Rugby : l'équipe de France a "des joueurs meilleurs que certains Blacks à certains postes" et "cela peut faire la différence", assure Guy Accoceberry
Samedi 20 novembre à 21 heures, les Bleus défieront les triples champions du monde néo-zélandais.
Guy Accoceberry, ancien international victorieux contre les All Blacks en 1994 lors d'un match légendaire, a affirmé samedi 20 novembre sur franceinfo que l'équipe de France de rugby a "des joueurs meilleurs que certains Blacks à certains postes" et "cela peut faire la différence". Après leurs victoires assez peu convaincantes face à l'Argentine et la Géorgie, les Bleus affrontent ce samedi à 21 heures les Néo-zélandais. Pour Guy Accoceberry l'exploit est possible. "Ce serait une belle victoire qui pourrait les mettre sur la bonne voie en vue de 2023", année de la Coupe du monde organisée en France.
franceinfo : Dans quel état d'esprit étiez-vous en 1994 avant d'affronter les All Blacks ?
Guy Accoceberry : À l'époque ou maintenant, pour tout joueur du rugby, affronter les Blacks, c'est le Graal. C'est affronter ce qui se fait de mieux au monde. On affronte les meilleurs joueurs, le meilleur collectif. C'est un moment assez privilégié à la fois, un moment avant lequel on a beaucoup de craintes parce qu'on a toujours la crainte d'en prendre 30 ou 40, si ce n'est plus. Mais le fait de jouer les meilleurs joueurs, cela permet de pouvoir déjà se jauger, et puis derrière, avoir la possibilité de les battre. Un match reste un match. Si on bat les Blacks, comme cela n'arrive pas souvent, mettre cela sur son CV, c'est une performance. C'est une préparation particulière où il faut beaucoup de concentration. Et puis après, bien sûr, donner le maximum, mais ne pas y aller la fleur au fusil en se disant qu’on va essayer de faire des choses. Il faut vraiment avoir établi son plan, ce qui était le cas à l'époque avec Pierre Berbizier. On savait comment les prendre.
La dernière victoire remonte au 13 juin 2009. Qu'est-ce qu'il manque aux Bleus pour prendre le dessus ?
C'est une histoire de cycles et de générations. En 2003, il y a eu la quatrième place en Coupe du monde. Après, cela a été assez compliqué. Cela a été des hauts et des bas. Depuis 2011, cette finale de Coupe du monde en Nouvelle-Zélande, que l'on perd d'un point ou que l'on doit gagner. On va dire que le contexte fait qu'on perd ce match, mais rugbystiquement, ce jour-là, on est meilleurs qu'eux. Après, l'équipe de France a eu des hauts et des bas, on en a pris 50 en quarts de finale de Coupe du monde en 2015.
Sur les 23 Français sur la feuille de match, ils sont six à s'être mesurés aux All Blacks sans jamais avoir gagné. L'exploit est quand même possible ?
Elle peut y arriver parce que sur les dix années, pratiquement sur tous les postes, les Blacks étaient meilleurs que nous. Là, maintenant, on a vraiment une génération avec des joueurs de qualité à des postes importants, Antoine Dupont, Matthieu Jalibert, Romain Ntamack, Damian Penaud. Devant c'est solide, c'est guerrier. Les Blacks n'aiment pas affronter des équipes avec des packs plus solides qu'eux. C'est le cas actuellement pour l'équipe de France.
"On a actuellement dans cette génération des joueurs meilleurs que certains Blacks à certains postes."
Guy Accoceberry, ancien international de rugbyà franceinfo
Donc c'est ça qui peut faire la différence et peut-être amener une victoire. Après, bien sûr, il n'y a pas que les individualités, il faut que le collectif soit prêt.
Cette équipe de France en construction peut-elle se transcender ?
Oui, bien sûr. Quand affronte les Blacks, on a toujours peur de perdre et de bien perdre, donc automatiquement, on s'appuie plus sur le collectif que sur les individualités. Après, il faut trouver le bon équilibre entre les deux. Je pense que l'équipe de France est en train de le trouver, mais ne l'a pas encore complètement trouvé. On l'a vu dans les deux derniers matchs, il y a encore des choses à améliorer. Il faut tenir 80 minutes. Il faut être meilleur sur le plan offensif. Tout cela, il va falloir que ce soir, cela soit au top pour pouvoir l'emporter. Mais surtout, cela va permettre de voir où on en est par rapport aux Blacks. Si on gagne, bien sûr, ça sera une étape de franchie parce que cette équipe a besoin de gagner des titres, a besoin de belles victoires. Ce serait une belle victoire qui pourrait les mettre sur la bonne voie en vue de 2023.
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