Top 14 / Stade Français-Racing 92 : un derby enfin en lettres capitales
Ce renouveau doit beaucoup au carnet de chèques du propriétaire, le milliardaire suisse d'origine allemande Hans-Peter Wild, qui a racheté le club aux 14 Boucliers de Brennus en juin 2017 quelques mois après le projet de fusion avorté. Arrivé trop tard pour faire son marché pour la saison 2017-2018, Wild s'est rattrapé cet été, débauchant Gaël Fickou, Yoann Maestri, Nicolas Sanchez (qui arrivera en novembre) et, pour les diriger, Heyneke Meyer. L'ancien sélectionneur de l'Afrique du Sud est arrivé avec quatre adjoints. "Ce staff très étoffé nous permet d'aller dans les détails", note auprès de l'AFP l'ailier Julien Arias. Et ils ont apporté "beaucoup plus de discipline, de rigueur et de travail au niveau de l'entraînement. On s'entraîne plus, mieux, plus vite, plus fort. On court plus."
Paris vire au Ciel et Blanc
Et les corps fondent: les Parisiens sont beaucoup plus affûtés, à l'image de Fickou ou de Jonathan Danty qui ont perdu chacun "cinq-six kilos". Au plan collectif, le Stade Français a évolué vers un jeu beaucoup plus structuré et pragmatique. "Ils avaient un style de jeu bien à eux, basé sur l'euphorie, l'enthousiasme, étaient capable de faire des choses exceptionnelles mais aussi de passer largement à côté, de décrocher" développe Laurent Labit, entraîneur des arrières du Racing. "Leur conquête est très solide, le cinq de devant se déplace et travaille beaucoup, et ils ont une justesse entre occupation, pression sur l'adversaire et jeu", ajoute-t-il.
Le Stade Français commencerait à ressembler au Racing 92, qui a lui effectué le mouvement de balancier inverse: solides en conquête et en défense depuis plusieurs années, les Ciel et Blanc ont évolué, depuis leur emménagement à l'Arena et son terrain synthétique qui favorise la vitesse, vers un jeu porté davantage sur le mouvement. Le recrutement cet été de Finn Russell et Simon Zebo, deux "enfants de la balle", entre dans cette nouvelle philosophie. Aussi Labit salive-t-il à l'idée de se mesurer, avec son encadrement également pléthorique (Laulala, Masoe et Noriega), à ce nouveau Paris: "Pour Laurent et moi, c'est aussi un match dans le match parce qu'on va se confronter à certains des meilleurs entraîneurs sur la planète: Heyneke Meyer, Paul O'Connell (touche), Pieter De Villiers (mêlée), Mike Prendergast (arrières), Julien Dupuy (skills)..."
"C'est un match aussi pour nous, pour le staff, c'est important de voir comment ils vont préparer leur équipe" ajoute-t-il.
De la place pour deux ?
Labit voit également d'un bon œil la renaissance stadiste: "On a toujours dit que c'était intéressant d'avoir les deux clubs à ce niveau-là. On est dans une métropole assez importante qui permet d'avoir deux équipes à ce niveau-là." Et qui peuvent chacun faire le plein? Labit le pense aussi -- "à partir du moment où on ne joue pas en même temps sur Paris, les gens qui aiment le rugby ou sont dans la capitale pour le week-end sont capables d'aller aux deux matches" mais les chiffres laissent la place au doute. Vendredi, il restait des billets à vendre pour la rencontre dimanche à Jean-Bouin, dans la capacité à été volontairement restreinte cette saison à 15.500 places. Et le Racing a été loin de faire le plein depuis le début de la saison à l'Arena (30.000 places): une dizaine de milliers de spectateurs sont venus contre Agen et Castres, et un peu moins de 20.000 face à Clermont (dont une nombreuse diaspora auvergnate).
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