Toulon-Toulouse, première étape vers la Coupe du monde pour Michalak
"On ne devient pas buteur international du jour au lendemain. (...) Nos joueurs sont tous de bons buteurs de Top 14, mais le niveau international, c'est autre chose." En déclarant dans L'Equipe cette semaine ce que tout le monde avait constaté, Romain Teulet, entraîneur du XV de France chargé du jeu au pied, a clairement ouvert les portes aux absents du dernier Tournoi des 6 Nations. Au premier rang desquels Frédéric Michalak. A 32 ans, c'est le seul, avec Morgan Parra, à avoir fréquenté le plus haut niveau international en tant que buteur. C'est aussi le seul à avoir reçu le statut d'ouvreur N.1 sous l'ère Saint-André. C'était en 2013, après une bonne tournée de juin en Argentine suivie d'une excellente tournée d'automne. La suite n'a pas été du même niveau, avec des performances collectives et individuelles déclinantes, des blessures...
A moins de deux mois de la liste des 36 pour la Coupe du monde, Frédéric Michalak a encore sa chance de vivre une troisième Coupe du monde, après celle en 2003 et celle en 2007. A condition de jouer. Cela tombe bien, six mois et demi après sa blessure, il sera cet après-midi sur la pelouse de Mayol, devant son public, face à son club formateur lors du choc de gala de ce week-end. Le sang bleu qui coule dans ses veines depuis sa première sélection en 2001 va donc laisser place à son sang rouge et noir. Formé à Toulouse, joueur à Toulon après être passé par les Natal Sharks, il a conquis cinq Coupes d'Europe (3 avec le Stade, 2 avec le RCT), trois Top 14 (2 avec le Stade, 1 avec le RCT). C'est en jouant bien dans ces deux clubs qu'il a pu porter le maillot tricolore.
Vidéo: Frédéric Michalak invité de Stade 2 le 2 novembre
Pour retrouver le chemin de Marcoussis, il a bien des atouts dans sa manche. Le premier, c'est son talent. Guy Novès, qui l'a lancé dans le grand bain d'une finale de Top 14 à seulement 18 ans, se souvient, sur le site Rugbyrama, qu'il avait "déjà ce talent fou", et Maxime Médard le décrit "comme un génie du rugby". Le manageur de Toulouse rappelle aussi que "c'est un grand compétiteur, qui a eu comme tous les joueurs des hauts et des bas, mais qui, à chaque fois, a su se remettre en question pour revenir au plus haut niveau."
Le deuxième, c'est sa condition physique. Au départ, il devait effectuer son retour sur les terrains fin janvier-début février. Il a préféré repousser l'échéance pour être parfaitement au point. Avec deux mois de compétition à venir avant la Coupe du monde, il a peu de temps pour retrouver le rythme de la compétition. Il a néanmoins l'avantage, contrairement à d'autres joueurs, de ne pas être usé par un nombre de matches importants, et d'arriver donc frais pour l'échéance majeure de la fin d'année. Le stage de deux mois et demi des Bleus et les matches amicaux doivent suffire à le remettre à flot.
Le troisième, c'est son expérience. Premier rugbyman français "starisé" par les médias et très connu du grand public, Frédéric Michalak connaît la pression sur le bout des doigts. Deux Coupes du monde à son actif (deux fois 4e), les espoirs et la déception des Bleus en 2003 qui ont beaucoup reposé sur ses épaules, il a tout connu. Les sommets de la gloire et les abîmes des critiques. Le statut de cadre sous Bernard Laporte à celui d'exclu sous Marc Lièvremont. Et tout cela peut compter dans la vie d'un groupe pour une Coupe du monde.
Son association avec Tillous-Borde, un atout
Le quatrième, c'est son équipe. Engagé encore sur les deux tableaux (Top 14, Coupe d'Europe), le RCT est le double tenant du titre, et compte bien conserver ses biens. C'est le meilleur gage pour jouer un maximum de rencontres d'ici la fin de saison. En début de semaine, le club toulonnais avait annoncé l'avoir inscrit sur la liste des joueurs supplémentaires appelés à jouer la compétition européenne. Avec la concurrence de Matt Giteau, convalescent mais en phase de reprise, il sera poussé à donner le meilleur de lui. Et les deux hommes ont de quoi faire pour atteindre les objectifs élevés du club. Et son équipe lui permet d'être associé, comme aujourd'hui, à Sébastien Tillous-Borde, l'un des rares à avoir tiré son épingle du jeu lors du Tournoi des 6 Nations. En l'absence de Morgan Parra, le demi de mêlée du RCT s'est montré à son avantage. Leur association en club peut donc faciliter le travail et la fluidité du jeu en sélection.
Le cinquième, c'est sa polyvalence. Depuis plusieurs années, Frédéric Michalak alterne entre la mêlée et l'ouverture. Cela peut se retourner contre lui, lorsqu'un staff veut des vrais spécialistes de chaque poste. Mais cela peut être un avantage, dans un groupe très élargi comme celui des 36 pour le Mondial, et un atout lorsque Philippe Saint-André et ses adjoints devront coucher sur une liste le nom de trois ouvreurs. "Je pense que c'est un candidat de plus", assure Mourad Boudjellal, le président de Toulon.
Mais cette troisième Coupe du monde en carrière passe forcément par des performances de premier plan avec le RCT. A commencer par ce match face à Toulouse, et un duel à distance avec Luke McAlister, l'un des meilleurs ouvreurs du championnat.
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