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Le XV de France à bout de souffle

Le XV de France s'est lourdement incliné face à l'Argentine (41-13) samedi à Buenos Aires en conclusion de sa tournée d'été. Bien que dominée sur les fondamentaux, à cause d'indiscipline et d'un manque d'application collective, les Français ont résisté une mi-temps avant de se laisser déborder dans le rythme et dans l'intensité physique par des Pumas affamés. A bout de souffle après une longue saison, les joueurs tricolores n'ont pu que céder.
Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
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Vincent Clerc pris par le rideau de fer argentin (MAXI FAILLA / AFP)

Comment qualifier la prestation du XV de France devant des Argentins visiblement désireux d'en découdre ? De rencontre portée à bout de bras par le courage et l'abnégation des joueurs. Mais visiblement, malgré leur bonne volonté, ceux-ci n'avaient plus suffisamment de jus pour tenir la comparaison dans une opposition de haut niveau.
Les Français ont pourtant pris le match par le bon bout, en jouant au près, et en fixant l'adversaire mais ils étaient trop souvent pénalisés pour des fautes au sol.  Après l'ouverture du score de  Jérôme Porical sur pénalité, l'ouvreur argentin Felipe Contepomi remettait son  équipe en tête en réussissant deux pénalités, avant l'égalisation de Parra. Les Français s'égaraient un peu dans des actions isolées, et manquant de soutien ils se faisaient châtier. Alors qu'ils étaient encore dans la partie (12-6) celle-ci basculait juste avant la pause. Sur un ballon rapidement récupéré par les Pumas l'arrière Martin Rodriguez faisait la différence dans une ligne défensive prise en défaut, et servait le N.8 Fernandez Lobbe qui inscrivait le premier essai du match (19-6).

Contepomi en verve (31 points à lui seul !), tant au pied que dans l'animation offensive, allait  crucifier le XV de France dans la deuxième période. Derrière une mêlée ouverte à 40 m de la ligne française, l'ouvreur argentin prenait n intervalle entre les deux piliers français. Il échappe ensuite à trois plaquages pour aller marquer entre les poteaux, avant de  transformer. Le score se corsait (26-6, 49e) mais les Français, qui tentaient de mettre du mouvement, ne voulaient pas encore abdiquer. 
Ils s'appliquaient tant bien que mal, en dépit de leur maladresse, à garder le ballon et à le rendre propre même s'ils connaissaient bien des difficultés pour structurer leurs actions portées et à résister à l'impact argentin. Unze belle percée de Trinh-Duc, servant à hauteur Malzieu à dix  mètres de la ligne permettait enfin de faire la différence. L'ailier français n'avait  plus qu'à aplatir près des poteaux.  Parra transformait (26-13) et les Bleus voulaient encore y croire. Mais ce n'était plus physiquement possibe.

Particulièrement dominateurs en mêlées ouvertes, les Pumas gratté un nombre incalculable de ballons, pour en récupérer un maximum et mener des relances assassines. La défense française complètement dépassée concédait encore trois essais argentins, avec un nombre invraisemblable de plaquages manquées, ce qui illustrait aussi le manque d'implication d'une équipe dont les batteries étaietnt à plat.
A l'inverse, les Pumas ont profité de leurs retrouvailles avec leur victime  préférée pour retrouver de l'appétit après deux revers inquiétants contre  l'Ecosse. Comme un symbole, le capitaine argentin Felipe Contepomi, qui a retrouvé la  sélection lors de cette tournée après plus d'un an et demi d'absence pour cause  de blessures, n'a cessé de donner le tournis à la défense française, inscrivant  même le dernier essais en slalomant entre des joueurs tricolores plutôt statiques. C'était le coup de grâce pour des Français qui s'étaient battus avec vaillance et sans rien lâcher, mais auxquels il a manqué de la fraîcheur, de la capacité à avancer sur les percussions, à accélérer et à bonifier leurs temps forts. Dommage car la saison tricolore marquée par un Grand chelem méritait une autre fin. Mais visiblement, ils en avaient plein les chaussettes !  

Déclarations
Marc Lièvremont (entraîineur du XV de France):" C'est la désolation, un champ de ruines. Je ne sais pas comment on  peut tomber aussi bas en quelques semaines. On bat deux records de points en Afrique du Sud, puis ici en Argentine. J'imaginais une tournée compliquée, mais  pas de tomber aussi bas et d'être à ce point ridicules. Il n'y a pas  d'explication technique ou tactique, il n'y a pas eu d'engagement. C'était cauchemardesque. Je m'en veux aussi car j'ai certainement pêché dans la  mobilisation du groupe. C'est sûr qu'on va passer cinq mois difficiles d'ici  novembre. Il y a une part de doutes, mais il ne faut pas tirer de jugements trop hâtifs. Les joueurs qu'on encensait il y a quelques semaines, on ne  va pas les enfoncer aujourd'hui".

Thierry Dusautoir (capitaine du XV de  France): "Quand on prend deux fois 40 points lors de deux matches internationaux  d'affilée, il n'y a pas grand-chose à dire. On peut trouver 50 excuses, mais  aujourd'hui on est tombés contre plus forts que nous. On a été dominés dans tous les secteurs, la défense, la conquête. Après une telle raclée, c'est dur de  trouver des explications à chaud. C'est ridicule. Mais c'est notre niveau  aujourd'hui malheureusement. Pour une équipe qui a l'ambition d'être championne  du monde, ça va être difficile de se relever. Tout le monde va passer un sale été. Ça va être difficile de digérer cet échec. Je pense qu'on a vraiment atteint le fond. Après, il n'y a pas 36 solutions. Soit, on continue à sombrer  et on abandonne, soit on décide de réagir."

Santiago Phelan (sélectionneur de l'équipe d'Argentine): "Felipe (Contepomi) a fait un très bon match, comme l'ensemble de l'équipe. C'est important que l'équipe ait eu cette réaction. C'est la première fois que j'ai pu conserver la même ossature de douze joueurs."

Fabien Barcella (pilier du XV de France): "C'est un naufrage collectif. On en prend quarante en Argentine, il n'y a pas cinquante explications. On a été battus dans tous les secteurs de jeu, on a manqué d'agressivité, d'envie, surtout d'envie. Aujourd'hui, je ne suis pas sûr que l'équipe avait envie de gagner. On a le sentiment de ne pas être invité."

Louis Picamoles (3e ligne du XV de France): "Il n'y a pas grand chose de positif. C'est une défaite qui fait mal. Prendre quarante points, ce n'est jamais très agréable. On voulait se racheter par rapport à notre défaite en Afrique du Sud, mais on n'a pas mis grand-chose pour nous permettre d'envisager la victoire. C'est difficile, il va falloir tirer le bilan."

Julien Bonnaire (3e ligne du XV de France): "Ils avaient plus envie que nous, tout simplement. Le match ne débute pas trop mal, mais on fait des erreurs qui leur permettent de marquer. Il n'y avait pas forcément de surnombre, mais on manque des plaquages importants et ça leur permet de prendre le large. On ne peut s'en prendre qu'à nous-mêmes. On n'a avant tout pas été assez présent au niveau du combat. Dans la conquête, ça allait mais on a perdu la bataille des rucks. On savait qu'ils allaient faire un jeu simple, ils ont toujours joué comme ça, mais ils le font très bien et on n'a pas été à la hauteur."

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