France-Angleterre : Damian Penaud, symbole d’une équipe capable d’aller chercher le Grand Chelem
L’influence de l’ailier clermontois sur le jeu des Bleus, désormais aussi précieux en défense qu’en attaque, n’a fait que grandir lors du Tournoi des six nations.
On l'a vu filer entre les défenseurs, telle une anguille. Simple. On l'a vu plonger dans l'en-but pour concrétiser le travail des copains. Basique. Avec ses trois essais depuis le début du Tournoi, Damian Penaud, est le co-meilleur marqueur tricolore aux côtés de Gabin Villière. Covidé, l'ailier des Bleus, de retour pour affronter l'Angleterre (samedi à 21 heures), mettra à disposition du groupe toute sa science offensive.
Mais si le XV de France est en position de jouer cette finale pour un potentiel Grand Chelem en cas de victoire samedi 19 mars, c'est aussi grâce à l'imprégnation d'une nouvelle culture défensive concoctée par le maître anglais de la "rush défense" Shaun Edwards. À l'image de son équipe, l'ailier clermontois, leader de combat contre l'Italie, a élevé son curseur dans l'exercice. Dans ce système où une défense oppressante nourrit des contres fracassants, le joueur de 25 ans semble particulièrement épanoui.
Toujours étincelant en attaque
Concentrons-nous d'abord sur ce que nous connaissions. Avec les Bleus comme à l'ASM, Damian Penaud s'est rapidement illustré comme un finisseur hors pair : 16 essais en 32 sélections, 45 en 100 matchs avec Clermont, soit un essai tous les deux rencontres. Capable d'exploiter la moindre faille et de créer, par son jeu de jambes et ses appuis, des occasions qui lui profiteront à lui où à ses coéquipiers, le natif de Brive a été une nouvelle fois fidèle à sa réputation.
Outre ses trois réalisations, il est notamment directement impliqué sur le premier essai en sélection de Yoram Moefana en Ecosse après un festival de passes dans la défense. Mais aussi sur celui de Jonathan Danty, bénéficiaire d'un malin coup de pied par-dessus de l'ailier, pour enfoncer les Ecossais juste après le retour des vestiaires.
Si l'impression visuelle d'une flèche offensive vous a marqué, les chiffres sont tout aussi éloquents. Il est le Français qui franchit le plus avec Gabin Villière (5 franchissements) et celui qui bat le plus de défenseurs après son capitaine Antoine Dupont (10 pour Penaud, 11 pour Dupont), alors qu'il a joué un match de moins. Ces aspects sont essentiels pour désorganiser les défenses adverses et permettre aux Bleus de jouer dans l'avancée. Surtout, comme il l'a montré sur l'essai de Yoram Moefana, le Clermontois est capable de faire des passes dans la défense, des passes après-contacts qui permettent à l'attaque française de conserver sa vitesse tout en avançant.
Un nouveau leader de combat
Ce jeu de contre, tout en rapidité, est un système dans lequel Damian Penaud peut exprimer toutes ses qualités. Néanmoins, jusqu'à présent, il n'était pas vraiment le nom que l'on couchait à la fin d'un match pour louer l'abnégation défensive et les plaquages ravageurs. Pas qu'il ne défendait pas, simplement il ne tenait pas la comparaison avec nombreux de ses coéquipiers. Les louanges se dirigeaient plutôt vers des Grégory Alldritt, Anthony Jelonch ou encore des Gabin Villière qui s'illustraient particulièrement dans l'exercice.
Damian Penaud se rapprochait plus d'un joueur habitué à rattraper ses vis-à-vis par les chaussettes, à s'y accrocher bien fermement en attendant qu'un coéquipier ne vienne, en seconde lame, finir le travail. Propre sans particulièrement marquer la rétine. Mais l'engagement et la réussite montrés dans l'exercice depuis le premier match du Tournoi contre l'Italie sont d'un tout autre acabit. À l'image de l'équipe de France, le Clermontois a haussé son curseur en défense probablement bien aiguillé par Shaun Edwards, pour qui les victoires se gagnent d'abord en défense.
Depuis le début du Six nations, Damian Penaud, a réussi dix plaquages. Difficile à la lecture de ce simple chiffre, plutôt dans la moyenne pour des ailiers, de se rendre compte de son rendement. Pourtant, le Clermontois a réussi deux plaquages offensifs, de ceux qui font reculer l'adversaire, c'est plus que deux des meilleurs plaqueurs des Bleus que sont les troisièmes lignes Grégory Alldritt et Anthony Jelonch.
Si le chiffre n'est pas hallucinant en soit, il témoigne d'un engagement physique, peut-être aussi d'un meilleur placement, de choix plus efficaces qu'auparavant dans cette phase de jeu. Il vient surtout confirmer l'impression que laissent ses dernières prestations, d'un ailier tant engagé dans les phases de collisions que lorsqu'il faut sprinter à l'autre bout du terrain pour jouer un duel aérien sous une chandelle.
En tout cas, si dans le sillage de Damian Penaud le XV de France s'emploie aussi sérieusement offensivement que défensivement que son leader de combat, il aura toutes les clés pour tenter de décrocher le Grand Chelem qui lui échappe depuis douze ans. Et cela passera par une victoire, samedi, dans un Crunch qui s'annonce explosif.
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