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XV de France : La peur de la gagne

Samedi soir, le XV de France a affiché un contraste saisissant au Stade de France : d'un côté, une équipe en mesure de rivaliser avec une nation du Sud ; de l'autre, des joueurs avec un criant manque de maîtrise dans les moments fatidiques, amenant l'échec final. Inquiétant avant un nouveau test grandeur nature pour préparer la Coupe du Monde.
Article rédigé par Maxime Gil
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
 

Le Stade de France est resté stoïque. Abasourdi par un tel dénouement. La Marseillaise, entonnée à vingt secondes de la fin du match – la victoire était alors en poche (26-22) – sonnait comme le chant de la libération après quatre défaites consécutives. Mais voilà, les quelques fidèles qui restent encore fidèles au XV de France ont déchanté deux minutes plus tard (26-29). Impensable alors que Jacques Brunel tenait enfin son match référence à la tête des Bleus. Le sélectionneur à la moustache devait relancer une nation en perdition : sa mission sauvetage est pour l’heure un échec.

L’ancien manager de Perpignan et de Bordeaux-Bègles est sur les mêmes (tristes) temps de passages que son prédécesseur sur le banc tricolore à pareille époque l’année dernière : 5 défaites de rang, quand Guy Novès en accumulait 4 (au bénéfice d’une victoire  à l’arrachée après un match interminable contre le Pays de Galles lors du dernier match du Tournoi des 6 Nations 2017).

Des ratios de victoires inquiétants

2 victoires en 9 matches dirigés, le bilan est maigre pour Brunel. On pourra nous parler de la défaite après la sirène sur un drop venu de nulle part de Jonathan Sexton en ouverture du dernier Tournoi (13-15), de la rencontre perdue de peu au Pays de Galles (14-13) ou encore de ce test-match rageant de samedi soir. Après les 127 points encaissés en Nouvelle-Zélande cet été, la « défaite encourageante » a donc fait son retour. Car oui les Bleus avaient mis tous les ingrédients pour vaincre une nation dont ils ne sont plus venus à bout depuis 2009. Problème mental ? Possible. Terrible image que celle de Guilhem Guirado se prenant la tête à deux mains après l’essai crucificateur de Bongi Mbonambi (80e+5).

Mais comment inculquer la culture de la gagne dans une équipe dont le sélectionneur affiche un piètre ratio de 22% de victoires – il a été de 45% lors de son passage à l’UBB – et dont celui de Guirado est de 35% depuis qu’il est capitaine (sur 23 matches avec le brassard) ? Le XV de France est en manque de confiance, c’est une certitude. Et l’aide d’un préparateur mental, en la personne de Denis Troch, ne change, pour l’instant, en rien le fil des événements.

Pour retrouver de l’allant, faut-il changer les hommes ? Pas sûr. Le leadership n’est pas confié par le sélectionneur mais s’exprime spontanément et les chiffres du match des Tricolores contre les Boks n’ont rien d’alarmant. Possession (55%), domination territoriale (58%), défense en place (91% de plaquages réussis)… La France avait mis tous les ingrédients pour enfin accrocher une nation du Sud à son tableau de chasse, la première depuis 2016 et une victoire en Argentine (0-27). Mais rien n’y a fait. Le manque de maîtrise en fin de match, avec trois pénalités concédées consécutivement (sur 10) et le recul de 80m a été fatal. La peur de la gagne.

Quel écart avec l'Argentine ?

Justement, les Pumas sont le prochain défi du XV de France, qui ne les a plus affrontés depuis son succès à Tucuman. L’enjeu sera double au Pierre-Mauroy de Lille, bien qu’un seul semble prioritaire : celui de briser une série de défaites qui pourrait devenir aussi historique, pour un sélectionneur dans l’ère professionnelle, que celle établie… en 2017 sous les ordres de l’ancien boss du Stade Toulouasin : 6 défaites consécutives (auxquelles le match nul calamiteux contre le Japon peut être ajouté).Retrouver un peu de confiance apparaît comme une évidence, avant de défier les Fidji dans une ambiance qui s’annonce déjà morose (moins de 30 000 billets vendus au Stade de France à l’heure actuelle).

L’autre enseignement qui sera tiré de la rencontre – peut-être celui que personne ne veut voir – c’est le niveau qui va séparer Français et Argentins, à moins d’un an d’une Coupe du monde qu’ils disputeront côte à côte dans la poule C (avec l’Angleterre, les Etats-Unis et les Tonga). Quel écart entre une équipe en difficultés dans sa compétition continentale et les hommes de Mario Ledesma qui se sont offerts l'Afrique du Sud (32-19) et l'Australie (19-23) lors du dernier Rugby Championship ? Mais cela apparaît véritablement comme secondaire tant l’objectif sera ailleurs. Quitte à gagner moche. Mais gagner, enfin, huit mois après.

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