XV de France - Brunel n'est pas "inquiet"
Vous disiez samedi ne pas ressentir de colère. Est-ce toujours le cas?
Jacques Brunel : "La colère, la colère... Non c'est de la déception car il semblait que quelque chose se soit construit sur les trois premières semaines. Je ne peux pas et ne veux pas l'évacuer parce qu'il s'est passé ça hier, où on n'a pas été capable de mettre l'exigence mise sur les deux premiers matches. Alors qu'on était prévenus. Peut-être suis-je responsable: avoir trop mis en garde contre les Fidjiens leur a peut-être donné plus d'importance qu'il aurait fallu. Mais je veux plutôt regarder le verre à moitié plein: on s'est loupé contre les Fidji mais avant il y a quand même eu quelque chose. J'ai vu une équipe qui s'est construite, avec des repères commençant à prendre forme, qui a su utiliser des stratégies différentes contre l'Afrique du Sud et l'Argentine. Tout ça ne peut voler en éclats en trois jours. Le résultat des Fidji remettrait en cause tout le reste? Moi, je ne veux pas l'oublier."
Quel discours avez-vous adressé aux joueurs avant de vous séparer?
J.B : "Ca a été de leur dire qu'on avait gâché nous-mêmes la fête. Parce qu'on a perdu 23 ballons, qu'on a manqué 13% de plaquages alors qu'on était à 5% lors des deux premiers matches. Parce qu'on a concédé 12 pénalités contre 5 le match d'avant. On n'a pas eu l'exigence de répéter nos deux précédentes performances."
Cela vous amène-t-il à avoir une réflexion différente sur votre méthode de management en vue du Tournoi des six nations? Allez-vous être plus dur avec les joueurs?
J.B : "La dureté ne veut rien dire quand on est en équipe nationale, parce qu'on n'a pas les mecs pendant deux mois. La capacité à interférer sur leurs performances est réduite. Après les avoir sélectionnés, on va être dur avec eux ? Ca veut dire quoi ça... Non, ce qui m'intéresse c'est l'exigence qu'ils vont mettre en club d'ici le Tournoi. Ce qu'ils vont donner en plus aux plans physique, technique et mental pour être plus forts quand ils reviendront. Ce qu'on a construit peut-il durer? Aller plus loin? Est-ce fragile? Tout le monde a-t-il la même ambition? La même envie d'aller plus loin? On va le voir à travers les semaines qui arrivent, dans les clubs. Il y aura certainement plus de concurrence pendant le Tournoi, car des joueurs blessés vont revenir, comme (Brice) Dulin, (Yacouba) Camara et quelques autres. Même si globalement un groupe est en train de se dessiner."
Comment pouvez-vous mesurer à distance l'envie des joueurs de donner plus?
J.B : "L'envie d'aller plus loin se détermine par le choix de faire du travail en plus après l'entraînement, une attention portée à la nutrition, aux soins. Ca on peut le savoir."
Doutez-vous de l'envie de certains?
J.B : "C'est plus que je veux être sûr que tout le monde est exigeant avec lui-même. On va voir, surtout après une déception comme ça. Soit on se morfond, soit on repart avec l'envie de faire plus. C'est la seule solution."
Vous parlez de contenu intéressant, mais il y a urgence de résultats avec seulement trois victoires en onze matches....
J.B: "Bien sûr qu'il faut ces victoires, que j'aurais préféré qu'on mette nos quatre occasions contre l'Afrique du Sud, que l'arbitre ne nous vole pas le match à la dernière minute. On aurait gagné et les choses auraient été différentes. Mais c'est comme ça. Et j'ai plutôt tendance à voir le verre à moitié plein, à être optimiste. Voilà pourquoi je m'attache au contenu."
Votre travail sera-t-il avant tout psychologique avant le Tournoi?
J.B: "Je ne crois pas que le groupe ait perdu confiance. Je maintiens qu'il ne faut pas perdre de vue les deux premières prestations. Si on avait perdu trois fois, ou fait des matches de piètres qualité, ou gagné de façon un peu heureuse, là je pourrais me dire: +On n'avance pas, on ne peut pas s'en sortir+. Là je serais inquiet. Mais ce n'est pas le cas."
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