France - Argentine: un avant-goût de Coupe du monde en forme de couperet
"Pour moi, l'équipe qui gagne (samedi) gagnera au Japon". Nicolas Sanchez, l'ouvreur argentin qui évoluera au Stade Français en janvier, a habilement fixé la portée de ce France-Argentine. "Tous les matches entre la France et nous sont des matches au mental. Et la tête, c'est important. L'équipe qui gagne ce week-end aura de fortes chances de gagner à la Coupe du monde. Ce n'est pas un match de préparation".
Et mentalement, l'équipe de France est plus proche du trou que des sommets. Cinq défaites lors des cinq dernières sorties (il est vrai contre les All Blacks à 3 reprises et contre l'Afrique du Sud), mais un bilan de seulement 2 succès (Italie et Angleterre) sur l'année 2018, c'est trop peu pour des Bleus. Et les Pumas sont devenus les rois pour profiter des errements de la France. Depuis 2000, ils ont battu 10 fois la France en 16 rencontres. Y compris en Coupe du monde.
Le souvenir de la Coupe du monde 2007
Souvenez-vous en 2007. C'est la Coupe du monde en France. Le match d'ouverture est entre les deux équipes. Face à une formation tricolore sous la pression de ses débuts dans cette compétition, les Argentins s'imposent (17-12). Un mois et demi après, les deux équipes se retrouvent avec la 3e place en jeu. L'élimination en demi-finale par l'Angleterre a déjà placé cette Coupe du monde au rang des déceptions du côté des Français. Les Sud-Américains en profitent pour enfoncer le clou de belle manière (34-10).
Le discours est rodé côté argentin. Le sélectionneur Mario Ledesma, l'ancien joueur de Clermont ou de Montpellier, met la pression: "On termine une saison de 11 mois, et eux, ils sont à la moitié du championnat, ils sont beaucoup plus frais que nous", dit-il au sujet des hommes de Jacques Brunel. "Il y a des choses qui seront difficiles à mesurer, du fait de ce décalage. Logiquement, si tu gagnes cette rencontre à cette époque de l'année, ça va donner de la confiance aux garçons et mettre du doute chez les Français. L'an prochain au Mondial, on sera dans les mêmes conditions. Et le meilleur gagnera."
Les Pumas déjà tournés vers la Coupe du monde, les Bleus pas encore
L'avant-goût de Coupe du monde st déjà là, pour l'Argentine qui a battu les Sud-Africains et les Australiens (chez eux) lors du Rugby Championship cet été. Mais à Marcoussis, l'épreuve planétaire semble bien éloignée. "Les joueurs cogitent et sont en difficulté, c'est évident", estime l'ancien international Olivier Magne. Les approximations continuent à s'enchaîner, comme la semaine dernière contre les Boks sur le premier essai sud-africain (ballon mal contrôlé par Vahaamahina), sur le dernier dans le temps additionnel avec ce pied en touche de Damian Penaud, ou encore cet essai "tout fait" raté par Teddy Thomas.
"On a mis beaucoup d'énergie pour les mettre à la faute et obtenir des pénalités, et on leur donne des points faciles", résumait Jacques Brunel la semaine passée. Un constat déjà énoncé maintes et maintes fois par ses prédécesseurs Philippe Saint-André ou Guy Novès. A moins d'un an de la Coupe du monde, le XV de France n'a rien réglé de ses maux anciens. Une nouvelle défaite l'entraînerait dans les abîmes du doute. Certains joueurs pourraient y abandonner leur avenir international.
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