... le Stade toulousain lui-même, auteur d'un quatre à la suite entre 1994 et 1997.

Ce 22e titre ne vaut pas plus que les autres, mais il revêt une saveur particulière. Disons-le d'emblée, jouissive. Car le monstre toulousain, non content d'avoir englouti un nouveau trophée, l'a fait en éteignant le nouveau rival rochelais. Jamais sacrée en championnat malgré deux prises d'envergure – les deux dernières Champions Cup –, La Rochelle entendait troubler cet appétit. Mais comme à chaque fois ou presque, il a failli.

Toulouse (presque) toujours supérieur

Passé des superlatifs – "magnifique, incroyable, exceptionnel" – à une saison "juste moyenne", dixit son manager Ronan O'Gara, le Stade rochelais n'a pas réussi à conjurer le sort. Pour la quatrième fois d'affilée, ses rêves de Brennus ont été tués dans l'œuf par le même rival, en innovant à chaque fois dans le scénario. Il y a pêle-mêle eu l'apprentissage sec en demie (6-20 en 2019), le drop gigantesque de Cheslin Kolbe en finale (8-18 en 2021), les défenses portes ouvertes en barrage (28-33 en 2022). Il y aura désormais la chevauchée de Romain Ntamack, qui rappelle étrangement un essai en soliste déjà planté en fin de match par l'ouvreur à Marcel-Deflandre, en septembre 2021 (16-20).

>> Le résumé vidéo de la finale 

Il s'agissait alors d'un match de saison régulière, mais celui-ci s'inscrivait dans une lignée désolante pour La Rochelle. En tout, le club à la caravelle a échoué 11 fois en 12 confrontations contre Toulouse, entre avril 2018 et octobre 2022, et si la série a été brisée en janvier dernier (30-7), cela n'a pas suffi à inverser la courbe en finale. "On a montré qu'on pouvait rivaliser avec eux pendant 78 minutes", a lancé Grégory Alldritt en zone mixte, dans une phrase qui dit autant des promesses rochelaises que de leur complexe face aux Toulousains.

La "drôle d'équipe" rochelaise touchée

Au même moment, la tape réconfortante de Ntamack – décidément enclin à se faufiler dans le dos des Rochelais à Saint-Denis – au troisième ligne rochelais, a symbolisé ce respect des Rouge et Noir pour les Maritimes. "On est tombés face à une drôle d'équipe", explicitait, quelques minutes plus tôt sur France 2, l'arrière toulousain Thomas Ramos. 

Déçu après cette fin de match terrible, Pierre Bourgarit est revenu sur cette finale. Il promet de revenir au Stade de France pour décrocher ce premier Brennus pour le Stade Rochelais.
Finale - Pierre Bourgarit : "On a craqué sur la dernière action" Déçu après cette fin de match terrible, Pierre Bourgarit est revenu sur cette finale. Il promet de revenir au Stade de France pour décrocher ce premier Brennus pour le Stade Rochelais.

"Très déçu et très touché", O'Gara avait pourtant ficelé un plan parfait pour marquer le futur champion au fer rouge. Ne resteront, à l'arrivée, que ses vociférations incessantes et cet accent irlandais qui ont réussi à résonner encore plus fort que les tribunes.

Deux heures avant ce dénouement cruel, à l'instar de son homologue toulousain Ugo Mola – et du président Emmanuel Macron –, l'Irlandais a été conspué par les supporters adverses lors de l'annonce des équipes. La conséquence, sans doute, des piques échangées en conférence de presse par les deux managers, comme pour pimenter une finale qui n'en manquait pourtant pas.

Le nouveau classique offrira d'autres matchs d'anthologie

Ces "petites histoires dans la grande" constituent, à n'en pas douter, des éléments structurants de la rivalité naissante mais bien ancrée. Le roi toulousain, ses titres à foison et son jeu de main reconnu, face au prétendant rochelais, au palmarès en construction et féru de défi physique. L'opposition est parfaite et a tout pour durer dans un rugby traditionnellement marqué par des antagonismes de clocher puis d'étoiles. Il y a eu Béziers-Agen dans les années 70, Stade Français-Toulouse au tournant du siècle, Toulon-Clermont sur la dernière décennie, et il y a désormais Toulouse-La Rochelle. 

La rancœur et l'amertume des Rochelais après la rencontre augurent, à n'en pas douter, de nouveaux épisodes de cette saga. "On va garder cette frustration pour la saison prochaine et revenir avec un nouveau plan", a juré O'Gara dans les travées du Stade de France. Battue sur le plus petit écart dans une finale de Top 14 depuis 2005, La Rochelle n'a jamais été aussi près de ramener le Brennus sur le Vieux Port. Il faudra toutefois attendre – au moins – un an de plus pour que la passation de pouvoir soit effective.

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