France-Afrique du Sud : les Bleues veulent "marquer les esprits" face aux Springboks avant la Coupe du monde
Le match des Françaises samedi contre l'Afrique du Sud samedi signe le coup d'envoi d'une saison qui aura comme apothéose le Mondial en Nouvelle-Zélande.
Elle est plus que jamais dans toutes les têtes. Reportée en raison de la pandémie de Covid-19, la Coupe du monde de rugby féminine aura bien lieu sur les terres néo-zélandaises en septembre 2022. La tournée d'automne que les Bleues débutent samedi 6 novembre (à 15h en direct sur France2 et france.tv) contre l'Afrique du Sud, avant une double confrontation contre les championnes du monde en titre, les Black Ferns (équivalent féminin des All Blacks), doit permettre "de poser une première évaluation", selon Thomas Darracq, responsable sportif des Bleues depuis juillet. "Quel que soit le résultat, même si on l’espère positif, ça posera les étapes d’une construction vers le Mondial".
En coulisses, la bascule vers la Coupe du monde est déjà entamée depuis plusieurs mois. Dans cette optique, le Landais, ancien responsable du pôle France féminin, est venu étoffer le staff autour de la sélectionneuse Annick Hayraud. Il a été rapidement rejoint par Vincent Peducasse, ancien analyste vidéo du Stade Montois et du SU Agen. Pendant que France 7 brillait à Tokyo, le groupe du XV a enchaîné les stages estivaux, intégrant à ses rassemblements des joueuses du pôle pour continuer à sonder l’ensemble du réservoir français. "Il y a un projet fédéral pour détecter les hauts potentiels et les faire grandir. On n'a pas la chance d'avoir beaucoup de catégories intermédiaires pour suivre les filles dans les équipes de France, donc ce suivi et ce mélange sont primordiaux", relate Thomas Darracq.
Mobiliser un vivier toujours plus large de joueuses
Face à l’Afrique du sud, elles seront d’ailleurs trois à vivre une première cape à XV : la pilier gauche, Coco Lindelauf (20 ans), et la paire de centres Chloé Jacquet (médaillée d'argent à Tokyo à 7) et Marie Dupouy (19 ans). L’équipe alignée d’entrée de jeu présentera un âge moyen de 23 ans pour 17 sélections. Un large turn-over face à une équipe abordable qui devrait permettre aux moins expérimentées de trouver leurs marques dans des conditions idéales. Même si le staff appelle à "rester vigilant" contre "une nation émergente sur laquelle on n'a pas beaucoup d'informations", ce choix est également "une façon de mettre en avant celles qui sont performantes aujourd'hui", souligne Thomas Darracq. Mais pas seulement. Intégrer un maximum de joueuses au projet est essentiel pour aller chercher des résultats.
Une équipe ne peut pas se résumer à un XV titulaire. La Coupe du monde c'est 30 joueuses, pas 15. Ça veut dire qu’il faut en voir plus de 30 pour faire une sélection. Et on n’est jamais à l'abri d'une blessure, il faut se prémunir de ça et des contre-performances.
Thomas Darracq, responsable sportif des Bleuesà franceinfo: sport
Après des saisons rognées par le coronavirus, l’équipe de France n’a pas de temps à perdre pour aller chercher un résultat historique pour le rugby tricolore dans quelques mois. "Un an ça passe extrêmement vite, atteste l’ouvreuse des Bleues et médaillée d’argent à 7 à Tokyo, Caroline Drouin. On n’a pas mille occasions de matcher, donc ces trois matchs-là vont être très importants. On a la chance de pouvoir se confronter à ce qui se fait de mieux, c'est une très bonne opportunité pour préparer le Mondial." Ce qui se fait de mieux, ce sont les Black Ferns, 2es mondiales, (avec l’Angleterre, 1re mondiale, que les Bleues retrouveront lors du Six nations).
Une médaille olympique comme détonateur ?
Une occasion parfaite pour se jauger face à une équipe revancharde. Les Françaises restent sur deux victoires, 25-16 lors des Super Series et 30-27 à Grenoble devant 17 000 personnes, alors qu’elles n’avaient auparavant jamais renversé les Néo-Zélandaises. "C'est une confrontation que le staff voulait absolument : se jauger contre les meilleures nations est crucial pour aller chercher l’objectif qu’est la Coupe du monde. On rencontre régulièrement les Anglaises, c'est indispensable pour nous dans notre progression de rencontrer les Blacks et je pense que c'était une volonté partagée."
On a l’ambition de faire deux gros matchs et de se positionner fortement sur l’échiquier mondial, de marquer les esprits. Ça fait partie d’un petit combat psychologique à distance qu’on mène avec les autres nations.
Thomas Darracqà franceinfo: sport
Dans cette quête de performance, le groupe France pourra également compter sur l’apport de l’ancienne capitaine des Bleues, Gaëlle Mignot, qui a vécu trois coupes du monde et est désormais coache au centre de formation de Montpellier. World Rugby a ouvert la possibilité d’un renfort supplémentaire d’une coach dans les staffs en vue du Mondial pour accompagner l’essor du rugby féminin. Un atout indéniable pour Caroline Drouin. "Elle a été joueuse, elle a vécu de grands moments avec ce maillot, elle sait ce dont on a besoin, ce qu'une joueuse attend de son staff. Dans les moments un peu plus tendus à l'approche des compétitions elle aura plus facilement les mots justes. C’est super enrichissant pour le groupe d’avoir son retour et ses conseils."
"C’est la dernière ligne droite, il y a forcément plus de stress, de pression, de fatigue, énumère Gaëlle Mignot. Les filles veulent être performantes en club, en même temps, elles savent que la liste va tomber tardivement, qu’il y aura forcément des déçues. C'est le genre de saison où on est tout le temps sur le qui-vive. Avec le staff, on travaille sur le moindre détail pour les mettre dans les meilleures dispositions pour aller chercher ce sacre", ajoute l’ancienne talonneuse internationale.
Une carte de plus dans la main du groupe France donc, dont le moral s’est emballé grâce à l’argent décroché lors des Jeux de Tokyo. "Ça montre que le groupe France progresse, que tout le rugby féminin français prend de l’ampleur", estime Gaëlle Mignot.
Et le XV pourra compter sur deux médaillées d’argent, Drouin et Jacquet, pour embarquer leurs coéquipières dans leur sillage. "Forcément on a pris énormément d'expérience et de confiance sur cette année Covid, en devant préparer une telle échéance dans ces conditions, emboîte Caroline Drouin. Ce goût de la victoire, ce vécu, on a envie de le transmettre pour vivre ce genre de moment avec le XV. Avec cette médaille olympique, on a enfoncé une porte, maintenant on sait que tout est possible." Même de rêver du premier sacre de l'histoire du rugby français.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.