Coupe du monde de rugby : face à la menace du typhon Hagibis, le match France-Angleterre passera-t-il entre les gouttes ?
La rencontre, prévue samedi 12 octobre, pourrait être délocalisée à 1 200 kilomètres de Yokohama. Deux autres options sont envisagées : le huis clos et même l'annulation pure et simple.
Dans les locaux de la Fédération française de rugby (FFR), "les télés sont en ce moment branchées sur les bulletins météo au Japon". Il faut dire que la rencontre entre la France et l'Angleterre, décisive pour la première place du groupe C de la Coupe du monde de rugby, est très fortement menacée et a peu de chance de se jouer comme prévu, samedi 12 octobre à Yokohoma, à une trentaine de kilomètres de Tokyo. Le problème vient du ciel : Hagibis, c'est son nom, pourrait être l'un des typhons les plus puissants de ces dernières décennies dans la région. L'agence météo japonaise, qui l'a classé en catégorie 5 (la plus élevée), a déjà enregistré des vents à plus de 170 km/h.
Vu sur la chaîne météo !! "On prévoit également des vagues pouvant avoisiner les 17 mètres dans la journée de samedi. Le cumul des pluies pourrait être dantesque avec 250 mm à 300 mm en 24 h de Osaka à Tokyo. Ce qui correspond à plus d'un mois et demi de pluies" #Hagibis
— Jérôme Val (@valjerome1) October 9, 2019
La Fédération internationale, World Rugby, en charge de l'organisation de la compétition, en dira plus lors d'une conférence de presse programmée jeudi 10 octobre, à midi (5 heures, heure française). En attendant, plusieurs cas de figure sont étudiés, à commencer par la délocalisation. Le Crunch pourrait en effet se jouer à Oita, soit à 1 200 kilomètres de la banlieue de Tokyo. Le huis clos est également une option envisagée, tout comme... l'annulation pure et simple de la rencontre.
Si c'était le cas, le règlement de la Coupe du monde prévoit un partage des points entre les deux équipes. "Si un match de poule ne peut commencer le jour de match prévu, ledit match ne sera pas reporté au lendemain et sera considéré annulé", peut-on lire. Dans ce cas, "le résultat du match sera déclaré nul et les équipes recevront chacune deux points de match et aucun score enregistré [0-0]. Pour lever tout doute, aucun point de bonus ne sera décerné."
Ce que dit le règlement
Le choc France-Angleterre n'est pas le seul match qui risque de faire les frais du typhon Hagibis. La rencontre entre le Japon et l'Ecosse pourrait lui être délocalisé à Sapporo, dimanche. Voire même annulé. Ce qui a une tout autre importance puisque ce duel du groupe A est décisif dans la course aux quarts de finale. Pour autant, malgré l'enjeu, chaque équipe se verrait là aussi accorder deux points dans le cadre d'un match nul et vierge.
La règle est la même si une rencontre en cours doit être arrêtée. "Si un match de poule est interrompu après le commencement et ne peut se finir le même jour, ledit match ne sera pas reprogrammé pour le lendemain et sera considéré abandonné", poursuit plus bas le règlement. Petite subtilité cependant : si l'interruption a lieu à la mi-temps ou pendant la seconde période, c'est le score de la rencontre au moment de l'arrêt qui est conservé.
En revanche, le règlement change à partir des quarts de finale, avec le début des matchs à élimination directe. "Si un match par élimination directe ne peut commencer le jour de match prévu, ledit match sera considéré reporté et reprogrammé pour être disputé dans les deux jours" suivants.
"Certains voulaient quitter le terrain"
Autant dire que les cravatés des instances dirigeantes du rugby s'arrachent les cheveux en ce moment. Deux semaines avant le début du tournoi, un autre typhon, Faxai, avait déjà perturbé l'arrivée des équipes. Les Australiens avaient dû revoir leur plan de vol, pendant que les Anglais poireautaient pendant six heures à l'aéroport. Et il y a quelques jours, c'est une autre rencontre du XV de France, contre les Etats-Unis cette fois, qui se trouvait dans l'œil du cyclone.
"Un typhon font, font" les aléas météo quand la fin de l'été pointe le bout de son nez au Japon. "Quand ça arrive, c'est simplement l'enfer !", raconte à franceinfo Nicolas Kraska, seul rugbyman français à jouer au pays du Soleil-Levant. "Il y a deux ans, un typhon nous est tombé dessus en plein match", raconte l'actuel trois-quarts centre de Shimizu (2e division). "On a interrompu la rencontre pendant une heure et demie. A la reprise, on ne voyait pas à deux mètres, c'était balle perdue sur balle perdue. Il y a eu plein de blessés. Certains voulaient quitter le terrain. Un cau-che-mar !"
En attendant, Eddie Jones, qui n'est ni devin, ni bookmaker, ni météorologue, est en train de gagner son pari. Avant d'embarquer à Londres, direction Tokyo, avec ses plans de jeu sous le bras, le sélectionneur anglais répétait à tout le monde qu'il n'y avait "aucun doute" sur le fait que les typhons allaient "perturber la Coupe du monde". Pourquoi était-il aussi sûr de son coup ? Parce qu'il a entraîné l'équipe nationale du Japon pendant trois ans... avant de prendre les commandes du XV de la Rose en 2015.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.