Saison terminée, licences remboursées, Coupe de France tronquée... Quatre questions sur les inquiétudes du football amateur
• Quels sont les scénarios à l'étude pour conclure la saison 2020-2021 ?
Comme la fin de saison dernière, amputée d'une partie de son calendrier à la suite du premier confinement au printemps, la conclusion de l'exercice 2020-2021 va devoir composer avec la crise sanitaire. Rien de vraiment neuf. Pour le moment, aucune date de reprise des compétitions n'a été annoncée. Néanmoins la Fédération française de football et les ligues régionales planchent sur quatre scénarios envisageables pour les clubs amateurs :
1 - Une fin de championnat "classique". Solution encore possible en cas de retour anticipé sur les terrains dans les prochains jours, avec la tenue de tous les matchs aller et retour. De loin l'option la plus illusoire.
2 - Boucler la phase aller puis organiser des "playoffs" (poules d'accession et de maintien). Solution envisageable si le couvre-feu et les protocoles sanitaires restent inchangés durant les prochaines semaines. L'intérêt serait de gagner du temps dans la course contre l'épidémie en regroupant plusieurs rencontres sur une même session. La date limite du 30 juin pour que ce deuxième scénario voit le jour serait la seule contrainte.
3- Figer les classements. Solution imaginable si la reprise est plus tardive et qu'il est uniquement possible de terminer les matchs aller. Les classements pourraient être arrêtés et les montées et descentes des clubs effectuées selon l'issue de cette phase aller.
4 - Une saison blanche. Cette dernière hypothèse - la plus redoutée - serait applicable si les équipes sont dans l'impossibilité de revenir sur le pré. Les instances considèreraient alors qu'elles n'ont pas pu jouer suffisamment de matchs et prendraient acte de la nullité de cet exercice 2020-2021 au niveau des classements.
Pour Pascal Parent, président de la ligue de football Auvergne Rhône-Alpes, le deuxième scénario tiendrait la corde, même s'il n'est pas décisionnaire. "La reprise de la Coupe de France est un bon signal qui montre que quand on responsabilise les gens et qu'on rédige des protocoles stricts, les clubs sont capables de les appliquer. Si l'État constate qu'il a en face de lui des clubs attentifs et respectueux, on peut espérer reprendre suffisamment tôt pour au moins finir la phase aller et organiser des barrages."
• Faudra-t-il rembourser les licences ?
L'épineuse question est d'ores et déjà sur la table pour les clubs amateurs. Comment ceux-ci devront-ils réagir face à leurs licenciés si l'option de la saison blanche est retenue ? Faudra-t-il rembourser intégralement ou au prorata des matches disputés les adhérents qui en font la demande ? "Certains commencent à en parler", confesse Jérôme Paicheler, dirigeant du FC Seichamps (Meurthe-et-Moselle).
L'été dernier, la FFF, les ligues et les districts avaient décidé, en coordination avec le fonds national de solidarité abondé par l'État, d'offrir un crédit de dix euros par licence pour les clubs. Un coup de pouce qui pourrait être renouvelé la saison prochaine et qui viendrait compléter le dispositif du "pass sport" destiné à favoriser les reprises de licences des jeunes à la rentrée.
"L'État nous a dit qu'il allait aider les associations non-employeuses - sachant que les employés peuvent encore bénéficier du chômage partiel - et c'est très bien", ajoute Pascal Parent. "S'il faut mettre en place une cellule pour aider les clubs à remplir les dossiers afin de bénéficier de ces aides, on le fera. Mais je ne voudrais pas qu'on réduise cette question financière à 'la ligue n'a qu'à rembourser les licences', tempère-t-il. "Parce qu'on l'a déjà fait partiellement et que le prix de la licence achetée à la ligue n'a rien à voir avec le prix de la cotisation demandée par le club à ses licenciés."
• Les protocoles sanitaires vont-ils évoluer ?
Depuis le 28 novembre pour les moins de 18 ans et le 15 décembre pour les équipes seniors, les entraînements peuvent se poursuivre mais sans contact. Une éternité pour un sport collectif qui, à l'instar du rugby par exemple, vit du duel et de la confrontation à l'autre. Difficile dès lors pour les coachs d'insuffler de la motivation à leurs joueurs / joueuses. D'autant qu'à cela s'ajoute un protocole sanitaire assez complexe à mettre en oeuvre.
"Nous n'avons pas maintenu les entraînements pour nos 70 seniors hommes", regrette Jérôme Paicheler. "Il y a plusieurs raisons. Déjà, nous n'avons pas de terrain synthétique et il y a eu de grosses intempéries. Ensuite, on nous a demandé une organisation trop compliquée : je ne peux faire que des groupes de six dont le coach, il doit y avoir deux mètres de distance entre chaque joueur ce qui fait quand même 10 à 12 groupes sur le terrain. Et tu ajoutes à cela l'impossibilité d'accéder aux vestiaires ou de prendre une douche." Sans compter le couvre-feu à 18 heures, en place depuis le 2 janvier dans la majeure partie de la région du Grand Est.
L'incertitude domine donc, et seule une évolution plus positive liée à la diminution des cas de Covid-19 serait en mesure d'alléger ces mesures.
• Coupe de France : les pros et semi-pros favorisés par rapport aux amateurs ?
L'annonce de la reprise de la Coupe de France début janvier a été perçue comme les prémices d'un retour à la normale pour les clubs amateurs encore engagés dans la compétition. Mais la préparation compliquée des rencontres et les huit forfaits déclarés sur le territoire national ont un peu écorné son image "magique". Au point qu'une question soit ouvertement soulevée par le monde amateur : la Fédération favorise-t-elle les professionnels ?
Dans la balance, des situations différenciées selon les adversaires et des protocoles sanitaires très stricts. "Des clubs voisins qui étaient encore engagés ont eu 10 jours pour se préparer avant leur match du 6e tour", raconte Jérôme Paicheler. "Ils jouaient contre des équipes qui évoluaient en Régional ou en National, donc à un niveau semi-professionnel. Préparer un match à haute intensité comme celui-là sans avoir pu faire le travail adéquat, c'est un coup à remplir l'infirmerie. En plus, il fallait faire venir un médecin le jour du match pour vérifier les tests antigéniques, faire des tests PCR 48 à 72h avant la rencontre... Comment est-ce possible quand tu es un petit club ? Les instances ont bien fait d'insister pour une reprise de la Coupe de France mais qu'on ne vienne pas nous dire que c'était pour le foot amateur, c'était surtout pour les pros."
Des évolutions plus positives semblent toutefois se préciser pour les clubs amateurs encore en lice pour le 7e tour de la compétition. Leurs joueurs devraient bientôt - sous réserve de l'autorisation des préfectures - pouvoir s'affranchir de l'horaire du couvre-feu et s'entraîner en étant considérés au même titre que leurs homologues professionnels.
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