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Toulon: Matt Giteau, l'homme aux mille visages

A 34 ans, Matt Giteau vit ses dernières semaines à Toulon, avant de s'envoler pour le Japon la saison prochaine. Arrivé en 2011, l'Australien, ouvreur ou trois-quarts centre mais pas que, sait tout faire sur le terrain. Mais il a découvert depuis quelques jours une nouvelle facette de son sport: entraîneur-adjoint, en charge des lignes arrières. Dans cette saison si compliquée du RCT, il a encore quelques clés pour mener l'équipe à la victoire, notamment dans un match primordial contre Castres samedi.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
Matt Giteau donne ses consignes à son ami et coéquipier Drew Mitchell (PATRICK BLANCHARD / MAXPPP)

Mourad Boudjellal​, le président du Rugby Club Toulonnais, l'a surnommé "le patron". C'est plus que ça. Matt Giteau est un joueur à part. Tout dans son parcours en atteste.

Il a joué à tous les postes, du 9 au 15. Loin des standards du joueur moderne (1.78m, 84kg), il a connu sa première sélection avec l'Australie sans avoir joué une seule minute dans le Super-12. Il n'a pas été pris dans les sélections scolaires, et a débuté sous le maillot australien dans l'équipe de Seven. C'est en partie "à cause" de lui que la Fédération australienne a assoupli son réglement qui interdit à tout joueur évoluant hors du pays d'être sélectionné avec les Wallabies. C'est ainsi qu'il a pu disputer la Coupe du monde 2015, sa 3e individuelle après 2003 et 2007 (pour deux finales). Sur ses 103 sélections, il a disputé 50 rencontres au poste de centre, 46 au poste d'ouvreur, 6 au poste de demi de mêlée, et 1 au poste d'ailier. Rare au plus haut niveau.

Bref, avec lui, rien n'est jamais évident et tout est possible. Y compris devenir joueur-entraîneur au RCT, quelques semaines avant la fin de son contrat et son départ pour le Japon afin de poursuivre sa carrière encore "un ou deux ans". Même si cette trajectoire n'était pas prévue à son programme.

"Il parlait au nom des joueurs, alors qu'il y avait Jonny (Wilkinson, leader de jeu de Toulon jusqu'en 2014, NDLR) et que Bernard n'est pas du genre à échanger, mais à diriger. Donc je me disais: si Bernard échange avec Matt, la pensée de Matt est importante pour lui", explique Mourad Boudjellal au sujet de ce choix. "Il est profondément attaché à Toulon. Et là, il le prend comme l'intérêt supérieur du Rugby Club Toulonnais, comme la dernière mission à faire pour le club qu'il aime". Il a néanmoins hésité: "Il avait surtout peur de la façon dont cela allait être perçu par le groupe, dont il est un élément assez chambreur. Par exemple, tous les joueurs l'appellent coach maintenant à tort et à travers, uniquement pour le (chambrer). Il savait très bien qu'il aurait droit à des railleries de la part du groupe", raconte le président. 

L'intenable duo Giteau-Mitchell

Du talent, il en a à revendre. Maître tacticien, second ouvreur lorsqu'il joue au centre comme il le faisait pour soulager Jonny Wilkinson de la pression défensive, organisateur hors-pair, prodige ballon en mains, Matthew Giteau sait tout faire sur un terrain. ""On a vu sur le peu de temps qu'il est rentré ce qu'il a amené, disait de lui Sébastien Tillous-Borde, lors de son retour sur le terrain après plus de quatre mois blessé. En-dehors, il en connaît également un rayon, avec son compatriote et complice de toujours, Drew Mitchell. Les deux larrons sont connus pour ne reculer devant aucun défi.

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Le 13 février dernier, Matt Giteau annonçait son départ de la Rade. "Ce n'est pas une décision pour moi, mais un choix pour ma famille", avait-il expliqué. "Je voudrais rester, mais mes fils grandissent. Le plus grand doit commencer l'école l'an prochain. C'était très dur de faire un choix, mais c'est la bonne option car c'est dans l'intérêt de mes fils". Vainqueur du Top 14 et de trois Coupes d'Europe, l'Australien a vécu dans le Var une "très belle expérience, peut-être la plus dans ma vie". Malgré les blessures, qui ont jalonné sa carrière, et notamment sa dernière qui l'avait éloigné des terrains d'août à janvier. 

Un coach aux pratiques inhabituelles

Encore touché physiquement en ce moment, il est totalement impliqué dans ce nouveau rôle qu'il découvre et qui pourrait logiquement représenter son avenir. "C'était très stressant pour moi. Je ne prends pas encore de plaisir. Je stresse trop et je trouve ça nul !", regrettait-il néanmoins à l'issue de son premier match disputé dans son rôle d'encadrant, la semaine dernière contre Toulouse. "C'est très particulier pour moi. J'ai l'impression de rêver. Je me sens vraiment bizarre. Je veux jouer mais je ne peux pas. C'est un nouveau challenge, une nouvelle expérience." Cela ne l'a pas empêché de sortir son ami Drew Mitchell, à la 63e minute du match contre le Stade Toulousain. Avec ce récit bien fidèle à son état d'esprit: "Je lui ai dit: 'Dégage'. Et quand il m'a demandé dans les vestiaires pourquoi je l'avais remplacé, j'ai répondu: 'parce que tu es nul'." Insaisissable Matt Giteau.

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