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Usap, symbole d’un rugby qui change

Le rugby des villes est en train de supplanter le rugby des champs. La descente en ProD2 de l’USA Perpignan vient appuyer une tendance lourde. Depuis quelques années, certains bastions traditionnels de l’ovalie (Agen, Béziers, Narbonne, Bourgoin) ont été remplacés sur la carte par des grandes villes comme Toulon, Montpellier, Bordeaux ou encore Lyon. La puissance économique des ces cités a fait la différence.
Article rédigé par Grégory Jouin
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
 

Le rêve de feu Georges Frêche est en passe d’être exaucé. Après avoir eu la peau de ses voisins Nîmes, Béziers et Narbonne, Montpellier va profiter de la chute de Perpignan pour devenir le seul représentant de l’élite dans la région Languedoc-Roussillon.

Montpellier, nouveau cador

Fondé en 1986, le MHRC est monté en puissance depuis une grosse décennie : monté en Top16 en 2003, le club héraultais a d’abord lutté pour son maintien durant quelques années avant de bénéficier de son nouveau stade Yves-du-Manoir –inauguré en 2007- pour progresser dans la hiérarchie jusqu’à atteindre la finale du championnat en 2011 (perdue 15-10 contre Toulouse). Depuis, l’équipe entraînée par Fabien Galthié joue les premiers rôles dans l’hexagone et dispute tous les ans la Coupe d’Europe.

A l’inverse, la concurrence locale s’est essoufflée. Nîmes a été rétrogradé en Fédérale 1, Béziers aussi même si le club aux 11 Boucliers de Brennus est remonté en ProD2 depuis, Narbonne est également descendu dans l’antichambre de l’élite que va rejoindre l’Usap dès le mois d’août. Pendant que Montpellier (265 000 habitants) profitait de l’ambition de son maire, et des moyens mis à disposition par une ville en plein développement, Béziers (72 000 habitants), Narbonne (52 000 habitants) et à un degré moindre Perpignan (118 000 habitants) –champion de France 2009 et encore finaliste en 2010- déclinaient lentement. 

La règle : les grands clubs dans les grandes villes

Le rugby pro n’est pas tendre avec ceux qui manquent d’argent. Les budgets des grosses écuries comme Toulouse, Toulon, le Stade Français, le Racing-Métro ou Clermont sont sans commune mesure avec ceux de Brive, Bayonne ou Oyonnax. Et le classement final épouse de plus en plus celui des ressources des clubs. Huit des 14 clubs de l’élite sont adossés à une ville importante. Et cinq des six derniers (hors Grenoble) ne bénéficient pas d’une agglomération capable de leur apporter des subventions imposantes et –indirectement- du sponsoring ou des partenariats avec des entreprises prospères. 

Des moyens que le Lyon Olympique Universitaire aura lui l’an prochain. Avec un budget de 17 millions cette saison en ProD2, le LOU comptait déjà plus d’argent que certains clubs du Top14. L’an prochain, ce budget sera porté à environ 20 millions. Très confortable pour viser le maintien, en attendant mieux. 

Lille dans un futur proche ? 

Lyon, Grenoble, Bordeaux-Bègles, Toulon, Toulouse, Clermont, Montpellier, les deux clubs franciliens (Stade Français et Racing) : voilà l’avenir du Top14 qui génère toujours plus d’argent et qui exclut de fait ceux qui ne peuvent suivre cette course à l’armement permanente.

La tendance devrait toutefois ralentir ces trois ou quatre prochaines années. Pourquoi ? Tout simplement parce que des villes comme Marseille, Nice, Nantes ou Strasbourg ne semblent pas en mesure de viser le Top14 dans l’immédiat. Seule Lille (qui joue les cadors en Fédérale 1) pourrait espérer y grimper à moyen terme. 

Toutes les villes du top 10 français possèdent un club qui évolue encore au niveau amateur. Alors qu’il n’y a pas de club à très gros potentiel en ProD2, Pau (80 000 habitants) et La Rochelle (75 000 habitants) restant des villes moyennes. De quoi permettre à quelques petits clubs bien gérés -ou aidés par un mécène- de tirer leur épingle du jeu.

Classement des villes du top14 par nombre d’habitants (+ Lyon, le promu)

1. Paris (2 250 000 habitants en 2011)
2. Lyon (491 500)
3. Toulouse (447 000)
4. Montpellier (265 000)
5. Bordeaux (240 000)
6. Toulon (164 000)
7. Grenoble (157 500)
8. Clermont-Ferrand (141 000)
9. Perpignan (118 000)
10. Colombes (85 000)*
11. Brive (48 000)
12. Bayonne (44 000)
13. Castres (42 000)
14. Biarritz (26 000)
15. Oyonnax (22 500)
*Colombes, la ville où le Racing-Métro dispute ses matches, est une ville des Hauts-de-Seine (92), le département le plus riche de France

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