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XV de France: Gourdon, Ollivon, Vahaamahina, symboles de la génération Novès

A l'issue du dernier match de la tournée d'automne de l'équipe de France, Guy Novès et l'encadrement de l'équipe peuvent se réjouir d'avoir vu plusieurs joueurs émerger. Parmi eux, Charles Ollivon et et Kevin Gourdon, les deux joueurs de la 3e ligne, mais aussi Sébastien Vahaamahina, titulaire en 2e ligne lors face aux Australiens et aux Néo-Zélandais.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
 

"Certains joueurs ont franchi des caps. Certains se sont révélés." Yannick Bru, l'adjoint de Guy Novès, n'avait pas la mine des grands soirs après la défaite de l'équipe de France face à la Nouvelle-Zélande (24-19). Il demeurait néanmoins partagé. Car durant ces trois matches, outre le jeu de plus en plus abouti des Bleus, des hommes se sont illustrés. Pêle-mêle, on peut citer Virimi Vakatawa et Noa Nakaitaci, l'association Rémi Lamerat-Wesley Fofana, mais aussi le tonus de Camille Chat, le leadership de Guilhem Guirado, Uini Atonio toujours utile avec sa puissance mais beaucoup plus présent dans le jeu, François Trinh-Duc et Camille Lopez à l'aise pour faire jouer derrière eux... Au-delà des deux défaites, au-delà des points positifs, trois hommes sont un peu plus sortis du lot, parce que nouveaux à ce niveau-là. Ils symbolisent le renouveau de l'équipe de France, tant sur le plan des résultats que du jeu.

Face aux All Blacks, l'équipe de France a gagné 529m, contre 400 aux adversaires, pour 131 courses contre 90. En possession, cela fait du 50-50. Pour les pénalités, 7 ont été concédées par les Bleus contre 13 aux joueurs du Pacifique. En revanche, avec trois essais à 1 dont 2 sans passe, les Néo-Zélandais ont été plus réalistes. Et que dire des 19 pertes de balles tricolores, contre 5 aux Néo-Zélandais.

Kevin Gourdon

Depuis la tournée en Argentine, date de sa première sélection, il n'a pas raté un match. Mieux encore, à 26 ans, il a enchaîné cinq rencontres en tant que titulaire. Troisième ligne centre de formation, il a souvent joué sur le côté de la 3e ligne. Le Rochelais a mis sa puissance mais surtout sa capacité à être tout le temps au soutien, au service des Bleus. Pour son premier match contre les All Blacks, il a gagné la bagatelle de 50m ballon en main en 9 courses, soit le plus gros gain du pack, et seulement 4m de moins que l'ouvreur Camille Lopez.

En défense, il a atteint les 10 plaquages, un de moins que son compère Ollivon et que Lopez, les plus actifs dans ce secteur parmi les Bleus. Contre les Wallabies, une semaine avant, il avait été le plus gros plaqueur de la France, avec 17 plaquages. "Je suis très content d'avoir vécu cette tournée avec les copains, et d'avoir découvert ce niveau international", disait-il avec humilité à la sortie du match. "On a beau nous en parler, il faut le vivre pour se rendre compte de la dimension du très haut niveau". Face à deux des meilleures équipes du monde, face à deux des meilleures 3e ligne de la planète, Kevin Gourdon s'est hissé au niveau. Et il s'est sans doute installé durablement dans le XV de France.

Charles Ollivon

8 plaquages contre les Samoa où il était entré en jeu (35m gagné ballon en main et son premier essai international inscrit), 15 contre l'Australie (pour 15m gagnés), 11 face aux All Blacks (pour 31m gagnés). En trois matches, Charles Ollivon a montré toute son importance dans le projet de jeu tricolore. Deux ans après ses deux premières sélections, le 3e ligne formé à l'Aviron Bayonnais a pris une nouvelle envergure. Très à son aise depuis le début de la saison avec son club du RCT, que ce soit en N.8 ou en position de 3e ligne aile, il fait également partie de ces joueurs qui ont franchi un cap cet automne.

Vidéo: Le premier essai d'Ollivon en équipe de France

VIDEO. Le 3e essai est signé Ollivon, après une longue action

Et il y a pris goût. Installé sur une chaise pour soulager sa jambe meurtrie par le match contre la Nouvelle-Zélande, il a avoué qu'il y a de la "fierté et de la déception. C'est 50/50." Revenu en équipe de France, il ne s'attendait pas à "être aussi rapidement" intégré à ce collectif. "Je prends du plaisir dans ce qu'on fait. Mais il n'y a pas de sentiment d'aboutissement." Bien sûr, il n'avait "jamais joué un match de ce niveau", mais cette défaite demeure "rageante". "On s'était promis de ne pas s'échapper dans ce match. Des paroles très fortes ont été prononcées dans le vestiaire. On ne peut rien dire sur l'engagement, la volonté..." Et désormais, le cap est fixé: travailler, travailler pour revenir parmi les Bleus.

Sébastien Vahamahina

Un géant de 2.03m et de 127kg, cela interpelle. Depuis son premier appel en équipe de France alors qu'il n'avait que 21 ans, Sébastien Vahaamahina avait pris l'habitude de faire des allers et retours. Parfois tancé par le sélectionneur Philippe Saint-André pour son manque de rigueur en match, il avait vu la Coupe du monde s'envoler alors qu'il avait fait la préparation. Rappelé par Guy Novès lors du Tournoi des 6 Nations face à l'Ecosse, absent de la tournée en Argentine pour cause de présence en demi-finale du Top 14, le Clermontois est revenu sur la tournée d'automne. En tant que remplaçant face aux Samoa. Puis comme titulaire.

Contre l'Australie, il avait joué 64 minutes. Face aux Néo-Zélandais, c'est l'intégralité de la rencontre, notamment dûe à la blessure de Maestri. Avec des charges perforantes, sans perte de ballon, ce qui pouvait parfois être son pêcher. Sur le plan statistique, sur 7 charges, il a gagné 27m, et en défense, il a plaqué à 8 reprises, après avoir plaqué à 11 reprises les Wallabies (mais deux ratés). Lui, l'habituel taiseux, qui cache souvent ses pensées derrière un visage impassible, a fendillé l'armure. "On les a accrochés, c'est le point positif", retenait-il du face-à-face avec les doubles champions du monde. Sa performance ? Il ne sait pas. En revanche, sur l'état d'esprit, le deuxième ligne de 25 ans assène: "Par rapport au match contre l'Australie, dans les zones de rucks, on a élevé notre niveau. Il faut garder l'état d'esprit de ce dernier match, car c'est l'un des meilleurs de l'année dans l'engagement, le jeu." Aux côtés de l'inamovible Yoann Maestri, Sébastien Vahaamahina a marqué des points, après sa 21e sélection. Sans doute pas la dernière.

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