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Toulon-Castres, le choc des mondes

Après avoir soulevé la H Cup il y a deux semaines, le RC Toulon s’attaque au Bouclier de Brennus avec la ferme intention de réaliser un doublé historique que seuls Toulouse (1996), Leicester (2001) et les Wasps (2004) ont déjà réussi. En pleine confiance, les Varois ont une ultime marche à franchir, ce soir au Stade de France (à 20h45 sur France 2) : le Castres olympique, tombeur de Clermont en demi-finale et déterminé à montrer que sur un match, tout peut arriver.
Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
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Dans les têtes toulonnaises, les sentiments se sont bousculés ces derniers temps. Il y a d’abord eu la joie, ou plutôt « le soulagement », relativisait Frédéric Michalak, d’avoir remporté la Coupe d’Europe. Une victoire fêtée dans l’intimité du groupe à Dublin, sans défilé, loin des supporters. Et pour cause : à cet entrain mesuré a vite succédé l’excitation et la pression, celles d’une finale de Top 14 à double tranchant pour le RCT.

« Le Bouclier, c’est mythique »

Une victoire, et c’est l’apothéose, la magnifique conclusion d’une saison couronnée de succès. Une défaite, et les regrets pourraient bien prédominer, car comme l’explique non sans poésie le président du club, Mourad Boudjellal, « quand on emprunte le chemin de 'Tout va bien', on arrive au village de 'Si j'avais su' ». D’autant que dans les esprits des rugbymen de Toulon, la perspective du bouclier de Brennus semble valoir plus cher encore que le titre de champion d’Europe.

« On bosse dix mois toute la saison pour cela. C’est plus dur à gagner. Il y a un côté magique, dans le Brennus… », admet le demi de mêlée Sébastian Tillous-Borde dans les colonnes de l’Equipe. « Pour nous, les joueurs Français, le Bouclier, c’est mythique. On le veut ». « Ça fait deux saisons que j’en entends parler, à Toulon », renchérit le meilleur marqueur du championnat, Jonny Wilkinson. « Pour moi qui ne suis pas Français, c’est tout de suite facile de voir dans les yeux de mes coéquipiers et des entraîneurs ce que représente le bouclier de Brennus. Une finale de Top 14 a quelque chose de spécial ».

Une dernière en fanfare pour Travers et Labit ?

Goliath de cette finale, le RCT pourra compter sur son armada de joueurs internationaux pour aller chercher le doublé, devant plus 15 000 supporters qui feront le déplacement jusqu’au Stade de France, dont la piste sera habillée, pour l’occasion, d’une moquette dorée. Insuffisant, toutefois, pour intimider les outsiders castrais. Large vainqueur des géants clermontois en demi-finale (25-9) – un « authentique exploit », selon le trois-quarts centre Romain Cabannes –, le CO ira à Saint-Denis avec le sentiment de n’y avoir rien à perdre.

« Après 28 matches joués, on se retrouve en finale du Top 14 et quand on voit à quel point le championnat est relevé, ça témoigne de notre niveau », se félicite l’entraîneur Laurent Labit, qui jouera là son dernier match avec Castres avant de rejoindre le Racing Métro avec son compère Laurent Travers la saison prochaine. « Dans les émotions, on va essayer de ne pas trop charger les joueurs, et surtout leur faire comprendre qu'ils vont avoir à livrer un match comme les autres, en faisant abstraction de ce qu'il y a autour ».

« Si on gagne, je promets de me calmer »

En cas d’exploit, la petite ville du Tarn fêterait de la plus belle des manières son dernier titre de champion de France, remporté il y a pile 20 ans. Une optique en laquelle le talonneur Brice Mach veut croire : « Nous avons nos armes. Notre groupe est essentiellement composé de caractériels d'abord passé par la Pro D2 pour faire leurs armes ». Car si le RCT ne semble effectivement pas présenter beaucoup de points faibles, les Castrais peuvent miser sur l’engagement, l’état d’esprit et la dynamique pour bousculer la machine varoise.

En constante montée en puissance depuis leur remontée il y a quatre ans (deux barrages, deux demi-finales), le Castres olympique ne voit en ce grand rendez-vous que le résultat logique d’une longue progression, et espère enfin faire les gros titres.

Boudjellal, lui, ne l’entend pas de cette oreille. « Si on fait le doublé, je promets que je vais me calmer », a lancé ce grand spécialiste du mot de trop et de la phrase qui fâche. « Je ne dirais pas de mal de la Fédération pendant un an. Et je m'engage aussi à mettre une très belle photo de Pierre Camou [président de la FFR] au-dessus de mon bureau. Ce sera une façon de s'excuser ». Et de régner, pour de bon, sur le rugby européen.

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